Chapitre 12

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Pdv Sixtine

"Non madame Endré, il n'est pas possible pour nous de vous ramener votre chien dans la ville voisine. Mais tout simplement parce que cela coûterait trop cher et que nous n'avons pas le matériel. En revanche, si vous ne pouvez pas être là demain, nous serons obligés d'en parler au commissariat. À demain."

Je raccroche et soupire enfin. J'ai toujours détesté ce genre de situation. Encore une fois, une famille devant déménager a souhaité nous laisser son chien. Maintenant qu'ils sont installés, le pauvre animal passe à la trappe, trop encombrant ou sale dans cette nouvelle vie loin de tout. Quand mon regard se pose sur Ten à mes pieds, je sens mon cœur se serrer rien qu'à l'idée de le voir à nouveau loin de moi.

Cela fait maintenant 3 ans que je travaille au refuge de la ville. J'ai toujours aimé les animaux, mon rêve premier étant de devenir vétérinaire. Puis je m'en suis détournée sans pour autant quitter le monde animalier que je trouve si fascinant. Aujourd'hui, j'économise chaque jour dans l'espoir de pouvoir monter mon entreprise de dressage canin. Cependant, entre mon loyer, les dépenses pour Ten et moi ainsi que la hausse constante des prix sur la côte, je vois mon rêve s'éloigner un peu plus chaque fois.

"Bonjour ! Y a quelqu'un ?"

Je pousse la chaise du bureau pour me lever accueillir le nouveau venu. Ten se redresse aussitôt pour me suivre, aussi fidèle que mon ombre. C'est quelque chose qui m'a énormément manqué quand il était chez Clarke.

"Bonjour. En quoi pouvons-nous vous aider ?

-Bonjour. Je dois partir en voyage scolaire la semaine prochaine et j'aurais besoin de faire garder mon chien. 

-C'est notre rôle. Nous pouvons passer dans le bureau pour parler de tout cela au calme. Votre compagnon n'est pas avec vous ?

-Non j'ai préféré le laisser dans la voiture pour être sûre que cela ne vous dérangeait pas.

-Aller le chercher, je vous attends."

Il fait aussitôt demi-tour après m'avoir adressé un sourire que je qualifierais de dragueur. Je lève les yeux au ciel et attends qu'il pointe à la porte pour me diriger vers le bureau. Entre-temps, j'ai pu apercevoir son chien et je sens déjà que je ne vais pas apprécier m'occuper de la bête. Normalement, la patronne devrait être là et je pense pouvoir lui déléguer la tâche. Je sais qu'elle raffole de ces chiens immenses qui n'ont rien de grosse peluche. 

Le jeune homme entre dans la pièce et s'assoit en face de moi tandis que je sors les documents du contrat. La bave coule de la gueule du chien qui halète bruyamment. Je pleure d'avance en imaginant les nuits que je vais passer. Je suis sûre qu'il ronfle comme un tracteur.

"Alors c'est donc lui vôtre compagnon. Il est... imposant ?"

Il se met alors à rire, d'un rire presque forcé et gênant.

"Il fait toujours cet effet là la première fois. Mais après on se rend compte que c'est une vraie force tranquille."

Une force tranquille. Mais bien sûr. On verra ça quand il m'aura bouffé le doigt ou écrasé sous son corps si lourd.

"Est-ce que je pourrais avoir vôtre nom et la race de ce mignon toutou que l'on puisse commencer le dossier.

-Bien sûr. Monsieur Pouranopoulos.

-Des origines grecques ?

-Mon père oui."

On continua de discuter un bon moment avant qu'il ne reparte avec sa montagne. Je sais maintenant qu'il s'agit d'un mâtin napolitain, un chien ayant des origines grecques, comme son maître et qu'il décrit comme fidèle et joueur. Pour ma part, j'ai surtout retenu qu'il mangé presque 2 kilos de croquettes par jour et que ses 60 kilos peuvent me tuer en quelques secondes vu ma carrure.

À perte de vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant