Chapitre 7 : 567 jours

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Après sa déclaration, Thomas était devenu affreusement silencieux pendant une longue période. Si bien que Gabriel se demandait s'il n'était pas mort. Finalement, son codétenu libérait ses poignets et s'asseyait sur ses hanches, ses mains retombant sur le ventre de Gabriel. Il avait la lumière naturelle de la fin de journée dans le dos mais le brun devinait facilement les larmes qui faisaient briller le regard de Thomas.

-       Je suis désolé...

-       Pourquoi ? Tu n'étais probablement même pas né quand c'est arrivé.

-       J'avais un an. Répondait-il distraitement. Ça n'a pas dû être facile...

-       Ma mère est une guerrière. Elle en a tiré les armes pour vivre sa vie comme elle l'entendait.

-       Et toi ?

-       Quoi moi ? J'étais pas né, qu'est-ce que tu veux-

-       Arrête le sarcasme. Tu le sais depuis quand ?

-       Je l'ai toujours su. Et aussi surprenant que ça puisse paraître, je suis fier de qui je suis, peu importe que mon géniteur soit un connard de violeur. Ce n'est pas lui qui a fait de moi l'homme que je suis. Comme ce n'est pas la faute de ma mère si j'ai fini ici ou que j'ai dérouillé ces types.

-       Ces types ? Au pluriel ? Thomas était intrigué. Gabriel devenait silencieux. Si tu es là... C'est parce que tu as frappé un violeur ?

-       ...

-       J'imagine que tu l'as mis dans un état pire que Teddy pour finir ici ?

-       Qu'est-ce que ça change ?

-       Je suis curieux, c'est tout.

-       On ne t'a jamais dit que c'était mal de se mêler des affaires d'autrui ?

-       Tu recommences. Est-ce qu'une fois, une fois seulement, tu peux être gentil ?

-       Je n'ai pas envie. Maintenant que j'ai répondu à ton interrogatoire, tu peux descendre de ma couchette et me foutre la paix jusqu'à la fin de ta sentence ?

Thomas ne bougeait pas, ses mains reposaient toujours sur le ventre de Gabriel. Celui-ci soufflait du nez avant de se redresser dans l'optique de le déloger. Il était néanmoins pris de court quand le blond entourait sa nuque de ses bras, plongeant son visage dans son cou. Il essayait de le faire lâcher mais cela n'avait pour effet que de resserrer la prise de son codétenu. Il finissait par abandonner, maugréant tout de même. 

-       Je ne connais pas ta mère mais je sens à travers toi et tes convictions que c'est une personne bien et qu'elle a élevé un homme de valeurs.

-       Un homme de valeurs ne finit pas derrière les barreaux pour violences aggravées.

-       Je suis désolé de ce qu'elle a dû vivre et ce que tu as du vivre en grandissant, en ayant connaissance de ton passé. Ignorait-il la verve de Gabriel. Je suis désolé que tu es dû prendre ma défense, même si tu ne l'as pas fait pour moi. Enfin, encore merci pour ton geste, et je suis désolé que cela ne t'ait pas apporté des ennuis.

-       C'est bon tu as fini ? Je n'ai vraiment pas besoin de ta pitié, j'en ai eu toute ma vie ça me donne envie de gerber.

Thomas se redressait, ses mains reposant sur les épaules de son codétenu. Gabriel avait un regard sombre, les sourcils contractés alors qu'il n'arrivait pas à comprendre l'attitude de Thomas. Et son désemparement ne s'arrangeait pas quand ce dernier montait sa main à ses joues et caressait la barbe qui lui mangeait le visage. Malgré l'épaisseur et la quantité de poils faciaux, il sentait la douceur de Thomas dans son geste. C'était à la fois agréable et perturbant, la dernière personne à l'avoir touché de cette façon, avec une telle tendresse était sa mère la veille de son incarcération. Il se saisissait du poignet fragile de Thomas.

Lcked (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant