Chapitre 22 : 314 jours (2)

483 39 13
                                    

- Je t'avais dit que je te ferais craquer pour mon cul de pute.

- La ferme. Je n'ai pas changé d'avis, Thomas. Je ne suis pas la personne dont tu as besoin dans ta vie, je ne donne pas dans le couple.

- Alors pourquoi cette manie de m'embrasser dernièrement ? Certains pourraient croire que tu t'es langui de moi au fond de ton cachot.

Thomas était allongé sur lui, le chevauchant. Il jouait avec le col de son t-shirt, le tirant pour apercevoir plus de peau tatouée. Gabriel le laissait faire, sa propre main caressant les mèches blondes de celui-ci. Ils n'y avaient rien de normal dans leurs positions et pourtant Gabriel ne ressentait pas l'envie de lui demander de bouger.

- J'ai pensé à toi presque tous les jours depuis le fond de mon cachot. Reprenait Gabriel après un moment de silence.

- Vraiment ? Demandait Thomas, surpris par cette franchise. Pourquoi ?

- Je ne sais pas.

- A quoi pensais-tu exactement ?

- Au début... Je m'en voulais de la dernière image que tu aurais eue de moi à ta sortie... Moi trainé de force par les matons parce que j'ai refait le portrait de ce connard. Puis, avant que je ne perde le compte des jours qui passaient, j'ai compté le nombre de jours qu'il restait avant que tu ne sortes de cette prison. Je me demandais ce que tu deviendrais une fois dehors. Ensuite...

- Ensuite ?

- Je... C'est flou dans ma mémoire. J'étais enfermé dans le noir complet. On ne m'emmenait à manger que de temps en temps, je ne pouvais pas dire si on était le jour ou la nuit. J'ai sombré dans la folie, je ne dormais plus. C'étaient les pires moments de ma vie. J'ai cru que j'allais perdre la raison. Mais je me raccrochais à ton image, au moment qu'on a pu passer malgré nous. C'est grâce à toi que je ne suis pas en secteur psy à l'instant.

- Je suis désolé...

- Pourquoi tu es désolé ?

- C'est ma faute si tu as fini au QHS à de nombreuses reprises. Si tu ne t'étais pas mêlé de mes tracas, tu n'aurais pas eu à supporter cette torture.

- C'est vrai. Mais tu vois, je ne peux même pas t'en vouloir. C'est arrivé, c'est tout. Tout ce qui importe, c'est que grâce à toi, je n'ai pas perdu la raison. Alors merci.

- Est-ce que c'est pour ça que tu m'as embrassé au salon ? Parce que c'est grâce à mon image que tu es resté sain ?

- Peut-être, je ne sais pas.

- Pourquoi m'as-tu embrassé ?

- Je n'ai pas la réponse à cette question.

- Tu sais que ce que tu me demandes... De t'oublier... Je ne pourrais pas. Tu le sais, n'est-ce pas ?

- Pourtant tu le dois, Thomas.

- Pourquoi ?!!

- Parce que t'accrocher à moi, c'est ruiner tes chances de recommencer une nouvelle vie. Même si j'acceptais de faire partie de ta vie hors de ces murs, je finirais par te blesser. Et ça, je refuse. C'est mieux de laisser notre relation, peu importe ce qu'elle est, derrière les barreaux de cette cellule soixante-six. C'est mieux ainsi.

- Et si tu avais tort ? Et si sans toi dans ma vie je retombe dans mes travers ? Et si sans toi à mes côtés je ne suis pas capable d'avoir cette nouvelle vie que tu me souhaites ?

- Tu le devras pourtant. Je ne changerais pas d'avis, Thomas.

- Pourquoi tu t'empêches d'être heureux ?

Lcked (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant