XVII

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Le week-end se termine et je n'ai pas envie de m'endormir car je sais que demain matin, je vais devoir dire au revoir à mes parents. Mon père va retourner vers des transports routiers internationaux, et ma mère va repartir pour une mission d'au moins 5 mois. Je ne verrais presque plus le premier, et plus du tout la deuxième. Seul quelques appels vidéo me permettront de continuer à discuter avec elle, dix semaines par an ensemble, c'est bien trop peu.

Mais la fatigue l'emportant toujours sur la tristesse, je m'endors les larmes aux yeux. Le lendemain, je me réveille très tôt pour ne pas les rater. Je les retrouve dans la cuisine. Ils sont déjà prêt à partir, ma mère porte son uniforme. Ils finissent de petit-déjeuner.

Je jette un coup d'oeil dans l'entrée, constatant que leurs sacs sont prêts. Ils vont me manquer.

Je viens m'installer en face d'eux. Je n'ose pas parler, car je ne sais pas quoi dire. Je ne veux pas les rendre triste, mais je veux rester avec jusqu'au bout. Profiter de chaque seconde. C'est d'ailleurs ce que je fais. Même si ça reste un repas assez silencieux, on est ensemble. Triste, mais ensemble.

Le coeur serré, je les regarde partir chacun leur tour dans leur voiture respective. Une fois qu'ils sont hors de vue, je retourne dans la maison, une larme glissant sur ma joue. Mikoa me regarde avec compassion, sans dire un mot.

De retour dans ma chambre, je me rallonge car je ne me sens pas prête pour le reste de la journée. De plus, il me reste encore quelques heures avant de prendre le train. Le soleil vient à peine de se lever.

Quand je me relève, le soleil est bien plus haut dans le ciel. Il est presque dix heures. Contrairement à mon premier réveil, je me sens bien plus détachée de mes émotions. Je me sens vide.

Je prends le temps de me préparer, de boire un thé glacé, et de finir ma valise avec mes dernières affaires. On est prête à partir. Dans l'entrebaillement de la porte de ma chambre, je me retourne pour regarder celle-ci. Même si en apparence, ce n'est pas flagrant. Je sais que mon armoire, et mes divers rangements sont vides. Après un dernier regard, je descends les escaliers, assez lentement, pour observer cette maison nouvellement inhabitée.

Je sais que je devrais être triste, mais je suis trop fatiguée émotionnellement pour ressentir la moindre émotion. Je ferme la porte de la maison, réalisant que je n'aurais plus à rester dans cette grande maison qui me fait toujours ressentir de la solitude. Me rappelant perpétuellement que mes parents ne sont pas là. J'aime cette maison, j'y ai vécu toute ma vie, mais c'était une vie solitaire. Elle était rarement vivante, et elle le sera encore moins maintenant. Mais ça ne fera plus souffrir personne.

Néanmoins, c'est avec reconnaissance que je quitte l'allée pour rejoindre la route afin de prendre le bus jusqu'à la gare.

En sortant du train, je suis surprise de voir James dans la gare. Dans un premier temps, je pense qu'il n'est pas là pour moi. Mais quand nos regards se croisent et qu'il se met à sourire, je comprends que j'ai tort.

- Je pensais que ça te ferait du bien de ne pas rester seule aujourd'hui, explique Mikoa.

- C'est gentil, mais je ne voudrais que ça le dérange.

- Crois-moi, je pense que ça lui fait plaisir.

- Bonjour, dit-il enjoué.

- Bonjour, réponds-je beaucoup plus gênée.

Il me propose de prendre ma valise. Je songe d'abord à refuser, puis j'accepte finalement car j'ai le sentiment qu'il veut bien faire. Une part de moi a également envie de profiter de sa générosité.

Je le suis jusqu'à une belle voiture de sport grise. Je commence à me dire qu'il possède vraiment beaucoup d'argent. Devant ma surprise, il dit :

- Les actionnaires croient autant que moi dans ce projet, alors j'ai les moyens de me faire plaisir.

MIKO.A Où les histoires vivent. Découvrez maintenant