Lcked (Tome 1)

Chapitre 17 : 419 jours (3)

Même s'il avait fait son temps supplémentaire sans causer le moindre trouble, Gabriel avait encore un sursis. Ainsi, il ne mangeait pas à la cantine avec les autres. D'ici une semaine, s'il n'était lié à aucun problème, il pourrait reprendre sa vie normale. C'était relatif, on était d'accord puisqu'il était toujours enfermé. Toutefois, il devait avouer que c'était agréable de pouvoir manger dans le silence, juste avec le bruit des cuisines finissant de préparer le service du soir. Gabriel finissait son repas, on l'installait dans une salle habituellement réservée aux rencontres avec son avocat le temps que les autres détenus se dirigent vers le réfectoire. Quand le chemin fut libre, Mike, le gentil maton l'accompagnait jusqu'en bas de l'escalier menant à son étage et attendait qu'il soit dans sa cellule pour la fermer.

C'était bizarre de revenir dans cette cellule. Elle était bien plus accueillante et chaleureuse que le trou dans lequel il avait vécu ces dix derniers mois. Et pourtant, elle était loin d'être d'un confort extrême. Ses affaires étaient toujours à leur place, intouchée. Celles de Thomas aussi, même si on voyait très bien que sa brosse à dents avait servi ce midi, ou que son savon était encore humide de sa douche. Gabriel se hissait sur sa couchette, s'allongeant. Il soupirait longuement, appréciant la douceur du matelas. Pareil, il était loin d'être confortable mais comparé à la paillasse médiévale du QHS, il avait l'impression d'être dans un matelas de luxe et des draps en plume d'oie. Il sentait les muscles de ses épaules et de son dos se détendre, et avant même qu'il n'en ait conscience, il s'endormait.

Il se réveillait quand il entendait le bruit de la grille métallique s'ouvrir puis se refermer. Il ouvrait difficilement les yeux et voyait Thomas qui le regardait, statique. Gabriel chassait les miettes du sommeil en se frottant les yeux et sautait au bas du lit. Thomas n'avait toujours prononcé aucun mot. Gabriel attrapait le revers de son haut et le tirait à lui. Il déposait ses lèvres sur les siennes, son autre main montant à son visage alors qu'il le faisait reculer contre la grille. Il dévorait littéralement les lèvres du blond comme s'il était affamé. Il l'était d'une certaine façon. Il avait besoin de contact humain. Sa main qui se trouvait sur son torse, s'attardait sur son tatouage de cadenas puis glissait à sa hanche et la serrait, collant le bas de son corps contre le sien. Thomas gémissait pitoyablement contre ses lèvres. Gabriel le relâchait, gardant son visage près du sien tout de même.

-       Qu'est-ce que tu fais encore là ? Tu devrais être dehors !

-       Gabriel... Murmurait Thomas en fermant les yeux, la voix teintée d'émotions.

-       Dis-moi ce qu'il s'est passé.

-       J'ai essayé de tuer Teddy...

-       Quoi ?

Gabriel était si surpris qu'il en avait crié. Les autres détenus gueulèrent mais Gabriel ne s'en n'inquiétait pas, il cherchait le regard de Thomas qui avait détourné les yeux, rougissant. Pourquoi d'ailleurs ? Le brun tirait le blond vers le lit, l'asseyant avant de l'y rejoindre.

-       Raconte-moi.

-       Après qu'ils t'aient emmené... Ils ont emmené Teddy à l'infirmerie. Il y est resté quelques semaines. Quand j'ai su qu'ils allaient le laisser revenir au bloc, j'étais en colère et j'ai... Thomas faisait une pause, se redressant. J'ai fait semblant d'être malade pour finir à l'infirmerie et j'ai essayé de l'étrangler dans son sommeil mais il s'est réveillé, il m'a repoussé. Je suis tombée contre le meuble en verre, j'ai pris un morceau à pleine main et j'ai visé le visage, le cou. Je l'ai touché à plusieurs reprises mais jamais assez pour le tuer... J'ai échoué.

Gabriel prenait les mains de Thomas dans les siennes, il les retournait doucement et découvrait sans surprise que l'une d'entre elle était barrée par une grande cicatrice blanche à la peau fragile. Il la caressait de la pulpe de son pouce. Thomas retirait ses mains, surprenant Gabriel.