Les dieux de l'Olympe T2 - Séléné [TERMINÉ]

Chapitre 6

média : Better Off - Thunder and Snow

Poséidon

    Je laisse Séléné chez elle et retourne sur l'île d'Armathia. Je n'ai pas très envie de retourner sur l'Atlantide et de croiser Amphitrite après cette magnifique journée. Alors je m'assoie sur la même plage, à moitié dans l'eau, savourant les reflux marins qui vont et viennent contre moi. Je repense à Séléné, au sourire qui n'a pratiquement pas quitté son visage de la journée. Je repense à notre proximité quand elle m'a avoué ne pas savoir nager. Bon sang, qu'est-ce que j'avais envie de l'embrasser ! Et puis le charme s'est brisé quand elle a reculé.     Quel dommage... 

    Mais je suis prêt à attendre. Attendre aussi longtemps qu'il le faudra. Inconsciemment, je me frotte la barbe, le regard plongé dans le vide. Et dans les merveilleux souvenirs de cette journée. Séléné éclipse la noirceur qui envahit mon cœur depuis plus d'un millénaire. Depuis que Zeus m'a puni. Mon poing frappe rageusement la surface de l'eau avant de s'enfoncer dans le sable. Quand je détends ma main, je sens un petit coquillage que je soulève devant mes yeux. Il s'agit d'un phasianelle, un coquillage allongé en forme de tourbillon, tout blanc et qui commence à se nacrer à certains endroits. Il me fait automatiquement penser à Séléné. Je le glisse délicatement dans la poche de mon maillot de bain et ne desserre pas ma main. J'ai trop peur de le perdre. Mon esprit s'égare à nouveau et ce n'est que lorsque le ciel est devenu noir d'encre et parsemé d'étoiles que je décide enfin à me lever. J'avance dans la mer jusqu'à la base de la nuque et d'un mouvement fluide, je plonge et me propulse à toute vitesse vers l'Atlantide, mon Royaume.

* * *

    La journée est passée à toute vitesse et je n'ai qu'une hâte, retrouver Séléné dans quelques minutes. Je me dépêche de regarder le rapport des cyclopes mais je dois avouer que je le lis sans vraiment comprendre le sens des mots. Mon esprit est déjà auprès d'elle. Je suis en train de me lever de mon fauteuil quand Amphitrite fait irruption dans mon bureau. En trois mille ans, elle n'a pas changé. Elle est toujours jolie et porte encore ses cheveux ondulés extrêmement longs avec de nombreuses perles d'huîtres et autres frivolités. Ses yeux noisettes sont quant à eux, glacés et me transpercent. Ça ça a changé. Lentement, elle s'approche de mon bureau et s'assoie dans le fauteuil face à moi. J'ai l'impression de me retrouver dans une réunion d'affaires... Et j'ai horreur de ça. Je commence à me tourner vers l'immense baie vitrée qui est à moitié sous les eaux et patiente en regardant la marée monter et recouvrir ainsi le palais. Le recouvrir pour au moins un mois. Un mois sous les eaux.

Au bout d'une minute qui m'a semblé durer une éternité, Amphitrite décide enfin de parler. 

    – Je n'en peux plus.

    – Crois-moi, je te comprends.

    Je lui tourne le dos. Je n'ai pas envie de la voir, pas envie de constater qu'elle souffre, car cette punition ne me punit pas que moi. 

    – Comment pourrais-tu ? Tu peux aller à ta guise et moi je suis obligée de rester enfermée ici ! J'en ai marre Poséidon. Tu dois nous libérer.

    Je me retourne, en colère. 

    – Et que crois-tu que j'essaie de faire en léchant le cul de mon salaud de frère ! Tu crois qu'aller à toutes ses réunions me réjouis ?

    Elle ne dit rien, le regard fixé sur la fenêtre derrière moi. Je sais ce qu'elle pense et si je le pouvais je ferais tout pour le lui donner. Mais Zeus se joue de nous depuis bien trop longtemps et ne semble pas vouloir arrêter. Notre liberté est au bout de nos doigts mais nous ne pouvons pas la toucher.