Chapitre 27

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Pdv Sixtine

J'ai quitté Clarke il y a seulement quelques minutes sur une note intéressante et pourtant, je ne peux m'empêcher de me sentir mal à l'aise. J'ai comme le sentiment que tout est fini pour nous, qu'avec toute cette histoire, rien ne reviendra plus à la normale.

Après avoir quitté la maison de Clarke, j'ai pris le chemin de la plage afin de faire redescendre la pression accumulée en moi. Au moindre touché d'un touriste dans la rue, je sursaute comme l'enfant affolée que j'étais autrefois. Je me sens tellement mal que j'ai le sentiment que ma tête va exploser tant tout se mélange.

Assise sur le sable, je regarde les gens passant, s'amusant pour les enfants, se taquinant pour les couples ou juste profitant de la vie. Ten revient régulièrement vers moi pour que je lance le bâton et tente comme il peut de me faire sourire. Il est mignon et pourtant rien ne me fait oublier que je suis de nouveau quasiment seule.

Mon téléphone vibre dans ma poche depuis quelques minutes mais je n'y prête pas attention. Depuis quelques semaines, ma vie se résumait aux messages que je pouvais recevoir de Clarke. Maintenant, je sais que j'aurais mieux fait de rester seule, ça m'aurait évité pas mal de douleur.

Mon téléphone vibre toujours et cela a tendance à m'agacer. Un regard à ma montre m'indique que nous sommes encore sur ce putain de chiffre 10. Cela fait désormais dix minutes que mon téléphone s'agite dans la poche arrière de mon jean. Je finis par décrocher, sans même faire attention au numéro qui s'affiche.

"Allô !"

Mon ton est dur mais qu'importe. J'ai besoin de me défouler.

"Excuse-moi Sixtine. Je dis ça parce que j'espère que c'est ton nom mais bon. Je crois que je me perds alors...

-Et si tu abrégeais ?"

Je sens que mon interlocuteur est totalement perdu mais je n'en ai pas grand chose à faire.

"Voilà... Je suis Mathurin, le mec en caleçon chez Clarke et je..."

L'image qui me revient en tête est atroce et je serre les dents. Je vérifie et vois que c'est bien depuis le téléphone de Clarke qu'il m'appelle. Je ne sais pas pourquoi il le fait mais je ne sens pas la patience couler dans mon corps et j'ai peur qu'il finisse par en souffrir.

"Alors slipman, qu'est-ce qui t'arrives ?

-Voilà je... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais Clarke elle... Elle débloque."

Je sens mon souffle se couper en entendant le bégaiement de l'abruti au bout du fil. À l'instant où je les retrouverai, il aura intérêt à avoir une véritable explication s'il ne souhaite pas que je l'étrangle.

Et puis des images viennent s'imposer à mon esprit. Je la vois en boule sur un trottoir, totalement effrayée, se recroquevillant sur elle-même pour chercher à se protéger du monde. Je me revois aussi, il y a quelques semaines, seule sur le bord de la route. À cet instant précis, j'aurais tant voulu que ma vie s'arrête mais aussi que quelqu'un comme Clarke vienne me sauver.

"Ok, Mathurin, c'est une crise d'angoisse. Tu me dis où vous êtes et j'arrive.

-Chez elle ! On n'a pas bougé !"

Sans plus attendre, je siffle Ten pour qu'il revienne vers moi, tout en rangeant rapidement ma serviette pleine de sable dans mon sac. Celui-ci se laisse faire docilement alors je panique pour le rattacher.

Il y a bien longtemps que je ne fais plus de jogging et pourtant, à peine ai-je commencé à courir que les automatismes reviennent. Je n'ai plus qu'une seule et unique idée en tête : sauver Clarke. Mes poumons me brûlent par manque d'exercice, mes muscles me tirent, rendant chaque pas douloureux mais rien ne me freine. Au contraire même, je me retrouve à accélérer.

À perte de vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant