𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟑 : 𝑅𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟 à 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛

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Musique à écouterTake me to the church - Hozier

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Take me to the church - Hozier

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En voyant arriver ses enfants, Gustaf sortit de sa maison en fronçant les sourcils. Il ne savait pas pourquoi ces derniers n'étaient pas à l'école et surtout, pourquoi leur mine semblait si choquée. Quand il sonda le regard de son aîné, Tom, le vieil homme comprit rapidement que quelque chose de grave leur était arrivée. Il accourut vers sa progéniture, oubliant tous les maux que lui avaient causé ces derniers efforts de labourage. Il serra dans ses bras sa fille avant de réclamer des explications à ses frères.

Autour de la grande table en bois, ses enfants se mirent à lui narrer les derniers épisodes : l'invasion des mangemorts dans le château, ainsi que la destruction de celui-ci. Seule, Delphia restait silencieuse pendant toutes ces explications. Assise dans le fauteuil de sa mère, le regard perdu et dégoulinant de larmes, elle n'arrêtait pas de penser à son bien-aimé, à ses amis, à ses professeurs. Son esprit se torturait inlassablement, se demandant sans cesse comment ils allaient survivre et surtout s'ils allaient finalement s'en sortir. En repensant à Drago, ses membres se raidirent davantage. Elle était effectivement partagée entre la colère de sa lâcheté et la peur de le savoir en danger.

La rousse ne savait quoi penser de son absence, si celle-ci était due à sa propre volonté ou si Malefoy avait été enlevé par ses semblables. Elle ne cessait de s'inventer plusieurs hypothèses, toutes plus farfelues ou macabres chacun. Elle était rongée par l'effroi, rongée par la peine d'avoir attendu pendant si longtemps sa venue dans son propre lit. Elle portait toujours son sweat, qui malheureusement avait pris la poussière pendant sa fuite. Instinctivement, elle rabattu ses manches sur ses mains et huma l'odeur du blond qui était imprégnée dans le tissus. Cela ne lui suffit malheureusement pas pour soulager son chagrin. Elle le réclamait, en chair et en os, et surtout vivant.

Son père qui se rendit compte que sa dernière n'avait toujours pas prononcé un seul mot, se retourna vers elle. Son cœur se déchira lorsqu'il la vit aussi mal en point, aussi triste. Il ne l'avait jamais vu dans un état pareil et d'être confronté à cet instant à cette nouveauté, le torturait. Gustaf n'avait ni les bons mots, ni des paroles rassurantes face à la situation plutôt gravissime. Il comprenait que la jeune fille pleurait sûrement ses amis, et lui-même savait quelle douleur pouvait justement infliger la perte d'un proche. Contre toute attente, le vieil homme se leva pour enlacer Delphia. La jeune fille ne se fit pas prier et s'écroula volontiers contre son géniteur. Bien que cette étreinte ne soulagea pas ses peines, celle-ci lui permit de libérer toutes les tensions qu'elle était entrain d'accumuler depuis plusieurs heures.

« - J'ai si peur, bredouilla la jolie rousse entre deux sanglots.
- Il va s'en sortir... Soupira Elijah, qui avait entendu ses paroles.
- Je ne sais pas de qui vous parlez, mais je suis certain que tout va rentrer dans l'ordre, le... Le ministère va prendre des mesures rapidement et... Ces maudits mangemorts vont payer pour le mal qu'ils ont causés, tenta de la rassurer Gustaf, essayant à son tour de se convaincre.
- Justement, elle fricote avec l'un d'entre eux, marmonna le jeune serpentard, en serrant les poings.
- Je... Quoi ? Est-ce vrai ? S'étrangla son père avec ses propres mots.
- Il n'est pas comme eux ! Il n'a pas le choix ! Il a tout fait pour me protéger ! Le défendit Delphia en fusillant du regard de son aîné.
- En est-tu sûre ? C'est pour ça qu'il t'a laissé toute seule dans sa putain de chambre pendant qu'il tuait notre directeur ? Quand vas-tu ouvrir les yeux ? Quand vas-tu comprendre que Drago n'est pas quelqu'un de bien ? Tu sais ce qu'il fait actuellement ? Il est paisiblement dans son manoir, entrain de fêter sa victoire ! Lui hurla le grand roux en se levant d'un bond de sa chaise. »

Les paroles de son frère la blessèrent tellement, qu'elle se dégagea brutalement de son père pour s'isoler dans sa chambre. Delphia ne savait si ces mots l'avaient touché car il avait peut-être raison. D'ailleurs, elle se demanda effectivement où Malefoy se trouvait, si effectivement il était fier de ses actes. Elle avait beau tenter de se raisonner avec le trop d'amour qu'elle lui portait, les preuves étaient devant ses yeux : il n'était pas retourné dans sa chambre pour lui faire au moins des adieux. Non, il avait préféré fuir, il avait failli à sa tâche de la protéger. Son esprit commença alors à prendre une autre tournure, oubliant toute la culpabilité dont lui avait fait part justement son petit-ami.

Ce dernier était avachi contre le marbre froid de son manoir, le corps sanguinolent, des larmes perlant encore une fois dans le coin de ses yeux. Plus aucun membre ne semblait répondre à ses nombreuses tentatives de mouvement. Drago venait de subir une nouvelle fois, une torture à un doloris. Il était épuisé, si bien qu'il avait l'impression que ses organes peinaient à reprendre un rythme stable. Ses muscles étaient encore raides, endoloris. Même s'il détestait cette punition, le grand blond l'accueillait comme la plus juste des redevances. En effet, il revoyait le visage attristé de sa dulcinée en boucle.

C'était pour elle, qu'il osait encore tenir à ce maigre fil de la vie. C'était pour elle, qu'il avait voulu revenir sur ses pas. Drago s'écoeurait en pensant que peut-être elle était en danger. Son état était un détail actuellement, car tout ce qui l'angoissait, était de savoir sa Delphia en sécurité. Tout en gémissant, le blond tenta de se relever avant de finalement, s'échouer une nouvelle fois sur le carrelage. Il n'avait plus de force, plus de volonté et pourtant, il persista pour se relever malgré ses membres complètement meurtris. Narcissa sécha ses larmes avant de se ruer sur son fils, qu'elle avait cru pendant quelques secondes mort. Elle s'agenouilla auprès du jeune homme et le serra dans ses bras, sous l'œil désapprobateur de son époux.

Lucius n'avait encore fois pas levé un petit doigt pendant que propre fils, souffrait le martyr devant lui. Le mangemort pensait, tout comme son maître, qu'il le méritait. Il avait même honte d'avoir pu mettre au monde, un garçon aussi peureux, aussi peu résistant. Il se souvint de toutes les leçons inculquées à ce dernier et grimaça en constatant, qu'aucune ne lui avait finalement servi. Non, Drago était un bon à rien, comme ses semblables aimaient lui faire remarquer. Tout en jaugeant sa progéniture avec un œil mauvais, Lucius quitta la pièce, furieux que ce dernier réussisse encore à se lever. Même s'il était sa chair et son sang, Malefoy ne méritait pas de vivre s'il ne répondait pas aux exigences de Voldemort.

Affolée par l'état inquiétant du blond, Narcissa le traîna dans sa chambre, en répétant inlassablement des excuses à ce dernier. Elle se sentait affreusement coupable de le voir aussi faible. Quand Drago fut enfin allongé dans son lit, sa mère fouilla dans les placards de sa salle de bain avant de revenir avec une panoplie de potions à avaler. Elle ne voulait plus le voir souffrir, elle n'en pouvait plus de cette situation et même de ces idéologies qui n'apportaient qu'au final, que malheur et souffrance. La brune administra à son fils, les remèdes qu'elle avait pu trouvé et lui caressa la joue, en laissant échapper une dernière larme. Elle avait choisi de ne plus se battre aux côtés de Voldemort, elle avait convenu qu'elle tenterait d'abolir son règne si l'occasion se présenterait.

« - Del... Delphia... Prononça faiblement le serpentard, trop affaibli pour effectuer une phrase complète.
- Qui est-elle ? Demanda Narcissa en caressant la joue  de son fils tendrement.
- Je... Je l'aime, continua le jeune homme sur le même ton, en ne remarquant même pas qu'il pleurait silencieusement à son tour. »

Intriguée et émue par les paroles du blond, sa mère recueillit une de ses larmes dans un flacon. Elle ne connaissait pas la vie de ce dernier, n'avait jamais discuté avec lui de ses journées comme des parents ordinaires l'auraient fait. Mais maintenant que son fils semblait vouloir se confier, elle voulait absolument se rattraper, savoir qui faisait battre son cœur, qui avait pu lui arracher un mot alors qu'il peinait à ouvrir ses lèvres. Narcissa baisa le front de Drago avant de lui serrer la main fortement, voulant qu'il comprenne que dorénavant elle allait tout faire pour le rendre heureux et le mettre en sécurité. Ce dernier, épuisé, se laissa sombrer dans les bras de Morphée. La lutte acharnée qu'il avait mené pour tenter de survivre pendant son doloris, l'avait tellement fatigué, que son esprit arrêta de fonctionner.

Le voyant endormi paisiblement, Narcissa prit soin de jeter un sort de protection autour de son corps ainsi que sur la pièce. Dorénavant, plus personne mise à part elle, ne pouvait pénétrer dans sa chambre. Drago pouvait donc se reposer en sécurité avant que la guerre finale n'éclate. Elle savait que Voldemort allait le réclamer pour aller au front, car au final, il n'était que de la chair à canon pour le mage noir.

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