Chapitre 15 - Partie 2

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média : wires - the neighbourhood

– Comment ça, il faut passer par l'Atlantide pour aller dans les Enfers ?

– Le portail que m'a donné Hadès se trouve dans mon palais, je ne peux pas faire autrement.

J'ai envie de m'arracher les cheveux. Je vais devoir enfreindre les règles. Deux fois. Je n'étais déjà pas prête à aller dans les Enfers et maintenant me voilà à devoir me déplacer dans le palais de Poséidon, qui est sous des litres et des litres d'eau. Je vais vomir.

– Tu as déjà fait le plus dur en acceptant.

– C'était avant de savoir qu'il fallait que j'aille m'enterrer sous l'océan !

Je sens mon estomac se retourner et ma respiration accélérer. Mes doigts se mettent en pilote automatiques et bougent dans tous les sens. J'essaie de me focaliser sur la pulpe qui rencontre la pulpe mais c'est plus fort que moi, je n'imagine que l'eau. De l'eau vraiment partout.

– Bon, donne-moi le sac, on reste là.

Je ne suis qu'une poule mouillée. Une pétocharde qui va empêcher Poséidon de rencontrer son neveu ou sa nièce.

– Pose ce sac de suite !

Je lui prends la main, l'estomac sur le point de rendre le petit-déjeuner que j'ai englouti il y a une heure. Mes doigts tremblent et j'essaie de ne pas trop réfléchir, ce qui est, par les dieux, extrêmement difficile.

– Tu as deux secondes pour ramener nos fesses chez toi.

Il paraît surpris mais se reprend très vite. Il a compris que plus on reste ici, plus je vais me dégonfler. Je lève la tête et hurle à Ulysse un au revoir avant de disparaître. On atterrit dans une chambre teintée de reflets bleus. Je me tourne et découvre une large vitre qui laisse rentrer les mille et une couleurs de la mer dans la pièce. Mes yeux s'émerveillent de la richesse des teintes. Soudain, un poids dans mes épaules s'envole et l'immensité de l'eau ne me fait plus si peur.

– C'est donc ça la vue d'en dessous ?

Poséidon me rejoint et hoche la tête contre mes cheveux.

– C'est magnifique.

Il aspire bruyamment et lâche un souffle de libération. Je crois que je viens de lui donner les clés de mon coeur. Je crois que je viens de nous donner à tous les deux une image de ce que cela pourrait être de vivre ici. Ensemble. Je chasse en vitesse cette information de ma tête et m'imagine plutôt celle d'Amphitrite, rouge de colère que son mari ai ramené une saleté de bannie dans son royaume. Je me décale de l'homme qui fait chavirer tous mes sens et mes yeux tombent sur le lit.

Très mauvaise idée.

Je cherche désespérément autre chose pour faire taire le flots d'images qui me viennent en tête. Sauf que la seule chose que mon cerveau veut imaginer c'est Poséidon, à moitié nu, avec ces couleurs qui embrassent sa peau.

– Tu m'as dit qu'aujourd'hui, c'était la date de ton bannissement non ?

Je hoche la tête, incapable de répondre. Il s'en souvient sont les seuls mots qui trottent dans ma cervelle. Je le vois contourner le lit de tous mes fantasmes et prendre une petite boîte posée sur la table de chevet. J'en déduis qu'il nous a alors fait venir dans sa chambre.

– Tiens, ce n'est pas grand-chose.

J'ouvre le petit écrin et rougis de plaisir.

– Ce n'est pas grand-chose, ajoute-t-il une seconde fois.

Je le coupe instantanément, sortant le collier de son coussin noir.

– Tu rigoles, il est magnifique ! Je l'adore ! Je relève la tête et le regarde droit dans les yeux. Merci beaucoup.

Je lève le coquillage jusqu'à mes yeux et remarque le nacre qui commence à se former.

– Quand je l'ai vu, j'ai de suite pensé à toi.

– Tu peux me le mettre ?

Il acquiesce et se place derrière moi. La fine chaîne en argent glisse sur mon cou et je me rapproche peut-être un peu plus de Poséidon, le coeur au bord de la falaise, prêt à sauter dans le vide. Je passe une main sur le coquillage et me retourne, les yeux certainement illuminés comme un feu d'artifice.

– Tu es prête ? Me demande-t-il sans lâcher ma main.

– Aussi prête que je pourrai l'être.

Il se tourne vers la porte et nous fait sortir discrètement dans le couloir au mur nacré.

– Nous ne sommes pas loin du passage mais il faut faire vite.

Il se met à marcher assez rapidement, mon sac dans une main, l'autre toujours autour de la mienne. Si mon corps suit la cadence de Poséidon, mes yeux, quant à eux, se posent absolument partout. L'Atlantide est absolument magnifique et je n'ai qu'une envie, le peindre. Le jeu de la nacre et de l'eau confère au lieu un calme sans faille. J'imagine très bien quelles couleurs il me faudrait pour rendre justice au lieu. Sur notre gauche, le palais est tout en ouvertures et arcades. À droite, il y a une succession de portes et d'arches amenant dans de grandes pièces meublées avec du mobilier en bois et rotin.

Soudain, Poséidon s'arrête, coupant court à mon observation, pour me pousser dans la pièce suivante et me coller contre lui. Il secoue la tête et pose un doigt sur ma bouche. J'entends alors les petits pas qui se dirigent vers nous. Mon coeur bat de plus en plus vite. Je sens le corps de Poséidon se serrer davantage contre moi et mon souffle reste bloqué dans ma gorge. Je déglutis avec difficulté et fixe les yeux verts d'eau du dieu en face de moi. J'y vois l'argenté des miens se refléter et mon désir grandit dans mon bas ventre. Il fait glisser son doigt sur ma bouche avant de le diriger sur ma gorge puis de s'arrêter à mon décolleté. Je me rapproche un peu plus de lui, et de sa bouche, mais il met fin au moment en se reculant.

– Nous devrions continuer, il est à quelques pas d'ici.

Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot. Cette fois, c'est clairement moi qui ai désiré ce baiser, et qui n'y voyait aucun inconvénient. J'ai les joues en feu, tout comme une autre partie de mon anatomie, mais j'essaie de me reprendre.

Je ne peux pas arriver là-bas dans cet état !

Et pourtant, au même moment, Poséidon s'arrête devant un large miroir en or.

– Prête ?

– Non, mais quand il faut y aller, il faut y aller.

Il glisse une main sur la surface qui ondule et nous pousse tous les deux dans les Enfers. Lui incroyablement beau, qui ne laisse passer aucune émotion. Et moi, la culotte en feu et les yeux aussi brillants que la Lune.


***

La grande aventure commencent pour tous les deux. Ce séjour dans les Enfers sera-t-il chaud ou bien glacial ?

N'hésitez pas à lancer vos pronostiques, les paris sont ouverts !!

Xx Marion

Les dieux de l'Olympe T2 - Séléné [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant