À perte de vue

Chapitre 55

Pdv Sixtine

"Tu es sûre de toi ?

-Oui mon Amour. Arrête de te faire du souci."

Devant nous, se tiennent les papiers que la notaire nous demande de signer dans la cadre d'une reconnaissance anticipée de parentalité. La femme qui nous accompagne à quitter la pièce le temps de la signature pour nous laisser un dernier instant de réflexion. Je sais que nous n'en avons pas besoin mais je préfère ne laisser aucun doute.

"C'est notre histoire qui s'écrit et je n'ai aucun doute."

Prenant le stylo bic laissé par le professionnel, elle signe dans la case qui lui est réservée avant de me faire glisser le tas de papier. Je le récupère à mon tour avant d'y appliquer ma signature. C'est le moment exact où le notaire revient dans la pièce. Je me demande s'il ne nous observait pas, attendant le moment parfait pour se manifester à nouveau.

"Voilà mesdames, les papiers étant signés, les démarches en cas de grossesse confirmée pourront se faire sans encombres."

Nous récupérons les papiers qui nous sont confiés, saluons la notaire avant de rejoindre l'extérieur. En ce début septembre, le temps est encore assez doux pour que nous fassions un passage à la maison pour récupérer les chiens avant de venir décompresser à la plage.

Main dans la main, le pantalon relevé au maximum, nous marchons dans l'eau tandis que les deux fous tentent de pêcher les poissons qui leur filent entre les pattes.

"Comment tu te sens ?

-Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse. Le plus dur est encore à venir mais je reste positive."

Prenant sa main, je la fais tourner pour vernir la serrer contre moi, son nez dans mon cou. Je regarde le soleil animer de ses reflets la mer qui est actuellement descendante. Sans mes lunettes de soleil, je sais que je serais aveugler de temps à autre mais je m'en moque. Je préfère cligner des yeux plutôt que de manquer cela. 

Les mains de Clarke glissent sous mon pull pour venir caresser la peau de mon dos et, par la même occasion, laisser le vent frais me toucher. Je frissonne alors que je la sens sourire dans mon cou. Face à cet affront, je décide de l'imiter en glissant à mon tour mes mains sous son haut. L'effet est immédiat puisque Clarke commence à se débattre tout en riant bruyamment. Alors qu'elle bouge, je ressers mon emprise et la force à rester contre moi alors que nos mouvements nous éclaboussent.

Dans mon élan, sachant que nous ne pourrons être plus mouillées, je prends sa main pour l'entraîner à ma suite alors que nous courrons là où l'eau est peu profonde et le sable facile à pratiquer. Depuis quelques mois, nous avons pris l'habitude de courir ensemble afin de faire un peu de sport et partager un moment. Au début, nous avons pris quelques séances avec un coach conseillé par l'association qui suit la vie de Clarke. J'ai donc appris à courir avec ma main liée à la sienne, la guidant partout où nous allons.

Dans l'euphorie de l'instant, je ne prête pas attention aux chiens qui nous poursuivent et bascule sur Ten qui a tenté de passer devant moi. Alors que je me sens tomber, je ne parviens pas à lâcher la main de ma petite-amie et l'attire dans ma chute. Notre seul avantage à cet instant c'est de ne pas avoir de vague qui viennent nous submerger, les chiens s'en chargeant déjà assez.

"Il y a longtemps que j'attendais de pouvoir inverser la situation. J'ai presque réussi ?

-Comment ça ?

-Je voulais te pousser à l'eau comme il y a quelques années mais tu préfères juste y aller toi. Ce coup-ci je ne suis pas seule, c'est le plus important."