Chapitre 25

391 25 46
                                    

Pdv Sixtine

Je n'en peux déjà plus de l'été. Le soleil est levé depuis à peine trois petites heures que je me sens fondre comme la glace du petit garçon que j'ai croisé en allant sur la plage, le pauvre pleurant son chocolat étalé sur le sable. Je suis sortie promener les chiens avant de finir ma garde de nuit et de partir sur un jour de repos, de quoi décompresser enfin. 

Les canidés n'ont pas mis longtemps avant de fendre l'eau, toute langue dehors et la queue battante. Je rêverais de faire comme eux mais, malheureusement pour moi, si ma supérieure avait vent d'un tel comportement, je serais virée sur le champ. Pourtant, j'adore mon métier et je suis bien contente de ne travailler au supermarché que les quelques weekend où ils ont besoin d'aide et que le chenil ferme pour travaux. Au moins, avec ce travail, je peux passer mes journées avec Ten à m'amuser.

Je lève mon regard vers l'horizon et, bien que les vagues soient plutôt bonnes, je sais que je ne croiserais pas la bande de Ryan, les touristes s'étant déjà rués dans les bars pour ne pas tomber sous la chaleur. J'espère aussi que je ne croiserais pas non plus Gaël, espérant que celui-ci doive travailler. Je serais mal à l'aise que, en ce jour si calme et chaud, un gros nuage de grêle survienne soudain. Un petit d'orage comme l'imbécile de Clarke ou un client avec un gros chien horrible serait le bienvenu, apportant un peu de fraîcheur sous cette canicule.

Pourtant, j'obtiens quelque chose de bien différent lorsque Rafale, un jeune dalmatien encore en manque d'éducation, fonce directement dans mes jambes, son poil encore ruisselant d'eau, puis se secoue à moins d'un mètre de moi, aussitôt suivi par son frère Tempête. Ten, alerté par mon petit cri, accourt aussitôt de la mer où il jouait pour venir courir avec ses amis.

Et c'est là, au milieu de ces êtres capables du plus grand des amours, que je me sens à ma place. Pour rien au monde, je ne voudrais mettre fin à ce que je vis à cet instant. En revanche, je serais prête à inclure les Clarkies dans ce moment pour avoir autour de moi tout ce qui me comble de bonheur. J'avoue que les lèvres de Clarke sur les miennes me manquent, tout comme son parfum mentholé qui pourrait m'emmener au bout du monde.

Un coup d'œil à ma montre m'indique qu'il est l'heure pour nous de rentrer afin que ma collègue de journée puisse prendre la place. Pour que tout le monde revienne et se laisse mettre en laisse, je n'ai pas autant de problème que je l'aurais pensé. Seul Rafale s'amuse avec moi, bougeant à chacune de mes tentatives. Finalement, il ne nous faut pas plus de dix petites minutes pour que nous reprenions le chemin du chenil.

Je crois que dix est le chiffre du jour car c'est le temps qu'il me faut, tiré par mon attelage de compétition, pour rejoindre mon lieu de travail. Dix de plus et je termine ma journée. Et dix autres et je suis devant la porte de Clarke.

Je lève la main avec enthousiasme et cogne contre la dernière barrière qui me sépare de la femme la plus géniale du monde. Bien qu'il soit sagement assis contre ma jambe, son pelage toujours mouillé sur mon pantalon humide, Ten se retient férocement de ne pas sauter partout, trop heureux de revoir son ami. Je sens sa queue s'agiter contre mon mollet et bien que ce soit désagréable, son geste a au moins le mérite de me rafraîchir alors que j'ai totalement oublié de mettre un short ce matin.

À cet instant, j'aurais aimé que ce ne soit pas la journée du dix. Dans ce cas, je n'aurais pas eu à attendre toutes ces minutes dehors dans l'espoir qu'elle m'ouvre. Et si finalement, elle n'était pas là ? Et si j'attendais bêtement devant une maison vide ? 

Je suis prête à faire demi-tour pour retourner chez moi et attendre un message de sa part pour revenir la voir mais je crois que quelqu'un en a décidé autrement. Poussant sur ses cuisses, il quitte sa docile position assise pour venir appuyer sur la poignée de la porte. Je suis à deux doigts de le gronder quand, à ma plus grande des surprises, la barrière entre les Clarkies et les Numbers cède. La queue battante, il se précipite à l'intérieur, aussitôt assailli par le golden de la maison. Les deux commencent à aboyer et je serre les dents en imaginant Clarke se faire réveiller à l'étage.

À perte de vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant