Chapitre 35 : Unity

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Kurt et moi sommes emmitouflés l'un contre l'autre dans le canapé, petit déjeunant en silence. Parfois, nous restons ensemble sans avoir grand-chose à nous dire, mais ces silences ne sont pas gênants. Au contraire, ils nous permettent de profiter ensemble tout en voyageant dans nos pensées. Brett interrompt ce moment en débarquant dans le salon.

- Unity, tu as reçu du courrier, dit-il en me tendant une enveloppe.

Nous sommes tous les trois surpris car mise à part eux et Shirley, je ne connais personne d'autre.

- Il n'y a pas d'adresse ni même de timbre, reprend mon ami.

Pas d'adresse.

Pas de timbre.

Il ne m'en faut pas plus pour comprendre de qui ce courrier vient.

- Merci, Brett. Je vais aux toilettes et je reviens, dis-je à l'attention de Kurt.

Je n'attends pas de réponse, marchant d'un pas pressé pour m'enfermer dans ma chambre. Je m'assieds sur le lit et ouvre l'enveloppe, les mains tremblantes. Respire, Unity, respire. Je manque de vomir en dépliant la lettre :

Tu as 24 heures pour payer les dettes de ton père, Unity. 24 heures et pas une seconde de plus... Si tu ne nous donnes pas la somme exacte, tu paieras par la chair de tes précieux amis...

Rendez-vous à l'entrepôt à la sortie de la ville, à 23h demain. Avec l'argent.

La lettre est accompagnée de photos de Shirley, Brett et... Kurt. Ils veulent s'en prendre à Kurt. Non. Je ne peux pas l'accepter, mais je n'ai pas l'argent nécessaire. La porte s'ouvre et Kurt apparaît. En le voyant comme ça, le visage inquiet, je me dis que je ne le mérite pas, que je ne mérite pas qu'il angoisse pour moi, mais je ne peux pas m'empêcher de m'accrocher aux sentiments que je ressens à son égard. Des sentiments. Je ressens des sentiments pour un autre homme que Jackson. Cette pensée me rend nerveuse, mais j'y fais abstraction. Pour le moment, j'ai simplement besoin qu'il me prenne dans ses bras.

- Unity...

Je n'ai pas le temps de cacher qui que ce soit qu'il se jette sur l'ensemble du courrier, passant de la lettre aux photos.

- C'est quoi de ce bordel, Unity ?

Les larmes jaillissent d'elles-mêmes. J'essaie de les contrôler du mieux que je peux.

- Je suis désolée, Kurt... terriblement désolée de t'avoir caché tout ça...

Il attrape ma mâchoire, plongeant ses yeux dans les abysses de mon âme meurtrie.

- Explique-moi, Unity.

Il ne s'agit pas d'une demande, mais d'un ordre. Sa voix est sans appelle et pourtant, je reste muette, incapable d'émettre le moindre son. Je ne peux pas lui dire toute la vérité, ni même une partie, car mon secret le mettrait en danger et je refuse qu'ils s'en prennent à lui, ou à Brett et Shirley. Mon amour pour eux les détruit. Je dois les protéger. A ma place, ils feraient la même chose.

- Unity, j'essaie de comprendre ce putain de bordel mais si tu ne t'ouvres pas, ça va être compliqué de t'aider.

Je déglutis et de longues secondes après, je réponds d'une voix froide :

- Je ne veux pas de ton aide, Kurt. Je peux gérer la situation seule.

- Gérer ? rit-il, amer. Tu ne gères rien du tout, Unity.

Sa prise sur mon menton s'intensifie, m'arrachant un gémissement plaintif.

- Écoute-moi bien, Unity. Tu vas tout m'expliquer de A à Z parce que personne sur cette Terre ne s'en prend à ma copine sans en subir les connaissances.

Control MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant