-Oh mon dieu.
Eléa reprit connaissance. Elle avait la sensation de sortir d'un coma d'une très longue durée. C'était un peu le cas. Elle ne perdit pas une seconde pour se débrancher de tous les appareils. Apparement, le docteur Smith n'avait pas cru utile de les fixer tant elle était si certaine de son plan. Quelle innocente dame.
Sur l'autre lit, Noa revenait également à elle, plus lentement qu'Eléa et le souffle plus saccadé. Affolée, elle balaya la chambre du regard. Elle passa une main sur son cou pour s'assurer que sa cicatrice avait disparu, elle n'y était plus, ce qui lui enleva une angoisse considérable.
Les deux jeunes filles eurent l'intelligence de ne pas se lever trop vite. Avec tous leurs cours de science, elles savaient bien qu'il fallait accorder du temps au corps pour ne pas qu'il s'affaiblisse trop vite.
Mais, dès qu'elles furent sur leurs pieds, elles se jetèrent dans les bras l'une de l'autre. Elles avaient survécu, c'était impensable, inimaginable même. Elles s'étaient senties mourir plus d'une fois, en proie à une angoisse qu'elles n'avaient jamais vécue auparavant.
-Il faut qu'on parte d'ici le plus vite possible. On doit fuir.
Noa était devenue beaucoup plus angoissée qu'Eléa. Elle établissait déjà différents plans qui leur permettraient de sortir sans se faire repérer. Eléa vit le traffic dans les yeux de son amie et l'interrompit sans attendre.
-Chut, écoute un peu.
Noa comprit rapidement sur quoi Eléa avait voulu apporter son attention. Il n'y avait aucun bruit dans l'hôpital. Pas de plaintes de malades, pas de bruits sourds des machines ni même des sandales que portaient les infirmières. Elles étaient seules.
-Tu penses que l'on a réussi? Comment te sens-tu? Enfin, je veux dire, est-ce que tu te sens différente? Moins craintive?
Noa hésitait sur chacun de ses mots, aborder la question n'était pas chose aisée.
Eléa prit un instant pour analyser son fort intérieur. Pour la première fois de sa vie ou du moins, aussi loin qu'elle puisse s'en rappeler, la boule au creux de son ventre avait disparu, volatilisée. Elle était plus légère. Ses pensées n'étaient pas diffusées dans tous les sens. Et surtout, elle n'avait pas peur.
Depuis petite, Eléa avait l'habitude d'être effrayée en toute situation, elle s'imaginait que quelque chose d'horrible allait se passer et que cela ne pourrait en être autrement. Tout son corps était sans cesse alerte, prêt à fuir si l'occasion s'en présentait.
Pour vérifier que tout allait bien, elle baissa les yeux sur ses bras, s'obligeant à regarder les traces de piqures. En temps normal, cela aurait suffi à la faire trembler. Cependant, rien n'arriva. Eléa inspectait, curieuse et non apeurée.
Elle offrit un grand sourire à Noa. Cette dernière la resserra contre elle. Elles n'avaient donc pas subi tout cela pour rien.
-Assez trainé. Nous devons rejoindre les garçons maintenant.
-Comment va-t-on savoir où ils sont?
Eléa n'avait pas réfléchi à la question. Elle n'en avait pas eu besoin car à la seconde où l'image d'Harry et James bondit dans son esprit, elle ressentait leurs émotions. Ils avaient peur, ils fuyaient et Eléa était capable de traquer ces sentiments avec la précision d'un chien de chasse.