Chapitre 34 : Unity

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En arrivant à la piscine, je salue Jonathan, mon collègue. On ne se parle quasiment jamais, mais il a toujours été souriant et gentil avec moi, alors je fais l'effort de discuter trente secondes avec lui avant de divaguer. Mes pensées m'emmènent jusqu'à Kurt, telles les vagues californiennes qui submergent les surfeurs débutants. Ces dernières semaines, tout va pour le mieux entre nous. Il m'a pris dans quasiment toutes les pièces de la fraternité, ce qui a forcé les garçons à faire le ménage. Mais nous avons aussi passé des soirées en bord de mer à pique-niquer, d'autres à surfer ou simplement à... s'envoyer en l'air entre deux vagues... Si un jour j'avais su qu'il y aurait autre chose que de la haine entre Kurt et moi, je n'y aurais pas cru. La haine s'est éclipsée, remplacée par d'autres sentiments sur lesquels j'ai trop peur de m'interroger.

Juste avant que les requins ne débarquent dans la piscine, il n'y avait pas grand monde dans les bassins ; à un horaire si matinal, les étudiants sont soit en cours, soit ils dorment. Ils sont tous torse nus, vêtus d'un ridicul slip qui ne couvre quasiment rien ; encore pire que les bikinis de Shirley...

En passant devant moi, Kurt me met une fessée en gloussant comme un débile. Je m'apprête à l'insulter mais son sourire d'enfant et ses yeux verts pétillants m'attendrissent, me faisant simplement lever les yeux au ciel. Par contre, lorsqu'une main que je ne connais pas claque ma fesse, je me retourne vivement, prête à fracasser la gueule du mec qui m'a touché. Étonnée de découvrir un Brett, fier de sa connerie, je passe de l'énervement à la confusion. Ce qui n'est pas le cas de Kurt qui se met entre le brun et moi.

- Putain, qu'est-ce que tu fous, Brett ?

Je devrais sûrement dire à Kurt de se calmer, mais le voir me défendre, même s'il s'apprête à tuer son meilleur ami, est... excitant. Je sais me défendre toute seule, mais être défendue par mon copain n'est pas dérangeant.

- Bah je sais pas... je pensais que...

Kurt ne le laisse pas finir sa phrase, agrippant sa nuque fermement. Les autres requins me lancent des regards du style "arrange cette situation de merde" alors d'un soupir, je me place à côté de Kurt afin d'attirer son attention.

- Kurt...

- Laisse-nous, Unity. C'est entre Brett et moi.

Cette fois, c'est à Brett de parler :

- Je t'ai vu lui claquer le cul donc je pensais que c'était le nouveau check de Unity.

Mais... quel con. Tout le monde finit par glousser, mis à part Kurt qui m'agrippe fermement par les hanches.

- Que ce soit clair, Unity est à moi et à aucun autre requin, dit-il en claquant mes fesses plus fermement cette fois.

Je devrais me sentir humiliée, mais c'est tout le contraire qui se produit. Je suis terriblement excitée. Et le laisser s'entraîner avec les requins dans cette petite tenue est un combat entre mes envies animales et mon mental. Heureusement, Jonathan est là pour me faire penser à autre chose. Il m'explique qu'il a peur de rater ses examens et d'autres de ses problèmes dont je n'en ai rien à foutre. Dès qu'ils sortent de l'eau, je me lève et attrape Kurt par le bicep.

- Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-il en faisant signe aux requins de ne pas l'attendre.

- Tu croyais vraiment que tu pouvais me donner la fessée devant tout le monde sans en subir les conséquences, soufflé-je en attrapant son membre à travers le tissu de son slip.

Un sourire malicieux retrousse nos lèvres en simultané. Il me porte sur ses épaules en me mettant une troisième fessée. Il passe par les douches communes où je vois, la tête à l'envers, les requins alignés sous les jets.

- Désolé, les gars, mais j'ai une copine qui est affamée. On discute de notre entraînement après.

Et c'est ainsi que je me suis prise une heure de pause...

Nous avons ensuite déjeuné avec Brett et Shirley au Coffee Summer, comme un vrai petit groupe d'amis, malgré quelques piques que Kurt lançait à Brett par rapport à ce matin. En quelques mois, ces trois-là sont devenus la famille que je n'ai jamais eu la chance d'avoir biologiquement.

Puis nous sommes allés en cours et comme nous avons prévu de regarder un film tous ensemble à la fraternité, nous nous rejoignons devant l'amphithéâtre de Kurt. Ce dernier m'embrasse tendrement avant de passer son bras autour de mes épaules en nous informant que Brett nous rejoint devant l'université car son professeur était absent. Puis Shirley monopolise la conversation en parlant d'un mec qu'elle a croisé.

- Il était magnifique ! crie-t-elle en ignorant les regards en biais que les gens lui lancent. Avec ses tatouages, ses bras musclés et sa peau aussi foncée que son âme, car oui, ce mec a l'âme d'un badboy, c'est indéniable, mamamia, j'étais toute trempée !

J'éclate de rire pendant que Kurt lève les yeux sans pour autant dissimuler un rictus. Mon rire prend fin en apercevant un groupe de filles qui dévisage Kurt comme s'il était un animal, leur putain de proie. Parfois, je suis tellement dans ma bulle que j'oublie qu'il est populaire, le plus populaire de tout le campus. Mon copain remarque mon agacement.

- Tu es la seule qui m'intéresse, Unity... souffle-t-il avant de s'emparer de mes lèvres.

Papillons. Je ressens des putains de papillons partout : entre mes jambes, dans mon ventre, autour de mon coeur, dans mon coeur... Est-ce que je suis amoureuse de Kurt le capitaine des requins ?

- Vous êtes trop hooot !

C'est la voix de Shirley qui nous ramène à la réalité. En reprenant notre route dans les couloirs, elle me montre le groupe de filles qu'elle a prise en photo quand Kurt m'embrassait. Satisfaite, je remercie ma meilleure amie pour ce beau cliché.

Lorsque nous rejoignons Brett, il n'est pas aussi souriant que tout à l'heure.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande Kurt.

- J'ai discuté avec un mec que je trouvais sexy, mais il m'a parlé comme si j'étais une grosse merde, ce chien.

Brett est un beau garçon, il n'a pas l'habitude que quelqu'un le recale. Pour le réconforter, Shirley lui raconte sa rencontre avec le bad boy tatoué.

- Regardez, finit-elle par dire, j'ai pris une photo de lui avant qu'il parte.

Effectivement, il est très beau. Son visage a une mâchoire aussi puissante que ses biceps, et les tatouages de ses bras sont visibles car il a porté son perfecto à la main.

- Arrête de le mater, grogne Kurt.

Au même moment, Brett dit :

- C'est ce mec-là dont je viens de vous parler.

- Et il est juste là, murmure mon copain lorsqu'un mec sur le parking ôte son casque, sur sa moto.

Chacun de ses gestes paraît être hors du temps. Ce mec... cet homme est d'un charisme incroyable. Malgré le casque, ses cheveux d'un noir corbeau ne sont pas défaits, le gel les tient parfaitement vers l'arrière. Mais ce qui attire mon attention, c'est le badge sur son haut noir.

- Brett... C'est un prof de UCLA.

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