Dimanche 17h20 Normandie
-MOYA-
Maman me prit dans ses bras.
Son parfum m'enveloppa, pour me rappeler que j'étais à la maison.Après presque cinq mois sans revenir ici, tout me paraissait irréel:
La maison, imposante et bordée par la mer, mon père, debout devant le porche, mes deux frères à mes côtés, le coucher de soleil, l'odeur de l'iode.
Tout me rappelait ma vie d'avant.
Celle de la petite Moya, incapable de rester en place.Maman se tourna vers mes amis, moi toujours pendue à son bras.
- J'espère que vous avez fait bon voyage, les enfants.
Papa descendit les marches du perron.
- Bonjour tout le monde!
Entendre son accent me fit sourire.
Papa parlait peut-être couramment anglais, mais jamais il n'avait tenté de masquer son accent français.
Il répétait toujours que c'était pour que tout le monde sache qui il était, et qu'il n'y avait aucune honte à ça.Papa vint nous étreindre, Lucas, Jeff et moi.
Il ne perdit pas une minute de plus pour se diriger vers notre petite troupe d'amis.Il se précipita sur Phil pour l'étreindre en lui frappant vigoureusement le dos.
Le gaillard grimaça, un peu secoué, mais lui rendit son étreinte quand même.Et oui, Phil était le petit protégé de mon père.
C'était à se demander s'il n'allait pas limite faire une demande d'adoption.Sans aucune raison précise, papa avait toujours porté Phil dans son cœur.
Peut-être était ce sa situation familiale pourrie et sa sensibilité cachée derrière son air de brute qui le touchaient chez lui.C'est indéniable, Phil est fascinant.
Plus tard, pendant que mes amis s'installaient tranquillement dans leurs chambres,
moi, je redécouvrais la mienne.
La nostalgie me frappa complètement.
Passer du temps ici m'avait manqué.
Quand j'étais plus jeune, cette maison était notre lieu de vie principal, jusqu'à ce qu'on prenne très rapidement notre indépendance en partant à Londres, Lucas et moi, tandis que Jeff avait aussi pris la sienne à cause de ses compétitions de ski partout en Europe.On frappa à la porte.
Affairée à fouiller les tiroirs de mon bureau à la recherche de souvenirs enfouis, je m'arrêtais.
- Oui?
La tête de Phil passa dans l'entrebâillement de la porte.
- Tu me rends mon sweat? Il coûte cher et tu vas le tâcher. T'en as pleins d'autres à moi.
Je fronçai les sourcils et baissai les yeux vers le sweat que je portais.
Bien trop confortable pour que je l'enlève.Je secouai la tête négativement.
- Demain, je te le rends demain.
Il entra dans la pièce et referma la porte derrière lui.
- Non je veux mon sweat, c'est mon préféré.
- T'en as des dizaines.
- Demande à Calvin de te prêter le sien, je suis sûr qu'il sera ravi de te rendre service.
- Pourquoi avoir le sweat de Calvin m'intéresserait ?
- Pourquoi avoir le mien t'intéresse ?
Mince, je m'étais fait prendre à mon propre jeu.
VOUS LISEZ
the London lover
RomancePour Moya, la vie ne semble plus avoir beaucoup de sens. La joie, quel sentiment lointain.. Les jours se répètent et deviennent moroses en ce début d'hiver.. Derrière cette peine constante, rajoutons aussi un drôle sentiment éprouvé pour une person...