À perte de vue

Chapitre 35

Pdv Clarke

Sixtine retrouve peu à peu son souffle tandis que je la sens revenir vers moi. Pourtant, à mesure que les minutes défilent, je sens que ma petite-amie s'endort sur le siège passager et je doute qu'elle puisse nous ramener à la maison. Ce qui ne pourra pas non plus être mon cas.

"Mon cœur, est-ce que tu te sens de rentrer ou j'appelle quelqu'un ?

-Je... Non."

Je ne dis plus rien, comprenant parfaitement que, bien que je ne sache pas ce qu'il vient de se passer, elle est totalement bouleversée et incapable de gérer le quotidien. La voir ainsi me brise le cœur mais je sais que je dois lui laisser l'espace et le temps de s'en remettre.

Je récupère mon téléphone dans mon sac et croise les doigts pour qu'il soit encore chargé, quand bien même je ne l'ai pas branché depuis quelque jour. Pourtant, quand la voix robotisée me demandant ce que je souhaite, je me sens revivre.

"Appelle maman."

Mon téléphone accède aussitôt à la demande quand j'entends le bruit caractéristique d'un téléphone qui sonne. Je le porte à mon oreille en croisant les doigts pour que ma mère ne soit pas submergée au travail. Il fait désormais nuit mais je sais qu'elle peut avoir tendance à se laisser entraîner.

"Clarke ? Un problème ?

-Oui ! 'Fin non pardon. Je...

-Clarke respire."

Ma mère n'a pas tort. Je suis en train de m'emballer, totalement perdue entre les questions de ma mère, la gestion des chiens qui gémissent sur la banquette arrière et surtout de Sixtine qui s'agite dans un demi-sommeil, vraisemblablement secouée par un cauchemar.

"L'amie avec qui je suis partie en balade a fait une rencontre perturbante et elle ne se sent pas capable de ramener la voiture. Tu pourrais venir nous chercher ?

-Bien sûr. Envoie-moi l'adresse et je viens vous aider.

-Merci maman."

Je l'entends sourire au téléphone en même temps qu'elle raccroche. Je suis soulagée de savoir que je ne vais pas rester seule trop longtemps dans cette situation quelque peu gênante. Je range mon téléphone à tâtons et en profite pour récupérer quelques friandises afin de faire patienter les chiens qui, à ma grande surprise, récupèrent ce que je leur offre avant de se poser gentiment.

Je me tourne désormais vers la jeune brune assise à côté de moi. Son cauchemar ne se stoppe pas au vu de ses bruits de gorge et je refuse de la laisser souffrir ainsi à côté de moi. Prenant mon courage à deux moi, je la secoue doucement pour la faire revenir à moi, sans aller trop brusquement pour ne pas la voir paniquer à nouveau.

"Sixtine, mon cœur réveille-toi."

Je la sens s'agiter peu à peu et je devine que ses yeux doivent papillonner en même temps. Je ne peux contrôler ce qui se passe dehors et j'espère sincèrement que l'homme qui l'a effrayé ne se trouve pas devant nous à cet instant. Je m'en voudrais tant que tout cela recommence alors même qu'elle semble à nouveau être elle-même, bien que très fatiguée.

"Qu'est-ce qui se passe ?

-J'ai appelé quelqu'un pour venir nous chercher, on verra pour ta voiture demain."

Sixtine hoche la tête tandis que je passe ma main dans ses cheveux, en profitant pour lui masser la nuque et le crâne, lui permettant de se détendre totalement. Ou en tout cas au maximum, sachant que savoir cet homme dans les parages ne peut pas l'aider à se relâcher.