Eléa avait convenu que la meilleure façon de faire face à monsieur Arrington était qu'il ne s'en rende pas compte. Elle ne pouvait comprendre comment les personnes évoluaient dans ce monde parallèle. Toute de fois, elle savait que peu importe où il se trouvait, monsieur Arrington avait du pouvoir et elle ne devait pas l'oublier.
Alors, Noa et elle avaient convenu qu'elle devait jouer à la parfaite fille. Celle qui cherchait à se faire pardonner de ses erreurs passées, celle dont le moindre pas criait à la perfection. Elle devait redevenir celle qu'elle avait toujours été pour ses parents adoptifs mais, cette fois c'était pour un homme dangereux aux mauvaises intentions.
Au soir tombé, elle revêtit la plus belle robe qu'elle trouva dans son armoire. Une robe cousue dans un tissus fleuries rose, tombante jusqu'aux chevilles. Elle criait innocence. Chaque détail avait été pensé pour que l'on voit en Eléa la jeune fille irréprochable, voire une oeuvre d'art.
Eléa ne pouvait nier qu'elle avait toujours rêvé de porter une tenue d'une telle splendeur, seulement elle aurait aimé vivre cette expérience dans un autre contexte.
Elle renvoya le maquilleuse et la coiffeuse. Elle avait une idée en tête de ce qu'elle voulait et n'avait besoin de l'aide de personne, affirmait-elle. Elle se montrait assurante, telle la fille d'un dictateur, ce qu'elle était dans ce monde.
Elle attacha ses cheveux en un chignon élevé, ne laissant aucune mèche dépassé grâce une grosse quantité de laque. Elle se maquilla légèrement, juste assez pour paraître plus éveillée qu'elle ne l'était réellement mais, pas suffisamment pour jurer avec le style de la robe. Elle décida de couvrir son cou d'un collier en perle qu'elle avait découvert dans une boite posée sur sa commode. Elle était fin prête.
Elle se rendit dans la salle à manger à sept heures tapante. Pas une minute de plus ni une minute de moins. Elle affichait un sourire rayonnant. Elle prenait son rôle coeur. Elle approcha de monsieur Arrington et malgré l'immense dégout qu'elle ressentait, elle posa un baiser sur sa joue. Tout en délicatesse.
-Tu es ravissante Eléa.
La complimenta monsieur Arrington tout en lui indiquant de s'installer à sa place. Eléa remarqua vite que plusieurs couverts avaient été dressés. Pour tout dire, il y en avait tant qu'il ne restait plus une place vacante à la table.
-Nous attendons des invités père? Tu aurais du me prévenir, je me serait vêtue d'une façon plus convenable.
-Oui Eléa, ils ne devraient pas tarder. Et ne t'en fais pas, tu es tout bonnement parfaite dans cette tenue.
Eléa trempa ses lèvres dans l'eau pétillante qu'on lui avait apportée. Ce fut la seule façon qu'elle trouva pour ne pas exposer au grand jour son expression de révulsion pour cet homme.
Monsieur Arrington avait dit vrai, les invités arrivèrent peu de temps après. Eléa n'avait pas le souvenir de les avoir déjà vus auparavant. Elle sentait qu'elle ne les aimerait pas. Ils dégageaient tous la même aura que monsieur Arrington. Ils étaient prétentieux, pensant sans aucun doute que leur parure valant une fortune les plaçaient au sommet de l'humanité.
Ils s'installèrent à table sans adresser un regard à Eléa. Ils n'avaient de yeux que pour monsieur Arrington qui appréciait cette attention.