Chapitre 19 : Fête des lumières

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            A une semaine de la fin de mon séjour tombait la traditionnelle fête des lumières. Cet événement est célébré partout dans le pays en particulier près des cours d'eau et en bord de mer, il s'étale sur plusieurs jours. Cela marque la pleine lune du 12ème mois lunaire qui coïncide avec la fin de la saison des pluies. La soirée la plus festive étant celle de la pleine lune !

Par cette tradition, le pays honore en quelque sorte la déesse des eaux pour les bienfaits qu'elle apporte. On implore également le pardon de cette dernière pour la pollution des rivières ainsi que des cours d'eau, et on demande clémence en vue de récoltes abondantes.

La coutume consiste à ce que les habitants du pays construisent de petites embarcations flottantes végétales joliment décorées. On y place dessus une bougie allumée, de l'encens et des fleurs. Certains y déposeront également une pièce en espérant en retour bonne fortune, d'autres y mettront même ongles ou mèche de cheveux.

Dans certaines villes du pays, on peut avoir la chance d'assister aussi à un lâcher de lanternes néanmoins elles sont une infime minorité à utiliser de vraies lanternes. Malgré la féérie de ce spectacle, cette pratique s'est estompée peu à peu suite à quelques tragiques accidents mais aussi pour des motifs écologiques évidemment. De belles alternatives ont été trouvées avec l'utilisation des drones notamment, néanmoins cela demande autrement plus de moyen que peu de villes dans le pays peuvent se permettre !

La pleine lune était ce soir, et ici au refuge, tout le monde attendait avec impatience cette date.

Lisa avait invité sa maman pour l'occasion, Miguel avait également fait venir sa compagne et des amis à lui. Jamais il n'y a eu autant de monde ici, l'heure était à présent à a fête.

Avec Suwan et Bunma, nous partîmes à la recherche de tout ce dont nous aurions besoin afin de construire la plus belle embarcation de la région. Un concours existe afin d'élire celle qui connaitrait le plus de succès, et ces deux-là ont à cœur chaque année de le remporter. Ils connaissaient toutes les techniques afin de créer ces flotteurs, on partit à la recherche de coquilles de noix de coco sur la plage puis on décida d'aller en ville afin de mettre la main sur un tronc et des feuilles de bananier.

Par la même occasion, ils me donnaient nombreux conseils afin de me rendre le plus local possible. Même si on trichait de temps en temps en s'aidant de leur téléphone, c'est si amusant d'évoluer avec des personnes qui ne parlent pas la même langue. Si l'envie d'échanger est sincère et réelle alors sans artifice aucun, on finira par se comprendre.

Une fois de retour au refuge, on avait formé des équipes de 2 et chacune d'elle devait construire son propre bateau. Pour ma part, je travaillais de pair avec Gianni. Pour lui qui maîtrise l'origami, ce concours semblait avoir son importance, il prenait la chose au sérieux.

Chacun prenait plaisir à travailler même si on sentait une certaine rivalité que je qualifierai de positive, tout le monde souhaitait que son radeau soit le plus beau !

Oncle Jey-Jey faisait bande à part pour le coup et je pensais deviner pourquoi. Cette fête était un spectacle avant tout pour les yeux et peut-être il se sentait en décalage. Lisa m'avait prévenu qu'à une époque, il avait abusé de la boisson. Que vois-je à l'instant ? Un homme et sa gourde dans laquelle je mettrais ma main à couper qu'il n'y a pas une seule goutte d'eau à l'intérieur...

Il me fait de la peine, cependant je ne me vois pas aller lui parler, je crois deviner l'état dans lequel il se trouve, c'est celui d'un homme qui ne veut pas être dérangé et encore moins être pris en pitié.

Le plus cruel dans cette histoire, tout le monde ici présent se rendaient compte que l'oncle n'était pas dans son meilleur état, ainsi chacun lançait de temps à autre un regard plein de tristesse vers Jey-Jey mais lui ne pouvait voir aucun d'eux. Pourtant, mon cœur me disait qu'il était capable de ressentir le poids de chacun de ces visages tournés en sa personne. J'avais une théorie, à chaque fois qu'il en percevait un, il reprenait une gorgée dans sa gourde ! Croyez-moi quand je vous dis qu'il en prenait souvent.

Concernant la répartition du travail au sein de mon équipe, Gianni s'occupait du pliage des feuilles de bananier et de tout ce qui allait composer l'esthétisme du bateau. Alors que moi je m'occupais des gros œuvres comme couper un morceau du tronc de bananier afin d'avoir une base solide pour notre radeau et qui puisse flotter. Il tenait à m'expliquer toutes ses techniques de pliage dont j'allais surement en retenir aucune.

Plus loin sur une autre table, Lisa multipliait les regards envers ma personne. Je trouvais ce jeu agréable sauf quand sa mère commençait à s'y mettre aussi.

Nous avions terminé notre bateau et il était magnifique. A vrai dire, tous les radeaux conçus au refuge étaient très réussis et avaient chacun leur style, leur propre âme. Suwan et Bunma avaient finalement décidé d'en faire un chacun, leur bateau respectif était somptueux mais il manquait quelque chose, peut-être que s'ils s'étaient unis, ils auraient pu créer une œuvre véritablement transcendante.

Après cette activité, il était temps de se préparer pour la fête, enfin personnellement, je n'avais pas tant besoin de temps pour ma part mais ce fût le cas pour Lisa au moins.

Avec mon compère, on décida de patienter le temps de plusieurs parties de Ping-pong et autres activités. Durant nos échanges, il cherchait à savoir où est-ce que ça en était entre elle et moi. Je lui ai répondu que nous étions seulement très bons amis et qu'il ne se passerait rien entre nous. Il semblait déçu de cette réponse, peut-être qu'il voyait en ce festival des lumières une occasion rêvée.

Quelques heures plus tard, Lisa et sa maman nous ont demandé de prendre de l'avance car elles n'étaient visiblement pas encore prêtes. On se divisa en deux groupes qui étaient pour résumer les jeunes d'un côté à l'exception de Lisa et de l'autre les vieux. On se donna rendez-vous à l'endroit le plus festif de la ville.

Nous étions arrivés en premier dans un parc qui avait été transformé pour l'occasion.

L'événement portait en effet bien son nom, une myriade de lumières m'entourait à présent. Le rendu n'était en aucun agressif pour les yeux, au contraire, la vue était si poétique, si douce, tellement féérique. Ici et là se trouvait de nombreux spectacles, des danses en tout genre souvent faites dans des costumes insolites.

L'ambiance est si chaleureuse, les gens sont tous bienveillants et courtois. Ils s'excuseront mille fois si certains te bousculent par erreur. Rares sont les visages ne portant pas un grand sourire dans cet endroit.

En attendant les autres, on prit le temps de découvrir les différentes animations proposées et il y en avait un bon nombre.

Après en avoir pris plein les yeux et les oreilles, il était finalement l'heure de se retrouver. On s'était donné rendez-vous sur un petit pont en bois dont le style était de ceux que l'on trouve dans les jardins japonais, il était orné aussi de lumières. Le reste du groupe était arrivé en avance et on les apercevait au loin. J'ai eu du mal à la reconnaître tout de suite mais elle était là ! 

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