Chapitre 39 : Unity

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Unity...

Kurt ?

Unity... C'est moi, Kurt. Ouvre les yeux.

Kurt ? Kurt ! C'est Kurt ! Mais je n'ai pas la force d'ouvrir les yeux. J'ai à la fois mal à la tête, au cœur, et... partout. J'ai mal partout. J'entends des voix mêlées à celle de Kurt autour de moi et je prie pour qu'il soit venu me chercher. Je sais, c'est égoïste de vouloir qu'il mette les pieds ici mais il me manque tellement et je suis tellement désespérée de mourir ici. D'ailleurs, où suis-je ? Dans l'entrepôt ? Ce sont des doigts qui me forcent à ouvrir les paupières. J'aimerais hurler, mais je n'en ai pas la force, alors je me contente de gémir lamentablement.

- Ça fait des heures qu'elle appelle son petit requin d'amour dans ses rêves, elle est sacrément piquée cette fille.

Je cligne de nombreuses fois afin de m'adapter à la luminosité qui est faible, il y a simplement un vieil éclairage qui me permet de distinguer trois mecs. L'un des trois monte des escaliers qui grincent en appelant ses amis. Il y a donc d'autres personnes en haut. Mais il n'y avait pas Kurt. Aucun d'entre eux n'était... mon requin à moi, mon requin d'amour.

Ce n'est qu'en baissant les yeux que je distingue des chaînes. Mon cœur loupe un battement. Mes pieds sont attachés aux pieds de la chaise ainsi que mes mains qui le sont derrière mon dos.

- Nous piéger était une très, très mauvaise idée, Unity, souffle Hulk en décollant l'une de mes mèches rebelles qui me collent à la peau.

J'ai à peine le temps d'encaisser ses mots, que je dois encaisser le violent coup qu'il me lance dans l'estomac. Un cri m'échappe sans que je n'essaie de le contrôler. Le second qui m'envoie est bien plus dur à encaisser, j'ai la fierté piétinée.

- A cause de tes petites manigances à la con, on a perdu de l'argent. Mais ça ne fait rien, car maintenant qu'on t'a kidnappé, tu as deux fois plus de valeur et donc, on gagnera le double de la somme de départ.

Maintenant derrière moi, il me caresse les cheveux comme si j'étais sa propriété, sa poupée. Je sais qu'il essaie d'être à la fois dur et gentil pour que je perde la tête et recherche du bon en lui. Mais il ne me connaît pas. Je ne tomberai jamais dans ce piège. Si aujourd'hui est mon dernier jour, je me battrai jusqu'à ce que la mort s'empare de moi.

- Ton petit requin sera heureux de te retrouver mais on t'aura tellement bousillé que tu seras incapable de trouver un semblant de stabilité.

Il pose son visage sur mon épaule et je frissonne de dégoût. Hulk s'apprête à dire autre chose quand nous entendons trois coups de feu, puis un quatrième. Je m'immobilise. Que se passe-t-il ? Hulk se pose la même question puisqu'il ordonne au second gangster de me surveiller. Il a à peine le temps de faire deux pas qu'un poids qu'un vacarme retentit dans le hangar. Lorsque j'aperçois le corps de Kurt, je hurle son prénom en me défoulant. Hulk me donne une gifle qui m'assomme presque et me tétanise sur place. Le troisième gangster s'approche, les dents serrés, du sang s'écoulant le long de son bras.

- Qu'est-ce qui se passe, bordel ? s'impatiente Hulk.

- Ce fils de pute, dit celui qui saigne en désignant Kurt, nous a retrouvé et a tiré sur Marius, Le Tyran et moi !

- Putain... siffle l'autre. Ils sont dans quel état ?

- Il leur a tiré dans les couilles, cet enculé ! Va soigner leur hémorragie, dit-il à celui qui fumait un joint.

Ce dernier s'empresse de les rejoindre, mais mon regard reste fixé sur le corps engourdi de Kurt. Ce dernier est totalement inconscient. Il a dû se prendre un coup violent sur la tête pour être dans cet état. Mais il est là... Je pleure de terreur. Je pleure de tristesse. Je pleure de joie. Je pleure Kurt qui se bat pour moi, qui ne m'oublie pas, qui... m'aime. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur leur lui car Hulk l'attrape par le colback puis le balance sur une chaise. Il profite de sa faiblesse pour l'attacher comme ils l'ont fait avec moi, ligoté à la chaise, les mains derrière le dos. Maintenant qu'il est en face de moi, je peux distinguer son tee-shirt déchiré et taché de sang, de son sang. Il saigne également sur sa tempe gauche, et du sang ruisselle le long de ses bras, couvrant des bleus naissants. Le voir comme ça me déchire le cœur. De nouvelles larmes jaillissent.

