Chapitre 26

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Poseidon

J'ai froid. Terriblement froid. Les flots m'entourent mais aucun courant ne vient effleurer ma peau. L'océan est trop calme, silencieux, étouffant.

J'ai envie de hurler mais seules des bulles s'échappent de ma bouche, noyant mon cri dans une mer étourdissante de silence. Mes émotions sont anesthésiées, seule la rage anime mon corps et me permet de ne pas sombrer plus dans les profondeurs.

J'essaie de nager vers la surface, cette sensation d'oppression devenant trop forte pour moi, mais la sortie reste inaccessible. Je me débats contre la lourdeur de l'eau qui stagne mais ne fait que me fatiguer davantage.

Mon esprit veut que je me souvienne, seulement, je suis trop exténué pour que je me rappelle de quelque chose.

Alors, je sombre.

Mon corps est comme un poids que l'on jetterait à la mer pour faire disparaître un corps.

Mes paupières se ferment.

Les souvenirs qui veulent être trouvés s'estompent.

Séléné

J'ai l'impression de flotter et je voudrais que cette sensation dure pour l'éternité. Pourtant, un poids de plus en plus lourd m'attrape les pieds et me ramène sur un sol dur et anguleux.

Ça fait un mal de chien.

J'ouvre brusquement les yeux et la lumière de la Lune m'éclaire doucement. L'air autour de moi est pur et frais, mais quelque chose cloche. Tout est trop lisse, parfait. Je me relève et commence à marcher.

Seulement, je fais à peine quelques pas que je me cogne contre une paroi de verre. Je me tourne et, les unes après les autres, elles apparaissent toutes.

Je suis enfermée dans une putain de caisse.

J'effleure la vitre devant moi et elle ondule à la surface, comme de l'eau. Je pose un peu plus ma main, mais une résistance se fait. Les rayons de la Lune brillent alors plus intensément et une chaleur se répand dans ma paume, jusqu'à devenir insupportable.

Où suis-je ?

Je m'assois contre la paroi, la tête dans les mains. Il faut que je réfléchisse à une solution pour sortir d'ici. Je ne peux pas gâcher le peu de temps qu'il me reste à poireauter dans ce qui ressemble être un sas d'isolement lumineux.

Je ne sais pas combien de temps je reste assise sur le sol à réfléchir, mais soudain, des bribes de voix me parviennent. Je reconnais celle qui parle.

Poseidon.

Je me relève et frappe contre la paroi de verre liquide.

– Je suis là ! Je suis là ! Crie-je en espérant qu'il m'entende.

Seulement, mes cris sont étouffés par la matière qui m'entoure, et je me rends vite compte que tout résonne dans ma tête, en écho.

Les sanglots du dieu des Océans reprennent et mon coeur se serre, impuissant. Je suis coincée ici et il ne peut pas m'entendre. Je ne peux pas l'atteindre et je suis contrainte de l'entendre gémir contre moi, Ulysse sur les talons.

Je l'entends me supplier de revenir, de me réveiller, pourtant je reste là, incapable d'effectuer le moindre mouvement. Un poids immense s'abat sur mes épaules, me clouant au sol, m'empêchant de respirer. Je dodeline de la tête, le froid de la paroi dans le dos. Mes doigts s'agitent et je reste focaliser sur la sensation de la pulpe contre la pulpe. C'est ce que je sais faire de mieux.

Les dieux de l'Olympe T2 - Séléné [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant