Le plan qu'Eléa avait imaginé était un peu fou. A vrai dire, monsieur Carter avait longuement hésité avant de leur donner son accord. Mais, la tension d'Eléa était palpable. La jeune fille ressentait le besoin d'agir et rien ne pourrait l'arrêter. Il comprit cela et comprit que face à un tel désir, il ne pouvait rien. Noa, Harry et James donnèrent leur accord et soudainement leur monde avait basculé, prenant un détour beaucoup plus dangereux que précédemment, beaucoup plus risqué.
-Merci de m'accompagner Noa.
Eléa souffla doucement à son amie, alors qu'elle était entrain de se préparer pour leur mission. Elles sentaient toutes deux qu'elles risquaient de ne pas revenir, ou revenir mais pas totalement elles-mêmes. Elles avaient enfilé une tenue noir, composé d'un jean et d'un pull. Noa plaquait ses cheveux en queue de cheval pour ne pas les avoir devant les yeux tandis qu'Eléa lassait ses chaussures.
-Ne me remercies pas Eléa. Ce sera bénéfique pour nous tous.
Eléa haussa les épaules. Noa avait raison, néanmoins elle reconnaissait la chance qu'elle avait. Elles qui n'avaient jamais été grandes amies pouvaient désormais compter l'une sur l'autre, c'était sans aucun doute la meilleure partie de toute cette histoire.
Noa se leva et tendit son poing fermé à Eléa.
-Merci. Dit Eléa quand Noa ouvrit le poing et laissa tomber un pendentif dans le creux de sa main.
C'était un pendentif porte-photo ovale, rien de très spécial, excepté si on savait le rôle qu'il allait jouait dans l'aventure.
Eléa l'accrocha autour du cou et le cacha sous son vêtement, Noa fit de même. Elles étaient toutes deux fin prêtes.
Elles durent dire au revoir à James, Harry et monsieur Carter et une drôle de scène eut lieu.
-Tu feras attention à toi n'est-ce pas?
James qui, d'habitude, n'osait jamais s'adresser directement à Noa l'avait fait. Dès l'instant où Noa avait levé les yeux, il avait rougi fortement et sentit ses jambes se transformaient en gelée. Noa le scruta du regard et fronça les sourcils.
-Pourquoi tu as peur qu'il m'arrive quelque chose mon cher James?
Noa savait très bien qu'elle plaisait à James. Elle l'avait souvent surpris entrain de la regarder et de détourner le regard juste après. Elle n'était pas dupe. Elle aimait souvent s'en moquer mais là, elle fut pris d'un élan de tendresse. Oui, elle était touchée que James s'inquiète pour elle. Elle avait l'habitude d'être considérée comme une simple image par la plupart des garçons, pas comme un être vivant.
-Non... enfin si, c'est dangereux quand même.
Noa sourit et s'avança. James se paralysa, ne sachant pas comment réagir. Noa lui fallait la chair de poule. Elle planta un baiser sur la joue cramoisie du jeune homme.
-Ne t'en fais pas Jamesi.
-Jamesi? Répéta celui-ci, les sourcils relevés.
-Je trouve que ça te va bien non?
Harry, Eléa et monsieur Carter regardèrent la scène stupéfiais. Eléa fit également ses adieux. Ensuite Noa et elle partirent définitivement.
Leur plan fonctionna à merveille. Peut-être, même qu'il fonctionna un peu trop si on y réfléchissait bien. Noa et Eléa arrivèrent à l'hôpital où madame Smith attendait Eléa d'un pied ferme. Elle savait que l'ami qu'Eléa avait amené à la dernière séance était celui qui s'était introduit dans son bureau. De plus, monsieur Arrington n'avait pas tardé à découvrir que des cassettes manquaient à sa précieuse collection et cela n'était pas acceptable.
Des gardes arrivèrent dès que les deux jeunes filles entrèrent dans l'hôpital. Ils leurs coincèrent les mains derrière le dos pour les empêcher de bouger. Madame Smith arriva, perchée sur ses hauts talons. Elle menaçait Eléa et Noa du doigt.
-Je ne sais pas pour qui vous vous prenez mais, si vous pensez que ça allait être aussi simple, vous avez été bien idiotes.
Elle dit sans se douter que ce n'était pas du tout ce que pensaient Eléa et Noa.
-Emmenez-les et faites en sorte que le rêve soit long cette fois-ci.
-Vous ne pouvez pas endormir Noa. Elle n'est pas comme moi.
Eléa objecta pour essayer de paraitre convaincante.
-Oh ma chère Eléa, je peux faire ce que je veux ici.
Eléa et Noa furent emmenées dans une pièce qu'Eléa n'avait jamais vu auparavant. Les gardes les forcèrent à s'avancer et les mobilisèrent avec des lanières. Madame Smith arrivait derrière, deux seringues en mains.
-Vous allez faire de beaux rêves, croyez moi. Eléa est forte pour ça.
Maintenant que le moment était arrivée, les deux jeunes filles étaient angoissées. Elles avaient peur de ce qui allait se passer mais elles ne pourraient plus rien y changer. Avant d'avoir eu le temps d'y repenser à deux fois, une seringue se planta dans le cou de chacune et leur monde s'évanouit.