Chapitre 7 : Une rage transcendant les cieux

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Je n'ai pas de chance quand il s'agit prendre l'avion : ça crie, ça pleure, ça pue.

J'étais donc parti pour prendre plusieurs vols dont le plus long avait une durée de 11 heures. Le total du trajet devait me prendre un peu plus de 20 heures et j'avais déjà terminé le premier qui s'était bien passé. Nous étions à présent sur la plus longue partie.

Tout ça pour voir quelqu'un que je n'apprécie pas en plus. Dans quoi je me suis embarqué ?

J'espère que la vue sera à la hauteur au moins pour ce vol-ci. J'ai une place côté hublot, ce qui est plutôt bien déjà. Ce n'est que ma troisième fois en avion quand j'y repense.

Je ne suis pas quelqu'un qui ait la peur de se retrouver à plusieurs kilomètres du sol. En vérité, je trouve cela plutôt excitant au contraire. Le départ est le moment que je préfère. On fait monter les passagers puis notre oiseau métallique commence lentement à démarrer, s'en suit quelques manœuvres à faible vitesse et puis vient l'apothéose, la fameuse accélération permettant l'ascension. Tellement fascinant !

Avec le développement et la mise en production des moteurs hybrides électrique-hydrogène, les avions ont eu le vent en poupe ces dernières années. En fait, c'est le cas pour tout le domaine de l'aéronautique avec la réapparition des dirigeables qui a marqué une nouvelle ère. D'ailleurs sur les 3 vols, deux se font à bord d'un zeppelin.

Quel dommage que ces avancées soient venues un peu tard tout de même. D'un point de vue technologique, le monde progresse à grands pas. Pour autant, l'état de la planète ne s'est pas arrangé et il est encore plus important qu'avant de naître dans les bons pays maintenant. Les conflits géopolitiques ne cessent de s'aggraver car dans beaucoup de pays le coût de la vie a atteint des sommets comme cela n'a jamais été observé auparavant. Les populations font face à pénurie sur pénurie. Le climat est tendu et les pays interdits d'accès se multiplient.

Sans parler de l'était critique de notre biodiversité...

Pourquoi je me mets à réfléchir comme lui ? Cela ne me ressemble pas... Ce n'est pas comme si cela me préoccupait, tant que moi je continue à vivre décemment alors je m'en tape au fond de ces sujets. Je ne vais pas me rendre malheureux parce que justement d'autres le sont, ce serait complètement idiot.

Tu vas avoir un choc papa de voir à quel point je pense différemment de toi et je n'en peux plus d'attendre d'assister à ce spectacle !

Nous sommes l'exact opposé l'un de l'autre. Tu semblais te préoccuper des faibles alors que moi je les méprise. La vue d'un SDF ne me fera ni chaud ni froid, ils ne peuvent s'en vouloir qu'à eux-mêmes pour leurs échecs ou ils n'ont qu'à maudire en silence leurs géniteurs de les avoir amenés dans ce monde déjà chaotique. Je vise le pouvoir et l'argent, je veux que l'on me remarque, je veux faire du bruit et je ferai en sorte que ma place soit plus importante que celle des autres ! Je privilégierai toujours mon bonheur et celui de ma famille, s'il y a des espèces qui crèvent pour ça alors tant pis : c'est le cycle de la vie. Comme si ça m'impactait réellement de ne pas pouvoir un jour voir tel ou tel type d'oiseaux, ça reste des piafs et la vue des pigeons me va très bien à moi, on pourra toujours en colorer quelques-uns pour les rendre un peu plus exotiques.

Papa, tu t'autoproclames peut-être être la lumière dans l'équation et moi je dois juste être l'ombre alors mais qu'est-ce ton aura a bien pu apporter ?

C'est toujours la même arnaque avec vous les idéalistes, je vous hais du plus profond de mon être. Que de la gueule et rien dans le ventre, des losers qui croient qu'avec quelques belles et braves paroles ils pourront changer de statut, sortir de leur condition de loser !

J'ai tellement de pitié pour vous, les sortes d'écolos humanistes à deux balles !

Alors, qu'est-ce que t'as accompli papa ? T'as cru que tu pourrais changer le monde et maintenant où tu en es ?

T'as laissé ta famille crever pour nettoyer la merde des pachydermes dans un pays miteux !

Tu disais dans ton texte ne pas vouloir d'enfants et ça encore tu n'as pas su t'y tenir ! Comme moi en fait, tu devais t'ennuyer à un moment de ton existence et tu t'es finalement dit que c'était peut-être ça qui aller redonner du sens à ta vie de minable.

En plus de ton texte, maman me l'a aussi fait lire le livre que tu as écrit où tu t'exprimes encore sur ton futur enfant. Elle est bien là la cerise sur le gâteau, tu écrivais que tu ferais tout ton possible afin d'être un bon père, que tu me transmettrais toutes tes valeurs venues du monde des Bisounours, pourtant rien n'est passé !

Le pire dans tout ça est que je m'en réjouis, rien ne me fait plus plaisir que de savoir que je suis peut-être devenu justement l'antihéros de toutes les conneries que tu as pu sortir !

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