Chapitre trois: la punition

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Ne désirant pas attirer les foudres de mon père, je suis arrivée pile à l'heure pour le diner. Ma ponctualité m'a valu un sourire approbateur et je ne cache pas que j'en suis très fière. Comment ne pas l'être quand l'homme le plus en vogue du moment vous montre de l'intérêt.

Je ne peux nier que la préparation a été assez infligeante. La robe en satin que je porte est absolument ravissante. Un modèle sans chichi et pourtant si élégant. Je l'ai aimée dès que je l'ai vu. Malheureusement, je ne me doutais pas tout ce qu'il fallait s'infliger pour pouvoir la porter. Mes côtes sont serrés, étouffées par mon corset. Les lacets ont été tirés au maximum ne me laissant que très peu de place pour respirer. L'habilleuse n'a cessé de me féliciter pour ma taille qu'elle a qualifié de magnifique dans ce corset. Je ne vois pas vraiment l'intérêt si cela signifie que je ne suis plus capable de respirer.

Comme je l'ai dit, je suis arrivée dans la salle à manger à 19h tapante. Là, m'attendait une table parfaitement dressée. La table est longue, en bois de chêne. Elle me fait penser aux meubles dans les maisons de riche. Le genre crée spécialement pour une unique personne. La table regorge de plats bien qu'il n'est que deux couverts dressés. Père et moi, rien que nous deux. Installés aux deux extrémités, éloignés l'un de l'autre.

Je m'installe en faisant attention de pas froisser ma robe. Je me surprends à m'assoir d'une façon très distinguée . Je sais où poser mes bras et comment placer mes jambes. Père s'attaque déjà au plat principal, un gibier d'anneau doré. J'en salive mais lorsque j'approche ma fourchette du plat, le regard de père me fait comprendre que je ferai mieux de partir sur la salade. Elle a l'air délicieuse, un mélange de légumes cuits, d'olives et d'oeufs. Parfaitement rafraîchissante. Mais, je ne m'en trouve pas moins frustrée.

La pièce est plongée dans le silence excepté pour la musique classique en fond qui a le don de me calmer.

-Reprends de la salade, c'est bon pour toi. Père m'invite, pointant la salade du doigt.

Je fais ce qu'il me dit et pique un morceau de pain, incroyablement léger au passage.

-Mademoiselle, désirez vous un jus de citron frais.

Une domestique est arrivée sans que je ne m'en aperçoive, elle tient une carafe dont les parois sont recouvertes de givre. Elle a certainement été placée au réfrigérateur pendant longtemps. Je n'en ai pas envie, je m'apprête à décliner la proposition mais, je n'en ai pas le temps. Avant d'avoir pu dire quoique ce soit. Elle se penche et verse le contenu de la carafe dans mon verre, sans oublier d'y ajouter un morceau de citron.

Je prends le temps de regarder la jeune fille, elle aussi a le cou marqué par une griffe imposante. La griffe est plus profonde que celle de Noa, elle me retourne l'estomac.

Père n'y apporte pas grande attention, il est trop préoccupé par son repas.

Les morceaux de tomates et d'aubergines qui étaient si bonnes, me paraissent maintenant dénudés de gout. Je ne parviens plus à manger, pas en sachant que d'autres jeunes filles sont destinées à un destin tragique.

-Tout va bien Eléa? Père me demande.

J'hésite quelques instants avant de poser ma fourchette sur le côté de mon assiette. Je m'essuie la bouche avec ma serviette, gagnant autant de temps que possible.

-Puis-je te poser une question père?

-Fais. Dit-il après avoir pris une gorgée de son verre de vin.

PhobiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant