"Tic Tac" "Tic Tac" "Tic Tac"
Le bruit continuel de cette horloge me parvient, je ne sais pas où je suis. Mon esprit est vide, entièrement consommé par l'obscurité dans laquelle je ne vois aucune issue possible. Je prends une profonde respiration. D'habitude, il ne me faut que quelques secondes pour que le tintement d'une horloge passe en second plan, pour qu'il ne devienne plus qu'une musique d'ambiance que je ne remarque pas. Ce n'est pas le cas. Le tintement devient de plus en plus fort et pour ne pas arranger mon cas, je me rends compte que je suis capable de plus que simplement entendre ce tintement. C'est étrange c'est comme si ces bruits suffisaient à me transmettre l'heure. Je ne perçois pas l'heure, je ne la vois pas mais, je la ressens.
Alors que je me concentre sur ce détail, je remarque que mon imagination commence à travailler à la représentation de cette horloge. Je l'imagine grande, imposante, dominante.
Et puis, soudainement, tout s'arrête. Une main m'agrippe le poignet et je suis violemment projetée hors de ma réalité. Le monde autour de moi m'assaille. Les lumières sont vives, je ne distingue rien devant. Je suis debout et je me demande comment j'ai fait pour ne pas le remarquer avant. Je baisse les yeux pour découvrir que je porte une magnifique robe en dentelles blanche. Je passe les mains dessus pour m'assurer qu'elle est bien réelle, elle l'est. Je ne me rappelle pas l'avoir enfilée.
Mes oreilles se mettent à siffler, c'est là que je réalise que je ne suis pas seule. Il y du bruit autour de moi, beaucoup de bruit. Du bruit incessant, s'accordant avec celui de l'horloge.
Les bruits augmentent, ce sont des discutions, des brouhahas. Je relève la tête et en découvre l'origine. Je manque de trébucher en voyant la foule devant laquelle je me dresse. Je suis surélevée, ils me regardent, me scrutent presque. Je sens mes joues chauffer..
Je tourne la tête, interpellée par la sensation autour de mon poignet. Comment ai-je pu être aussi stupide? Je vois l'homme en qui j'ai le plus confiance, mon père adoptif et par conséquent, l'homme le plus puissant de cette ville. De son regard, il me demande si tout va bien. Père s'est toujours inquiété pour moi.
-Désolée, j'étais ailleurs, l'espace d'un instant.
-Tu vas bien maintenant? S'inquiète-t-il.
-Oui père, je te remercie.
Je me force à reporter mon attention. Le bruit de l'horloge est toujours bien ancré en moi, je ne parviens pas à l'oublier mais je réalise vite que je ne veux pas l'oublier. C'est normal de savoir l'heure à tout temps de la journée, de la ressentir. Comment ai-je pu penser autrement? Je le sais pourtant.
Je me remets bien droite, passant mes mains sur ma robe pour la défroisser.
Je scrute le monde devant moi. Ils ont l'air tous identiques de là où je me trouve. Juste des habitants suivant les mots de père à la lettre.
-Chers Habitants de Londres, je vous remercie une fois de plus pour votre soutient. A chaque réunion, nous sommes de plus en plus nombreux et cela me fait chaud au coeur, croyez moi.
Des applaudissements le coupent. Il calme la foule, un sourire aux lèvres.
-Aujourd'hui je n'ai rien de nouveau à vous apprendre malheureusement. Notre situation est toujours la même. Plus de gardes ont été postés et font tout leur possible pour assurer notre sécurité. Bien que cela s'avère compliqué par moment. Les temps sont durs, je ne vous le cacherai pas, jamais. Dans une telle période, nous devons pouvoir compter les uns sur les autres.