XLVI

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En me levant, mon cœur se serre à l'idée de tout le temps qui s'est écoulé dans le monde de la lumière. J'aurais voulu vivre ses premiers jours avec elle. Mais on avait besoin de dormir, et je sais que garder le casque trop longtemps est loin d'être agréable. Donc, par solidarité, je suis restée dans la réalité.

Néanmoins, je me réveille à l'aurore, bousculant mon petit-ami. Je sais que lui aussi a hâte d'y retourner. On va pouvoir y passer un moment, maintenant que nos corps sont reposés.

J'attends avec impatience qu'il ouvre les yeux. Mais les secondes me semblent durer une éternité.

Je vais aller nous préparer du chocolat chaud.

Il voudra certainement prendre un petit-déjeuner avant de changer de réalité. Contrairement à moi, il ne saute jamais de repas. Mais cela n'a rien d'étonnant, c'est plus sain, et on n'a pas vraiment la même carrure. Il est plus grand et plus musclé.

Je sors aussi des gâteaux. Je n'ai pas envie de faire trop d'effort.

Ne le voyant toujours pas me rejoindre, je retourne dans la chambre où il n'a pas bougé d'un cheveu. Je ne m'étais jamais doutée qu'il avait un sommeil aussi lourd. Mais quand j'y pense, il dort plus qu'avant. De moins, j'en ai l'impression car avant je ne me réveillais jamais avant lui.

Je le secoue à nouveau, en vain.

Allez, réveille-toi...

Il réagit.

Sans m'en rendre compte, j'ai pensé ces mots avec force, les projetant vers lui. Si cela fonctionne, je devrais réessayer.

Je le supplie de se réveiller à de nombreuses reprises, jusqu'à l'entendre grommeler. En le voyant, je me revois toutes les fois où j'ai agi de la même façon. J'y suis presque.

Avant que j'ai le temps de reprendre, il se met à parler.

– Tu n'as pas besoin de me supplier. D'ailleurs c'est bien moins réjouissant que ce que j'aurais cru.

Je m'attends à un sourire malicieux, mais non, il est on ne peut plus sérieux.

– Exc...

Il soupire après s'être interrompu volontairement.

– Il est si tard que ça ?

– Non, mais je suis pressée, avoué-je avec franchise.

Il ricane.

– Très bien, j'arrive.

Je le laisse se lever tranquillement en le prévenant tout de même que je vais certainement devoir réchauffer nos boissons. Ce qui est en effet le cas. Je repasse nos tasses dans le micro-ondes, tout en songeant aux minutes qui défilent.

Si on ne perds pas trop de temps, il ne devrait pas s'être écoulé beaucoup plus d'une semaine dans le monde de la lumière. Mais il peut se passer tellement de chose en sept jours.

Je repose les chocolats chauds sur le comptoir quand il apparaît au bout du couloir. On ne croirait pas qu'il vient de sortir du lit. Mais cela n'a rien de surprenant, c'est même habituel.

Je jette un coup d'œil à ma tenue, parfaitement adaptée pour rester à la maison, mais qui détonne avec la sienne. On n'est vraiment pas un couple assorti. Je n'ai jamais porté de tailleur de ma vie. Au mieux, j'en ai mis la veste, mais c'est tout.

Je secoue la tête en m'asseyant sur le tabouret de bar. James m'imite en levant un sourcil. Mais je fais un geste à son intention pour lui signifier que ce n'est rien d'important.

Tout au long du petit-déjeuner, je me retiens de jeter un coup d'œil vers le monde virtuel. En plus de ne penser qu'à moi, cela pourrait être dangereux pour moi. Je risque d'être complètement déphasée de la réalité à cause du décalage temporel. C'est un détail non négligeable par rapport à d'habitude où je garde aisément un pied dans chaque réalité.

MIKO.A Où les histoires vivent. Découvrez maintenant