Je profite que les deux gangsters discutent à quelques mètres pour appeler Kurt. Là-haut, il a sûrement dû se faire tabasser par ces hommes. Il est dans un sale état.

Cela fait deux heures que Kurt est inconscient. Je sais qu'il est encore vivant, car Hulk a vérifié son pouls en disant que maintenant qu'ils détiennent deux personnes, ils gagneront deux fois plus pour la rançon. En deux heures, je me suis perdue dans mes pensées. Les questions se sont énumérées : Pourquoi s'en prennent-ils à moi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Kurt m'interrompt en se réveillant difficilement, toussant et crachant du sang à ses pieds.

- Le petit requin a donc arrêté de se noyer, rit Hulk.

Il n'y a que lui et ses amis blessés qui rient. Kurt et moi restons silencieux. Mais comparé à moi qui me fait toute petite, Kurt leur lance un regard noir qui les amuse encore plus.

- Ce n'est pas un petit requin, mais un gros requin, Hulk !

Ils explosent de rire. Ils ont beaucoup bu, mais ils ont toujours les idées claires. Je ne m'en fais pas pour ça...

- Grâce à vous deux, on va être blindés de frics !

- Pourquoi vous ne vous en prenez pas au père de Unity ? lâche Kurt, énervé. C'est lui le fautif dans l'histoire. Elle, elle n'a rien fait.

Le fait qu'il me défende dans un moment pareil est la plus belle preuve d'amour qu'il pouvait me faire. Et le fait qu'il pose la question qui me brûle les lèvres prouve qu'il me connaît aussi bien que je le connais lui.

Les yeux de Hulk prennent une tournure différente qui ne me plait pas du tout. Plein de malice, il s'approche de nous à pas lents. Je me tends plus que je ne le suis déjà.

- Tu n'as donc toujours pas compris, petite sotte ?

Son ton est si mauvais et hautain que je me sens ridiculement petite.

- Ton petit papounet est mort.

Mort. Ce mot résonne en moi comme un rappel à la vie. Mon père, celui qui a contribué à ma naissance mais qui ne m'a jamais aimé, qui n'a jamais su éprouver autre chose que de la haine envers moi, est mort. Et je ne ressens rien d'autre qu'un trou béant dans mon cœur. Que dois-je ressentir pour un homme qui m'a battu pendant des années ? Je ne suis pas triste, mais je ne parviens pas non plus à me réjouir ou à être soulagée par cette nouvelle. Je reste passive et déconnectée de la réalité. Mon copain me dévisage, les yeux effarés, appréhendant ma réaction, une réaction qui n'arrivera jamais.

- Il est mort quelques semaines après ta disparition, reprend Hulk. Tout l'argent que tu avais caché on l'avait déjà pris. Il ne lui restait plus rien à nous donner. On lui a dit que s'il se laissait mourir par l'alcool, c'est vers toi que l'on réclamerait l'argent. Il s'est fièrement tiré une balle sous nos yeux. Il n'en avait pas grand-chose à faire de toi !

Il m'a définitivement abandonné, préférant rejoindre ma mère. La seule femme qu'il a un jour aimé. Il a sûrement voulu un enfant pour la rendre heureuse. Dès le départ, je n'étais pas une enfant voulue, désirée pour lui. Il n'aimait rien d'autre que le bonheur de ma mère, quitte à se rendre malade pour qu'elle sourit naturellement. Mon père a préféré mourir plutôt que de me protéger.

***

Bonne années, les contrôlées ✨

On espère que votre réveillon s'est bien passé, que vous avez bien mangé, dansé et bu avec modération (on vous a à l'oeil, ouais 👀)

Afin de bien commencer l'année, voici un nouveau chapitre plein de révélations ⚡️Attention, notre requin et sa proie n'ont pas dit leur dernier mot...

A très, très vite pour une fin... assourdissante.

- Les contrôleuses 🔥

Control MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant