Chapitre 30

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Pdv Sixtine

Allongée sur mon canapé, je regarde ma série depuis plus de deux heures, Ten gentiment lové contre mon flanc. Ma journée a été plutôt chargée au chenil, je n'arrive même plus à compter le nombre de personnes qui ont réservé pour déposer leur animal, ni ceux qui sont arrivés à l'improviste. Les vacances d'été couplées à l'envie de faire la fête tranquille ont fait exploser le nombre de pensionnaires.

Quand je regarde le berger qui somnole contre moi, je n'arrive pas une seule seconde à imaginer comment on peut vouloir s'en séparer pour profiter de ses vacances ou juste pour ne plus jamais le voir. En deux jours, ce ne sont pas moins de trois pensionnaires que j'ai dû conduire à la fourrière. Des faux numéros, une absence de paiement pour les jours de garde supplémentaires et l'impossibilité pour nous de les garder. Une situation qui finit toujours par me fendre le cœur.

Alors qu'un nouvel épisode se lance sur l'écran, des coups retentissent contre la porte de mon appartement. Les oreilles de mon chien se lèvent aussitôt, rapidement suivi par le reste de sa tête qui se tourne vers la porte. Mais de le voir se recoucher aussitôt pour poursuivre son sommeil me rassure. Cela signifie que ça ne peut-être que Axelle, la seule qui connait mon adresse et contre qui mon chien ne montre aucune agressivité.

Je me lève à contrecœur, mettant au passage ma série sur pause. Je constate que je porte le sweat que j'ai acheté avec Clarke ainsi qu'un simple short mais je considère que pour simplement traîner chez moi, c'est bien assez.

Sauf que je ne m'attendais pas du tout à ce que, face à moi, je retrouve un jeune femme habillée d'un short mettant parfaitement en valeur la longueur hypnotisante de ses jambes. Son t-shirt coloré me fait perdre le fil de mes pensées, mettant bien trop en avant sa poitrine. Jusqu'ici, je n'avais jamais eu de telles pensées pour cette fille, me contentant seulement de vouloir la serrer contre moi.

"Clarke ?!"

Je suis incapable de réfléchir correctement et de comprendre ce qu'elle peut bien faire ici. Lorsque nous avons discuté la dernière fois, elle m'avait confirmé être prise toute la journée pour un repas de famille en ce jour de fête nationale.

"Je suis désolée de débarquer comme ça... Ma grand-mère a commencé à me parler de Mathurin, de ce soi-disant mariage et... Et j'ai craqué. Je suis vraiment désolée d'être là... Si... Si je te dérange, ma tante m'attend encore en bas donc je peux... Repartir ?"

Bien que les mots franchissent la barrière de ses lèvres, que je rêverais d'ailleurs d'embrasser, je ne capte pas réellement ce qu'elle tente de me dire. Mes pensées sont bien trop concentrées sur l'effet que cela me fait de la voir devant ma porte.

Je finis pourtant par revenir au présent lorsque j'entends son dernier mot. Repartir ?! Alors qu'elle est là, devant moi. J'ai pensé toute la journée à rêver de la passer près d'elle et là, alors même que celui-ci est exhaussé en m'offrant la possibilité de passer la soirée ensemble, je doute.

"Non ! Non surtout pas, entre !"

Je me décale précipitamment et  la prend par la main pour lui indiquer que le champ est libre. J'en profite aussi pour caresser Clarky et le détacher, ce dernier n'attendant plus qu'une chose : jouer avec Ten.

"J'étais en train de regarder ma série mais maintenant que tu es là, on peut faire autre chose. Tu veux voir un nouveau Disney ? Sortir en ville ? Dites-moi vos moindres désirs et j'y répondrais vôtre Altesse."

Et là, assise sur mon bout de canapé, totalement bouleversée de son repas familial auquel elle à l'air d'avoir coupé court, elle rit. Je sens mon cœur se gonfler à l'idée de savoir que c'est moi qui ai réussi à lui remonter le moral, alors même que tous les autres, sa famille, n'avait pas réussi.

À perte de vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant