Control Me

Chapitre 12 : Unity

Allongées sur des transats, Shirley et moi profitons du soleil californien. Notre matinée de cours nous a achevé, alors nous avons décidé de nous reposer à la plage.

Cela fait une heure que nous sommes ici mais aucune de nous deux ne s'est confiée à l'autre, c'est pour ça que je me relève en tailleur en la fixant. Elle m'imite, sachant que l'on va parler de sujets sérieux.

‑ Je me suis enfuie de l'Australie parce que j'avais besoin d'un nouveau départ, soufflé-je après quelques secondes silencieuses. Je ne peux pas trop t'en dire, mais j'étais menacée.

Malgré ses grandes lunettes de soleil, j'aperçois ses sourcils se froncer ; elle est inquiète. Je pince mes lèvres pour éviter de pleurer. C'est la première fois depuis longtemps que quelqu'un s'inquiète réellement pour moi.

‑ Ce sont eux qui ont vandalisé ton appartement ?

Mon silence répond à ma place. Elle soupire en massant ses tempes. Si j'avais su qu'un jour, je verrai Shirley aussi sérieuse et préoccupée...

‑ Tu as porté plainte ?

Je hoche la tête. Elle souffle de soulagement, comme si elle avait retenu sa respiration pendant tout ce temps. Je déteste lui mentir, mais je fais ça pour son bien.

‑ Et toi, tu n'avais pas l'air bien hier.

Elle sourit tristement en mettant ses lunettes sur sa tête. A cause du soleil, elle a les yeux plissés. Lorsqu'elle pose son regard sur moi, je ne ressens que de la tristesse.

‑ Comme tu le sais, j'ai toujours aimé le sexe, commence-t-elle en triturant ses mains.

J'avais cru comprendre...

‑ Mais quand j'étais au lycée, j'étais bien différente.

‑ C'est-à-dire ?

‑ J'étais la fille au fond de la classe, timide et réservée. Et puis un beau jour, l'un des mecs les plus populaires était venu m'aborder. A l'époque, j'étais naïve. Je me sentais flatter qu'un mec comme ça s'intéresse à moi.

Quelques larmes perlent sur ses joues. Je pose une main affectueuse sur son épaule. Je veux qu'elle sache que je suis là et que rien de ce qu'elle me dira ne changera mon opinion sur elle.

‑ Alors, on a couché ensemble et c'était vraiment super comme première expérience. Mais le lendemain, tout le monde était au courant. Il y avait des photos de moi nue partout sur les réseaux sociaux et collées sur des centaines de casiers au lycée, sanglote-t-elle. Je me sentais tellement sale...

‑ Shirley, ce n'est pas ta faute.

Nos regards se croisent.

‑ Je sais. Mais avant, je ne voyais pas les choses de la même façon.

Elle prend quelques secondes avant de reprendre.

‑ Quand mes parents l'ont appris, j'ai vu à quel point ils étaient énervés et déçus. Je ne viens pas d'une famille très croyante, mais perdre sa virginité à seulement dix-huit, c'est la honte... Ils ne m'ont jamais soutenu dans cette épreuve, j'ai dû me forger une carapace seule.

Je sens mon coeur voler en éclats.

‑ Hier, sanglote-t-elle, il s'est amusé à me renvoyer ces photos...

Les larmes roulent sur ses joues. Cette fois, je la rejoins sur son transat et la prends dans mes bras.

‑ Shirley, il faut que tu portes plaintes, que tu agisses. Tu ne peux pas les laisser gâcher ta vie comme ça.