Chapitre 4

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Séléné

Passer la journée à dormir ne m'a jamais fais autant de bien. Je me suis réveillée aux alentours de dix-huit heures, plus reposée que jamais. Et pour une fois, j'ai eu une nuit sans rêve. Mais sitôt ai-je ouvert les yeux qu'Ulysse, énergique, à commencer à miauler et à tourner sur le lit, signe qu'il s'impatientait.

– Mais oui je vais te les donner tes croquettes petite crapule. Laisse-moi deux secondes.

Je me glisse entre les draps et assise sur le bord du lit m'étire. Mon ventre vide gargouille en signe de protestation et comme pour mieux me rappeler à l'ordre, Ulysse miaule de concert.

Une fois le ventre du petit glouton qui me sert d'ami remplit, je me dirige vers le frigo et l'ouvre en grand. Je baisse la tête en voyant qu'il est vide et claque la porte. Mon ventre crie davantage famine. Je vais devoir aller faire des courses, chose que je n'aime pas faire. Honte à moi, l'habitude de me faire servir est restée même deux mille ans plus tard. Ulysse, comme pour se moquer de moi, se frotte contre mes mollets en miaulant joyeusement.

– Oh tais-toi, tu es un vrai petit roi ici. Tu pourrais aller faire les courses pour une fois.

Il me crache dessus et s'enfuit vers le salon. Quel traite ! Je sors de la cuisine en souriant et me dirige vers la salle de bain. Un petit brossage de dents plus tard, je sors m'habiller à toute hâte avant de récupérer le panier en osier poser sur le sol de l'entrée.

En marchant vers l'épicerie du coin, je sens un petit picotement sur ma nuque et me sens observée. Je dois sans doute rêver, personne ne me regarde jamais. Mais maintenant que j'y pense, ce matin, en rentrant j'ai ressenti la même sensation mais j'étais tellement fatiguée que je n'y ai pas fais attention. Ma conscience me crie de me retourner mais je lui tire la langue et n'en fais qu'à ma tête. Qui pourrait bien me regarder, moi, la déesse oubliée ?

Je rentre dans l'épicerie et me dirige vers les étales de fruits et légumes. Je vais me retourner pour attraper un melon quand je rentre dans quelqu'un. Le choc n'est pas violent et un frisson me parcourt des pieds à la tête. J'observe mes abricots rouler sur le sol et s'arrêter devant des pieds d'homme. Je rougis vivement et m'excuse tout en relevant la tête.

– Je suis terriblement désol...

La fin de ma phrase meurt sur mes lèvres. Devant moi, Poséidon m'observe, un sourire aux coins des lèvres. Je rougis un peu plus et me penche pour ramasser mes courses étalées à ses pieds.

– Pas de soucis.

Il se penche à son tour et me tend deux tomates. Je lui souris et les pose dans mon panier sans vraiment faire attention. Je sens que je vais avoir de la bouillie dedans, mais tant pis, la surprise dépasse le reste.

Je ne sais pas quoi dire. Ses yeux vert d'eau me coupe le souffle. Je ne les avais jamais vu d'aussi près et je jure que je ne sais pas comment j'arrive encore à rester accroupie. Poséidon m'a remarquée. Poséidon m'a suivie. C'est peut-être un signe ? Peut-être vient-il me chercher pour retourner sur l'Olympe ? Mais je ne sais pas si j'en ai vraiment envie... Et avant que je contrôle ma bouche, je sors la pire phrase de l'univers.

– Un peu plus et on faisait une salade de fruits.

Par les dieux, je viens vraiment de lui dire ça ? J'ai envie de me frapper la tête contre le sol, mais contre toute attente, il surenchérit.

- T'imagines, de la tomate avec des abricots ? Beurk.

Je rigole légèrement et me relève. Je lisse mon haut et en relevant la tête, je m'aperçois qu'il me tend la main.

Les dieux de l'Olympe T2 - Séléné [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant