Chapitre 13 : 500 jours

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Gabriel se rongeait le sang, seul dans sa cellule qui lui paraissait si sombre alors que le soleil déclinait pour laisser place à la Lune. Thomas n'était toujours pas revenu et l'heure du repas était passé. Il avait bien essayé de demander à un gardien des nouvelles du blond mais sa dernière rencontre musclée avec deux membres de leur équipe ne lui valut aucune sympathie et ses questions restèrent sans réponse. Il était donc condamné à attendre un signe de vie de Thomas.

La cellule qui n'avait jamais été grande lui parut encore plus petite maintenant qu'il avait passé plusieurs heures à faire les cent pas dans cet espace réduit entre le bureau, le lit et la grille. Même si cette dernière n'était pas encore fermée. Il en étouffait même dans cette cellule qui pourtant était très bien climatisée, avantage d'être au dernier étage. Gabriel essayait de méditer, de se détendre mais rien n'y faisait, il s'inquiétait pour Thomas. Et son inquiétude atteignait son paroxysme quand les gardiens annoncèrent l'extinction des feux. Gabriel sautait de sa couchette et sortait de sa cellule dans l'optique de parler avec un gardien. Il tombait d'ailleurs nez à nez avec l'un d'entre eux à deux pas de sa cellule mais il n'avait pas le temps d'ouvrir la bouche que ce dernier se munissait de sa matraque afin de le faire reculer dans sa cellule. Gabriel comprenant le quiproquo leva les mains en signe de reddition mais ne reculait pas.

-       Dans ta cellule 6669 !

-       Où est 6668 ?

-       Va dans ta cellule maintenant, je ne le répèterais pas !

-       Je vais y aller mais avant dîtes-moi où est Thomas ?!

-       Je t'ai dit d'aller dans ta cellule connard !

Le gardien abattait sa matraque sur le poignet de Gabriel qui échappait un cri de douleur. Il voyait rouge mais n'avait pas le temps d'envisager ce qu'il allait faire qu'un autre gardien, qui était arrivé dans son dos et qu'il n'avait pas entendu venir, lui abattait sa matraque sur la nuque. Gabriel se pliait sous la douleur. Il levait plus haut les mains pour montrer sa bonne foi. Mais les gardiens n'en avaient que faire et le matraquèrent sans merci jusqu'à ce qu'il soit allongé au sol, crachant du sang et de la bave sur le sol du couloir sous les huées des prisonniers présents dans les cellules devant lesquelles se déroulaient le spectacle de son lynchage. Quand il n'avait plus la force de faire entendre son point de vue, il était tiré comme un linge sale jusqu'à sa cellule. La grille se fermait sans qu'il n'ait plus d'informations sur le sort de Thomas. Il jurait et cognait son poing sur le sol de frustration. Cinq minutes plus tard, les lumières du bâtiment B se coupèrent.

Gabriel finissait par se redresser. Il marchait avec difficulté jusqu'au lavabo. Il s'appuyait contre le bureau pour retirer son t-shirt couvert de sang qu'il balançait dans un coin. Il jurait dès qu'il devait bouger le moindre muscle. Il se nettoyait le visage, penché au-dessus du lavabo, constatant les dégâts. Il nettoyait ses plaies du mieux qu'il pouvait avant d'enfiler un nouveau t-shirt. Avec certaines difficultés, il se hissait sur sa couchette, soupirant bruyamment quand il était enfin sur le dos et que son corps arrêtait de crier au supplice. Il ramenait ses mains sur ses yeux, se les frottant, soudainement fatigué par la situation et le bruit incessant dans sa tête. Sa montre bipait une fois, il était vingt-deux heures et toujours aucune nouvelle de Thomas.








La grille s'ouvrait finalement quand sa montre affichait trois heures vingt-sept du matin. Gabriel n'avait pas pu fermer de l'œil de la nuit. Il sautait au bas du lit, jurant comme un charretier quand la douleur se réveillait. A la lumière de la Lune il voyait que Thomas était passablement fatigué mais entier. Ils se regardèrent sans rien dire, se faisant face jusqu'à ce que le bruit des pas du gardien qui avait accompagné le blond ne se fasse plus entendre depuis leur cellule. Thomas lui souriait avec fatigue et Gabriel réduisait la distance entre eux, prenant le visage du blond dans ses mains et vérifiant qu'il ne portait aucune marque de blessures. Quand il n'en voyait aucune, il pouvait enfin respirer.

Lcked (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant