Chapitre 1

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Séléné

    Je suis assise sur le petit balcon de ma maison, les pieds posés sur les barreaux verts. Un carnet à dessin dans une main, un fusain dans l'autre, j'esquisse vaguement les habitations en contrebas. Il y a bien des années, j'ai décidé de m'installer à Fira, capitale de l'île de Santorin. Un comble pour une personne comme moi qui ne sait pas nager. Je suis entourée d'eau, mais n'y met que rarement les pieds, c'est pourquoi j'avais jeté mon dévolu sur une maison en hauteur. Une légère brise caresse mon visage, me rafraîchissant tout en me sortant de ma rêvasserie. 

Le soleil est en train de se coucher, colorant les bâtisses blanches d'une douce teinte orangée. Mais ce soir, il finirait sa course derrière les nuages.

    Je repose mes pieds nus au sol et me lève de l'unique chaise du balcon. Je me baisse légèrement pour passer par la fenêtre et referme les battants derrière moi. Je pose mon carnet et mon crayon sur le meuble en bois flotté à ma gauche et frotte mes mains noircies par le fusain en me dirigeant vers la cuisine. J'avais passé mon après-midi à croquer, à esquisser, ne me rendant pas compte des heures qui défilaient. J'ouvre un placard et prend un verre avant de le remplir d'eau. 

La luminosité commence à baisser et je sais que je ne  devrais pas tarder à partir. Je pose mon verre sur l'évier et d'une démarche légère, me dirige vers l'entrée. Avant de claquer doucement la porte, je fais un câlin à Ulysse, le chat j'ai recueilli cinq ans auparavant dans un refuge.

Un soir, je m'étais sentie tristement seule et m'étais dis qu'il me fallait de la compagnie. Le lendemain, au saut du lit, je m'était rendue dans le refuge le plus proche et avais adopté une petite boule de poils grise qui était mise de côté par les autres animaux du centre et qui avait été oublié par les responsables. Je m'étais immédiatement prise d'affection pour le chaton car il me ressemblait. Me faisait penser à mon histoire. Personne ne le voyait, mais moi si. Personne ne voulait jouer avec lui alors que le ferais avec plaisir et lui apporterais tout l'amour dont il avait besoin, car malheureusement pour moi, j'en ai à énormément revendre. 

Je caresse encore quelques secondes la tête grise du chat angora avant de refermer la porte derrière moi en faisant tinter les clés. Je déteste le laisser seul le temps d'une nuit, même une seule par mois. Toutefois, je ne peux le prendre avec moi,  Ulysse détestant la hauteur. Je me demande même s'il n'a pas le vertige. Ironique pour un chat. On s'est vraiment bien trouvés, moi qui ai peur de l'eau mais qui en suis entourée, lui, qui a le vertige avec une maîtresse qui se promène dans les cieux.  

Je me dépêche de rejoindre les côtes de Fira, zigzaguant entre les touristes et les habitants. 

À chaque pas que je fais, ma longue robe blanc nacré vient caresser mes mollets, provoquant un léger bruit de tissu froissé. À chaque pas que je fais, mon bracelet de cheville tinte doucement, mais je ne me rend pas compte de l'air presque irréel que me donne ma tenue. Cela fait longtemps que je pense avoir perdu cet éclat surnaturel. Presque deux mille ans pour être honnête.  

    À chaque pas que je fais, je me rapproche un peu plus du bord de l'eau en contrebas des habitations. Et ainsi de mon devoir.   

Sous mes pieds nus, le sol est légèrement chaud, encore témoin du soleil qui a ébloui la journée. Les touristes sont de sortie et m'entourent, mais aucun ne me prêtent réellement attention. Et ce, depuis que j'ai dû me cacher sur terre. Je souffle et me faufile avec aisance entre les passants. Je ne dois absolument pas être en retard, le rituel devant commencer à un moment bien précis. Si j'arrive avec quelques secondes de retard, mon frère Hélios ne se privera pas de me faire la morale. Mais encore faut-il qu'il se souvienne de moi. Je ricane légèrement en repensant à lui. Hélios me manque autant que je le déteste de ne pas avoir prit ma défense.

Les dieux de l'Olympe T2 - Séléné [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant