La chute des Héros p8

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L'anéantissement simultané de tous les généraux dans un déluge de feu et d'acier provoqua une lame de fond de panique dans les bataillons des Cités Libres.

Mais ce fut la mort de Gadr'k, Héraut du Carnage, qui plongea leurs soldats dans le désespoir le plus profond.

Il fallût cinq salves avant que l'Ancien finisse par mettre un genoux à terre.

Son corps ravagé par des centaines de fragments de métal dégorgeait toujours plus de sang, tintant de bleu la berge de l'Altarie. Autour de lui gisaient dans les roseaux les corps démembrés de plusieurs dizaines de Myrmhides, sacrifiés pour endiguer sa fureur sanguinaire.

Lorsqu'il chancela, tombant à genoux dans le sol gras et collant, une troupe de soldats rompirent les rangs et se ruèrent pour le clouer au sol de leurs longues lances.

Même immobilisé Gadr'k massacra encore une douzaine de soldats d'élites, moulinant l'air comme un dément de son fendoir géant. Ses mouvements finirent finalement par ralentir, devenant imprécis et enfin parables. La bête lâcha son ultime râle d'agonie qui résonna dans toute la plaine, couvrant l'espace d'un instant les terribles explosions.

Il mourut cloué de dix-sept lances, son immense arme ruisselante de sang toujours tenue fermement entre ses pattes.

Ainsi périt Gadr'k, le Héraut du Carnage, qui écumait les champs de bataille depuis plus de huit cents ans à la conquête d'une place sur les trônes des Dieux.

Témoins de sa mort, ses quelques fidèles mercenaires encore vivant au cœur de la mêlée lâchèrent leurs armes. Leur raison de combattre n'était plus. Ils furent massacrés en quelques instants.

La mort du Héraut se répercuta comme une onde de choc dans les rangs des soldats des Cités Libres.

Fauchés par milliers par les terribles tubes métalliques, les Hoplites et les Légions Noires abandonnèrent le combat, jetèrent au sol leurs armes en gages de soumission, ou s'enfuirent à travers le chaos du champ de bataille.

Les bataillons restants se rendirent à leurs tours ou tentèrent de s'échapper, mais la cavalerie Ircaniènes s'employa à massacrer les fuyards, coupant court à toute velléité de fuite.

Enfin, la tempête de métal hurlant se tut.

Les armées Libres étaient vaincues.


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Tôlem ne reprit conscience que lorsque des mains fermes le tirèrent rudement de sous son tombeau de terre retournée, le plongeant dans un océan de souffrance.

Chaque parcelle de son corps meurtri le faisait abominablement souffrir.

Sa vue était brouillée par un voile de brouillard rougeâtre, ses oreilles bourdonnaient affreusement, sa respiration se faisait sifflante, appuyant sur ses côtes brisées... Son visage tout entier n'était qu'un abîme de douleurs sourdes et lancinantes qui l'irradiait, manquant à chaque instant de le faire défaillir à nouveau. Il n'eut pas la force de l'inspecter davantage, ses bras pendant mollement le long de son corps brisé.

- Celui-là n'est vraiment pas beau à voir, parvint-il à peine à attendre au travers du bourdonnement incessant. Il aura rejoint le Néant Glacial avant la nuit.

- Ce n'est pas à toi d'en juger Lodar. Les consignes sont claires. Tout ceux encore en vie doivent être mis avec le reste des prisonniers. Et préviens un soigneur.

Tôlem se sentit soulevé du sol et jeté sans ménagement sur quelque chose d'encore plus dure. Il perdit à nouveau connaissance.

Celui qui rêve sous la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant