Encore aujourd'hui, après deux semaines passées en Californie, j'ai l'impression de nager en plein rêve. Ça fait bizarre de ne plus sentir l'odeur poisseuse de l'alcool, de ne plus entendre mon père se faire menacer chaque jour. Ça fait bizarre de me sentir enfin en sécurité.Bien que la plage australienne me manque, en quinze jours, je n'ai pas chômé. Grâce à toutes mes économies, j'ai pu louer un appartement près du campus universitaire. Et même si j'ai obtenu une bourse, il me fallait tout de même un travail pour vivre dans de bonnes conditions. J'ai donc passé plusieurs entretiens d'embauches et heureusement, j'ai obtenu un job de maître-nageuse.
Depuis l'adolescence, j'ai compris que je ne pouvais compter que sur moi-même. Beaucoup de gens aiment dire que l'on peut compter sur eux, qu'ils seront toujours là pour nous. Leurs propos débordent de mensonges... A partir du moment où mon propre père me méprisait, je ne pouvais plus compter sur personne. Cela fait donc quatre ans que je travaille après les cours pour subvenir à mes besoins, pour... des raisons trop douloureuses pour être citées, ou même pensées.
Habillée d'une brassière, d'une chemise ouverte et d'un ×short en jean, je quitte mon immeuble à quelques pas seulement de l'université. J'étais tellement étonnée en apprenant qu'ils m'avaient acceptée. Travaillant dans un bar jusqu'à trois heures du matin, c'était compliqué de suivre les cours au lycée. J'ai tout de même réussi à obtenir mon diplôme avec une assez bonne moyenne.
Tandis que les étudiants marchent seuls ou par groupe d'amis dans l'établissement, je fais face à l'imposante bâtisse. Elle n'a rien à voir avec mon lycée australien et les petites universités de ma ville. On dirait un château. Je me demande soudainement si j'ai bien fait de tout quitter, si je ne devrais pas retourner sur mes pas, confronter à nouveau les yeux furieux et les coups de mon père. Et puis en touchant le sac à dos de ma mère, je reprends du poil de la bête. Tu es Unity James. Une battante. Une guerrière. Plus jamais je ne me laisserai marcher sur les pieds. Jamais !
Déterminée, je marche jusqu'à l'entrée les sourcils froncés sans m'arrêter. J'imite ensuite les étudiants qui cherchent leur amphithéâtre sur un immense tableau. Une fois ce dernier trouvé, je demande à la femme de l'accueil s'il y a un plan. Elle m'en donne sans même m'adresser un regard. Bonne journée, connasse.
Après m'être trompée deux fois de bâtiments, j'arrive enfin dans le bon amphithéâtre aux interminables rangées. Le professeur n'est pas encore là, mais quelques élèves sont déjà présents. Certains sont silencieux, comparés à d'autres qui rient entre eux. On est des premières années donc je ne pensais pas qu'autant de monde allait se connaître. Je décide de prendre place au second rang, car il n'y a qu'une seule fille aux cheveux blonds qui est assise. Contrairement à moi qui ai attaché ma tignasse à l'aide d'un crayon, elle les a soigneusement tressés. Quand elle tourne la tête vers moi, deux pupilles noisettes me scrutent. Elle sourit de toutes ses dents en installant ses affaires à côté des miennes.
- Salut, je m'appelle Shirley. T'es nouvelle ?
Étonnée par sa spontanéité, je reste quelques secondes sans rien dire.
- Je m'appelle Unity. Et oui, je suis nouvelle. Toi aussi, non ? On est des premières années.
Elle étire ses bras avant de répondre.
- J'ai redoublé donc techniquement, non.
Je hoche simplement la tête.
- Eh mais attends, reparle deux secondes.
Je fronce automatiquement les sourcils ce qui la fait rire. Quelques personnes nous scrutent bizarrement ce qui me fait lever les yeux au ciel. Ils n'ont jamais entendu quelqu'un rire, peut-être ?
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Control Me
DragosteUnity et Kurt 🔥 A l'université de Californie, où le soleil brille et la chaleur irradie, l'équipe de Water Polo règne sur le campus. Après avoir échappé aux griffes de son passé, Unity, fraîchement débarquée d'Australie, fait son entrée à UCLA dan...