"L'alcool n'est jamais la réponse mais il permet d'oublier la question."
– AnonymeS'il y avait bien une chose que Raphaël détestait, c'était qu'on voit ses faiblesses. L'adolescent faisait toujours attention à ce que personne ne remarque ce qui le touchait, à ce que personne ne remarque qu'il était blessé, à paraître fort, invincible et intouchable. C'était épuisant. Rien n'était laissé au hasard,tout était calculé, prémédité, des fringues qu'il allait mettre aux sourires qu'il allait distribuer, en passant par un tas d'étapes intermédiaires auxquelles il préférait ne pas penser.
Mais aujourd'hui, Raphaël n'avait pas envie de faire semblant. Aujourd'hui, l'envie de tout foutre en l'air, d'abandonner sa putain d'existence merdique et les personnes qui la composaient était puissante et Raphaël était à deux doigts d'y céder. Il n'était même pas vraiment en colère, juste fatigué. Tout ce qu'il voulait c'était s'allonger par terre pour se rouler en boule et ne plus jamais se relever. Laisser l'obscurité l'envahir une bonne fois pour toute, la laisser gagner, enfin. Aller au lycée lui paraissait tellement dur, tellement futile aussi. Il aurait donné sa vie pour être loin d'ici mais il aurait aussi tout donné pour être loin de chez lui. Parce que chez lui il y avait son frère, et Marc qui posait trop de questions et se préoccupait de tout, et Sophia qui lui jetait des regards inquiets et hypocrites et Alex et... Raphaël ne voulait pas se prendre la tête avec le fait de n'avoir nulle part où aller, pas aujourd'hui. De toute façon, il n'avait envie d'être nulle part. Sauf que le seul moyen d'être nulle, c'était de..
Ses pensées sombres lui donnèrent la nausée. Putain, il était vraiment entrain de péter les plombs. Sa tête se mit soudainement à tourner et des paillettes à danser devant ses yeux qu'il ferma douloureusement, portant ses mains à ses tempes dans un réflexe – inutile – pour calmer la douleur.-Raphaël, tout va bien ?
Sa tête menaçait d'exploser et il risquait de vomir à tout moment sur les pieds du prof mais tout allait parfaitement bien.
-Raphaël?
L'adolescent secoua la tête de gauche à droite. C'était tout ce dont il était capable de produire en guise de réponse.
-Océane, accompagne donc ton camarade à l'infirmerie.
Ils se levèrent, non sans un soupir de la part de la rouquine, et prirent la direction de la petite infirmerie miteuse du lycée. Raphaël n'était même pas heureux de sécher les cours, il se sentait trop mal pour ça. Il marchait lentement, les sourcils froncés, les lèvres pincées. Sa démarche était désordonnée, sa trajectoire imprécise. Marcher semblait au-dessus de ses forces, mettre un pas devant l'autre faisait remonter des frissons tout le long de sa colonne vertébrale. Il lui semblait qu'il était tout simplement à bout de force. Et puis, tout à coup :
-J'vais vomir.
L'adolescent se mit à courir en direction des toilettes où il arriva pile à temps pour déverser le peu que contenait son estomac dans la cuvette. Une fois, deux fois, trois fois. La quatrième, il ne vomit que de la bile et ça lui fit mal, comme ses abdos se contractant pour vomir, réveillant au passage la douleur provenant de l'hématome que Neil lui avait laissé en souvenir la dernière fois. Bon sang, qu'est-ce qu'il avait mal...
Raphaël s'assit contre le mur de la cabine, laissant sa tête retomber sur ses genoux et ses épaules se secouer dans des sanglots silencieux.-Raphaël ? appela Océane.
N'obtenant pas de réponse, la jeune fille entra à contre cœur dans les toilettes pour hommes où elle avait vu l'autre adolescent se précipiter, très certainement pour vomir ses tripes au vu des dernières paroles qu'il lui avait adressé.
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Le temps qu'il faut
Подростковая литератураÀ seulement quinze ans, Raphaël est un fêtard accomplit qui partage sa vie entre flirts et soirées, enfumant son avenir dont il ne se préoccupe pas assez dans la clope. Avec quatre ans de plus, Alexander est un étudiant tout aussi fêtard et extraver...