Chapitre 20 : 317 jours

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-       Je ne peux pas.

-       Pourquoi ??

-       Thomas, s'il te plaît...

-       J'ai besoin de savoir ! Je ne comprends pas !!

-       Il n'y a rien à comprendre, je ne suis pas de ceux qui aiment.

-       C'est parce que j'ai fait le tapin ? C'est pour ça que tu ne veux pas de moi ?

-       Thomas... Ne soit pas ridicule.

-       Alors pourquoi ?

-       Parce que c'est comme ça, Thomas. Moi aussi je ne sais pas, mais c'est comme ça et ça me convient parfaitement. Alors accepte-le, s'il te plaît.

-       Donc tu vas vivre seul comme une âme en peine toute ta vie ?

-       Et si ça me convient ?

-       Tu mens.

-       Thomas... Soupirait-il, lassé. Tu ne fais que rendre les choses plus compliquées.

-       Moi ? Moi, je rends les choses compliquées ? Ce n'est pas moi qui me voile la face sur mes sentiments !

-       Thomas, arrête, tu deviens pathétique. Tu es fatigué et perturbé par les évènements. Allons dormir.

-       Je ne suis pas un enfant qu'on envoie au lit ! Je ne te ficherais pas la paix tant que tu ne m'auras pas répondu !

-       Je t'ai répondu Thomas. Et ma réponse ne changera pas parce que tu agis comme une petite-amie jalouse. On n'est pas en couple, Thomas. On ne le saura jamais. Dans quelques jours tu sors, tu devras passer à autre chose.

-       Et si je ne le fais pas ? Tu vas faire quoi ? Venir me casser la gueule ?

-       Tu ne m'emmènerais pas sur ce terrain, Thomas. Dors, maintenant.

Gabriel se levait du lit mais il sentait la poigne forte de Thomas le retenir et le pousser sur le lit. Puis, Thomas montait à quatre pattes sur lui et vint l'embrasser de force. Le brun restait immobile, ne répondant pas aux baisers violents du blond qui tentait de l'amener à partager l'échange. Thomas se frottait même à lui, dans l'espoir de déclencher une réaction physiologique chez son codétenu. Gabriel n'était pas un surhomme, il ne pouvait pas contrôler les réactions de son corps à ce genre de stimuli, pourtant, sa verge restait inerte. Gabriel ressentait de la pitié pour l'acte désespéré de Thomas qui était tombé amoureux de lui, pour le plus grand malheur de ce dernier car ses sentiments ne pourront être réciproques. Gabriel s'en voulait de s'être trop rapproché de Thomas et de lui avoir donné des raisons d'espérer. Thomas était ce qu'il était mais il méritait mieux, il méritait de tomber amoureux de quelqu'un en capacité de lui rendre ses sentiments. Et cette personne, ce n'était pas Gabriel.

Il sentait le blond prendre sa main pour l'enrouler autour de sa verge mi-molle, libérée de sa prison de tissu. Thomas incitait sa main à le branler. Gabriel le laissait faire. De toute façon, qu'il le repousse ou qu'il le laisse faire, il blesserait indéniablement Thomas. Ce dernier avait d'ailleurs les larmes aux yeux, désespéré et assoiffé de l'attouchement de Gabriel. Il embrassait le brun, leurs lèvres avaient le goût de sel des larmes du blond qui continuaient de couler. Le blond essayait d'attiser le désir de Gabriel en gémissant dans son oreille mais ce dernier se refusait à offrir à Thomas ce qu'il désirait. Il devait comprendre qu'il n'était pas ce dont il avait besoin, qui il avait besoin.

Le blond roulait des hanches sur lui, son corps s'échauffant, brûlant la peau de Gabriel qui caressait la joue de Thomas, le regard triste de ne pas être en mesure de ressentir les sentiments qu'il essayait de créer en lui. Voir Thomas brisé de la sorte ne lui faisait pas plaisir, loin de là. Il semblait si pathétique... Et pourtant il était doué. La verge de Gabriel, qui n'obéissait qu'à elle-même, était dressée dans la main du blond qui la cajolait avec intention, la frottant contre le sienne. La main de l'ainé était à peine assez grande pour les contenir toutes les deux. Thomas était doué mais Gabriel ne ressentait rien. Il était comme une poupée sexuelle sans sentiment. Et rien n'y personne ne pouvait y faire grand-chose actuellement. Pas même Thomas.

Ce dernier gémissait entre les lèvres de Gabriel quand il jouissait avant de retomber comme un pantin désarticulé dans les bras du brun qui n'avait cessé ses caresses sur son visage et dans ses cheveux. Le corps de ce dernier était encore secoué par ses sanglots alors que le brun déposait comme il pouvait la couverture sur le corps de Thomas. Et il attendait. Il attendait longtemps que Thomas, exsangue s'endorme enfin. Prudemment, il l'allongeait dans le lit. Il prenait une serviette qu'il humidifiait et nettoyait sommairement son codétenu. Quand il avait terminé, il changeait son haut avant de se glisser aux côtés de l'être endormi. Allongé sur le côté, la tête reposant sur son bras plié, il caressait les cheveux peroxydés de Thomas, dégageant ses yeux bouffis par les larmes et la fatigue. Il tapotait du bout des doigts les cernes qui assombrissaient son visage. Après un moment, sa voix brisa le silence de la cellule.

-       Tu considères sûrement que de m'avoir rencontré est une bonne chose mais ce n'est pas le cas... Je ne suis pas ce dont tu as besoin Thomas. Je ne pourrais jamais être ce petit-ami que tu recherches, même si tu prétends le contraire. Je t'aime mais pas de la manière dont tu le souhaites. Pas de la manière dont notre société marche. Malgré nos différents, je suis content d'avoir croisé ta route. Tu m'as apporté plus que tu ne l'imagineras sûrement jamais. Toutefois... Il faudra que tu m'oublies une fois dehors. Ne reste pas accroché à une chimère, cela ne fera que te rendre malheureux. Tu dois aller de l'avant, mettre derrière toi cette vie de débauche qui gâche ton potentiel. Tu dois utiliser tes talents de barbier. Trouve toi un travail honnête, un appartement pas ouf au loyer trop cher. Vis une vie normale, même si elle ne ressemble pas à celle décrite dans les films. Accroche-toi à cette vie banale et monotone. Et trouve quelqu'un qui te mérite. Quelqu'un en mesure de t'offrir ce que je ne peux t'offrir.

Gabriel soupira profondément. Il roula sur le dos, les bras croisés sous la tête et le regard porté sur les barreaux mêlés qui constituaient le sommier de sa couchette. La vie prenait parfois des chemins que l'on n'envisage pas. Jamais il n'aurait pensé faire la rencontre de quelqu'un comme Thomas ici. Jamais il n'aurait pensé qu'un détenu de ce pénitencier arriverait à dépasser le stade de simple être humain croisé sur le chemin de sa vie. Thomas avait une place particulière pour lui. Il l'aimait. Et pourtant, c'est sans regret ni amertume qu'il continuera son bout de chemin dans la vie sans revoir Thomas Bellâtre et ses magnifiques yeux verts.

Lcked (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant