Gustaf Gray était un fermier sorcier et un père exemplaire. Il était prêt à tout pour sa famille, même de s'en séparer. Ruiné, le vieil homme envoya ses cinq enfants à Poudlard malgré son évident besoin de soutien à la ferme.
L'unique fille de la...
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Musique à écouter Emiliana - Ckay
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Des champs à perte de vue, un soleil chaleureux, tout faisait vibrer la jeune fille allongée dans l'herbe fraîche en pleins milieu de nul part. Elle avait dépassé le couvre-feu depuis un certains temps mais s'en fichait. Son amour pour la nature lui faisait oublier des dizaines de choses, que ce soit ses soucis quotidiens ou les règles de sa maison. Elle n'avait besoin que de quelques rayons de soleil pour retrouver le sourire, elle n'avait besoin que de ce sentiment de liberté pour se sentir vivante. Delphia Gray était de loin la plus simple et la plus rêveuse de toute sa fratrie, qui comptait quand même cinq autres garçons. Elle était la seule fille, la seule douceur dans cette maison remplie de virilité.
Comme ses semblables, elle travaillait dans les champs, s'occupait de la ferme magique familiale avec autant d'ardeur que ses aînés. Elle adorait plus particulièrement les créatures magiques qui lui rendaient bien l'amour qu'elle leur portait. Delphia était aimante, affectueuse, toujours joyeuse. Elle était le portrait craché de sa défunte mère, emportée par une maladie cardio-vasculaire il y a quelques années déjà. Son père, Gustaf voyait en elle son épouse, pouvait passer des heures à observer sa seule progéniture féminine, en rêvassant à sa femme. Il aimait ses enfants d'un amour tellement fusionnel, qu'il ne voyait pas sa vie sans eux.
C'était un rituel de dîner tous ensemble le soir autour de cette grande table en bois massif. Les conversations allaient bon train, tout comme les rires. Rares étaient les fois où il y avait peu de vacarmes dans cette maison. Lorsqu'on passait la porte d'entrée, l'amour nous frappait au visage, l'environnement sentait bon le bonheur tout simplement. Et même si Delphia était la seule au milieu de tous ces garçons, elle avait sa place, celle de la protégée. La jolie rousse savait qu'elle pouvait compter sur ses frères, qu'elle adorait par dessus tout. Ils étaient tous différents, chacun avait son propre caractère.
Tom par exemple, l'aîné, avait un sens des responsabilités plus accrue que les autres. Il n'aimait pas les imprévus, le désordre et le laxisme. Il avait toujours été droit dans ses bottes, contrairement au frère suivant, Elijah. Le concerné était un jeune homme particulièrement rebelle, il n'était pas rare de le voir pris aux pièges dans de nombreuses bagarres. Il savait toujours s'en sortir et gagnait à chaque fois, sûrement grâce à ses gros bras musclés. Clay, lui, semblait toujours perdu dans ses rêves. De nature timide et réservé, il s'enfermait la plupart du temps dans ses livres, rêvant de pouvoir secrètement quitter la ferme familiale un jour. Venaient enfin les deux derniers garçons de la famille, Wren et Anton. Ils étaient un duo inséparable, même s'ils n'étaient pas jumeaux. Ils faisaient tout ensemble, et en particulier leurs coups en douce pour surprendre leur famille.
Delphia ne s'ennuyait pas et n'imaginait pas autrement sa vie. Elle était parfaite telle qu'elle l'était. Jusqu'au jour où sa famille rencontra des difficultés financières à cause du peu de récolte qu'ils avaient eu cette année. Les repas garnis se transformaient en soupes indigestes et maigrichonnes. Le père de famille n'avait plus les moyens d'élever tant d'enfants, seul. Il avait besoin d'argent, d'une aide et avec son caractère plutôt solitaire, il n'avait pas le courage d'en demander. Il se mit alors à chercher une solution discrètement, se rendant au chemin de traverse plusieurs fois par jour pour vendre des tonnes et des tonnes de bibelots. Malheureusement, le peu de bénéfices qu'il en tirait, ne suffisait pas à faire face à cette crise.
Un soir, alors qu'ils étaient tous regroupés autour de l'imposante table en bois, il regarda un par un ses enfants. Ceux-ci ne prêtaient même pas attention à lui, ils étaient bien trop occupés à rire tous ensemble. Même Clay participait pour une fois à l'engouement général. Le chef de famille avait les larmes aux yeux en voyant sa progéniture si proche chacun des autres et regretta presque ce qu'il devait leur annoncer.
« - Mes enfants... Les appela leur père en attendant le silence, je me dois de vous dire la vérité, j'ai... Nous sommes sur la paille, vous avez pu le remarquer, vous nourrir devient un vrai défi au quotidien et je n'ai pas envie que vous manquiez de quelque chose, j'ai échoué... Se tut l'homme. - Père... Ne dites pas ça, le rassura Tom en fronçant les sourcils. - Je... J'aurais aimé vous garder près de moi aussi longtemps que je l'avais imaginé mais nous n'avons plus choix, je... Vous devez reprendre vos études, leur annonça le chef de famille, la voix tremblante. - Et vous laissez vous occuper de la ferme tout seul ? Il est hors de question ! S'écria Delphia, en se levant d'un bond. - Nous n'avons pas le choix, je sais qu'à Poudlard vous serez nourris, logés et blanchis, vous me donnerez un coup de main quand viendront les vacances, continua le vieil homme. - Mais vous-, s'apprêtait à rétorquer Tom avant que son père ne le coupe une nouvelle fois. - Il n'y a pas de mais, ma décision est prise les enfants, j'ai déjà envoyé une lettre au directeur de Poudlard, vous rejoindrez les autres enfants de votre âge dans deux jours, lâcha l'homme en serrant les poings. »
Delphia avait beau être de nature compréhensive, elle n'arrivait pas à envisager ce changement de vie radical. Elle voulait continuer ses habitudes quotidiennes dans ce petit village, continuer à s'occuper de ses bêtes avec tendresse et attention. Elle avait l'impression que son monde sombrait dans le chaos total. La jolie rousse n'avait jamais eu envie de fréquenter les bancs de l'école comme les autres de son âge. Elle savait utiliser sa magie comme eux, avait même plus de connaissances qu'eux dans ce domaine et ne voyait pas l'utilité de reprendre ses études. De toute façon, elle avait pour projet de reprendre la ferme familiale avec tous ses frères, c'était ce qui était convenu depuis des années déjà. Toutes ses ambitions se métamorphosaient en chimères, elle le sentait, elle sentait que ça lui filait du bout des doigts.
Contrainte comme tous ses frères, la jeune fille préparait sa valise en silence. Elle était l'unique à avoir une chambre seule et aurait tout donné pour que aujourd'hui, quelqu'un vienne la déranger en la faisant rire. Son cœur se déchirait à chaque nouveau vêtement plié dans l'imposant bagage. Elle n'avait aucune idée de comment ça allait se dérouler une fois arrivée sur place. Elle avait entendu certains dires en faisant quelques emplettes au chemin de traverse mais ce n'étaient que des rumeurs. En soupirant, Delphia s'installa à côté de sa valise et fixa le mur avec nostalgie. Elle voulait s'imprégner de sa chambre une dernière fois avant de revenir dans seulement deux mois.
Comme ses aînés, elle rejoignit son père dans le salon. Toute la famille était réunie autour du feu de cheminée, attendant que le plus vieux revienne sur sa décision. Rien ne passa la barrière de ses lèvres, rien. Il n'avait pas les mots, ni le courage de leur dire au-revoir. Il sentait que s'il ouvrait la bouche, il allait fondre en larmes et il refusait de paraître aussi faible devant sa progéniture. Delphia s'assît à côté de lui, sur le rebord du fauteuil et attrapa la main de son paternel avant de le regarder. Elle était fière de lui, fière d'avoir un père aussi courageux et travailleur.
« - Nous vous aimons Père, déclara la jolie rousse. - Et je vous aimes encore plus, je suis très fier de vous mes enfants et je suis sûr que votre mère l'est à son tour de là ou elle est, répondit le chef de famille, en ravalant ses larmes. - Pourquoi ai-je l'impression que nous vous faisons des adieux ? Soupira Wren, en baissant la tête vers ses mains qu'il triturait sans arrêt. »
Personne ne trouva quelque chose à redire au jeune homme. Tout le monde avait cette impression mais chacun se taisait de peur d'effrayer quiconque. Delphia sentit une boule se former dans sa gorge, elle allait craquer à quelques heures du grand départ et sans attendre, elle enlaça son père avec ardeur. Elle serrait son seul parent de toutes ses forces. Le quitter relevait de la torture pour elle. Les autres enfants vinrent se mêler à cette accolade, se serrant les uns, les autres avec autant de force. Cette fois, le père de famille se mit à pleurer. Ses enfants allaient lui manquer plus qu'il ne l'avait imaginé.
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Premier chapitre, qu'en pensez-vous ? Un peu champêtre, un peu Weasley vibes. Oui, Delphia est la jeune fille sur la photo.