Chapitre 5

1.2K 82 8
                                    


Séléné

Depuis qu'il m'a quitté hier soir, je ne pense qu'à lui. Et au fait qu'il doive venir me voir aujourd'hui. Je stresse. Comment je dois me comporter avec lui ? Je n'aie tellement plus l'habitude de passer du temps avec des personnes, humaines ou divines, que je ne sais pas trop quoi faire. Lui faire la bise ? L'inviter à l'intérieur ? Pire, je vais devoir tourner ma langue sept fois dans ma bouche. Et seuls les dieux savent à quel point c'est compliqué pour moi. Ma bouche dégaine plus vite que mon cerveau et tout ce que je dis n'est pas forcément filtré.

Je suis assise sur mon balcon à observer le soleil se lever tout en mangeant des flocons d'avoine dans du lait de noisette, et mon cerveau tourne à plein régime. Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ? Pouvoir se dire ? Et puis pourquoi veut-il passer du temps avec moi ? Il y a anguille sous roche. C'est étrange... Je ne comprend vraiment pas Poséidon. Il est marié donc logiquement, il ne doit voir en moi qu'une potentielle amie. Du moins je l'espère, car même s'il est super attirant, j'ai beau avoir eu un béguin pour lui il y a des millénaires, lui et moi ne pouvons être qu'amis. Point. Mais alors, pourquoi rechercher mon amitié ? Vraiment ? Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ? Et se dire ?

Par les dieux, les relations sont tellement compliquées !

Ma conscience grogne. Elle veut que j'arrête de me poser toutes ces question, mais c'est plus fort que moi, je suis obligée de cogiter. Ce n'est pas elle qui n'a eu pour amis que ses frères et sœurs. Et encore, si l'on peut appeler amitié la relation que nous avons entretenue. C'était plutôt une forme d'amour abusif. Ils ordonnaient, manipulaient et j'obéissais. Mais avec ma vie sur Terre, c'est désormais terminé, et j'en suis soulagée.

– Je vais avoir besoin de force. Et de beaucoup de courage, me souffle-je.

Une heure plus tard, je suis toujours au même endroit, un petit snack sur la table en fer recouvert d'une peinture verte foncée et mon carnet à dessin dans les mains. Je ne peux pas m'empêcher de dessiner, de peindre. Et puis c'est mon gagne-pain. Sans ça, je ne pourrai pas vivre aussi confortablement et serais sans doute obligée de mendier. Les miens ne m'ont pas vraiment fais de cadeau quand j'ai été forcée d'être bannie. Je souffle, les mauvais souvenirs n'étant pas très loin. Je me concentre alors sur la pointe de mon crayon et sur les lignes qui prennent vie sur le papier vierge.

Je suis tellement concentrée que je ne remarque pas tout de suite qu'on m'appelle. Puis le caillou qui rebondit sur la table me fait sauter de ma chaise. Je baisse la tête et aperçoit Poséidon en bas, un petit sourire espiègle aux lèvres.

– Qu'est-ce que tu fais ici ?

– Et toi, qu'est-ce que tu fais encore ici, dit-il en appuyant bien sur le ici.

– Si tu veux tout savoir, je ne comptais pas sortir. Il va faire trop chaud aujourd'hui, tu n'as pas regardé la météo ? Je suis bête, il n'y a pas la météo sur l'Olympe. Vous avez vraiment tort, c'est génial, plus besoin de demander à l'un ou à l'autre ce qu'il compte faire de ses pouvoirs.

Poséidon sourit un peu plus, cale une main dans la poche avant de son short et passe l'autre dans ses cheveux ondulés et encore humides.

– Raison de plus pour m'accompagner à la plage.

– Hors de question. J'en ai horreur.

C'est à moitié vrai. J'aime la plage, le bruit des vagues, surtout au coucher du soleil. Mais ma peur de me noyer m'empêche de profiter pleinement. Ça et les touristes aussi. Ils sont généralement sans gêne et bruyants.

Les dieux de l'Olympe T2 - Séléné [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant