Chapitre 12 : 501 jours (2)

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Gabriel avait avalé en vitesse son repas avant de retourner à la cellule. Alors qu'il traversait les couloirs, il espérait y trouver Thomas. Il grimpait les marches quatre à quatre et courait dans le couloir menant à la dernière cellule du sixième étage. Pour une fois, il détestait la position de sa cellule dans ce foutu bâtiment. Il dérapait devant la cellule, soufflant comme un bœuf mais soupirait bruyamment de soulagement quand il voyait Thomas assis au bord de sa couchette. Il avait les épaules voutées, la tête basse, les coudes en appui sur ses genoux et il se tordait les mains. Gabriel venait s'asseoir à côté de lui, prudemment, il passait son bras autour de ses épaules et le tirait à lui. Thomas ne résistait pas, posant sa tempe sur l'épaule du brun pendant que ce dernier caressait son dos.

- Je te promets que je ne le laisserais pas te faire de mal.

- Ne fais pas de promesses que tu n'es pas sûr de pouvoir tenir.

- Thomas...

- S'il te plaît Gabriel. Merci pour ce que tu as fait, merci de t'inquiéter mais je ne peux pas continuer à me reposer sur toi. Il te reste cinq cents jours à tirer, ne gâche pas ta mauvaise conduite pour moi, je ne le mérite pas.

- Thomas...

- Promets-moi que tu ne feras rien sauf si je te le demande expressément.

- Thomas, je ne-

- Promets-moi, Gabriel.

Thomas s'était redressé, s'écartant des bras de Gabriel qui retombaient sur ses genoux. Il avait un regard fermé, aucune trace de malice sur le visage. C'était la première fois qu'il voyait une telle expression sur le visage de son codétenu. La situation ne lui plaisait clairement pas. Il avait vu le regard de Teddy, la lueur maline dans ses yeux et l'aura de vengeance. Thomas ne pourrait jamais lui échapper seul. Mais en même temps, il ne pouvait pas le forcer à accepter son aide s'il ne la désirait pas. Après tout, il avait passé les deux cents premiers jours de son incarcération à lui dire qu'il ne se mêlerait jamais de ses affaires. L'eau avait coulé sous les ponts depuis.

- Je le promets, si tu me promets de me prévenir s'il s'en prend à toi.

- Gabriel...

- Thomas, je ne rigole pas.

- Moi non plus. Je te remercie de ton inquiétude mais tu avais raison.

- Comment ça ?

- Je ne suis rien pour toi, juste ton codétenu. Ce qu'il m'arrive, je l'ai cherché, maintenant il faut que j'assume.

- Ce n'est pas-

- Tu lui as bien refait le portrait, il n'osera peut-être pas s'en prendre à moi. Teddy est un con mais il n'est pas débile au point de risquer d'être emprisonné à perpèt' à cause d'une salope comme moi.

- Pourquoi tu fais ça ?

Gabriel était décontenancé et quelque part déçu par la façon dont Thomas traitait de la gravité de la situation. Il comprenait pourquoi il faisait et agissait de la sorte. Mais pourquoi ce revirement après avoir passé les six derniers mois à lui tanner le cuir pour qu'il devienne son garde du corps personnel ? Gabriel aimerait trouver quelque chose à lui dire pour lui faire reprendre la raison mais rien ne lui venait. Après tout, il ne savait toujours pas pourquoi il tenait tant à veiller à la sureté de Thomas.

- Il est l'heure que j'aille au taf. Tu passes dans l'après-midi ? Demandait-il comme si de rien n'était. Comme s'il n'était pas tendu comme un string. Comme s'il n'avait pas les yeux rouges d'avoir pleuré.

Lcked (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant