« Quelque part, je sais que c'est le calme avant la tempête, mais Hardin est mon ancre. Je prie seulement pour qu'il ne m'entraîne pas au fond. »
– After de Anna Todd, Tessa Young
-Alors, ces boucles d'oreilles ?
-Elles sont trop belles ! Regarde !
Raphaël se pencha vers lui pour qu'il puisse voir les boucles d'oreilles en question qu'il venait tout juste d'enfiler. L'étudiant frôla le bijou, fit ensuite glisser sa main le long de son cou et jusqu'à son épaule ; Raphaël frissonna.
-C'est vrai qu'elles sont belles.
-Oui,hein ? J'les aimes trop !
-Je vois ça. Tu ressemble à un gamin à qui on vient d'annoncer une rencontre imminente avec le Père Noël, se moqua le brun.
-J't'emmerde. La réplique fit rire Alexander qui ébouriffa les cheveux bouclés de l'adolescent, le faisant grimacer.
-T'es un gamin, Raphaël Ledieu, affirma-t-il avec tendresse.
-C'est toujours mieux qu'd'être un vieux con.
-Petit insolent, rétorqua Alexander en lui tapant l'épaule.
-Allez, ouvres tes cadeaux ! le pressa l'autre avec un tel enthousiasme qu'on aurait pu croire qu'il s'agissait des siens, ignorant le coup qu'il venait de lui infliger. J'veux savoir c'que ta famille chelou t'as offert.
- « ma famille chelou », hein ?
-Me dis pas le contraire !
Alexander secoua la tête en souriant. Décidément, il ne s'était pas trompé en affirmant que Raphaël était un gamin.
Il prit le premier cadeau, un rectangle entouré de papier bleu qui venait de Sonia et Daniel, et dont il n'eut aucun mal à deviner le contenu : des livres. Savoir que c'était sa tante et non son oncle qui avait choisi les livres le ravissait car, si on pouvait reprocher beaucoup de chose à la quinquagénaire, elle avait en matière de littérature des goûts absolument géniaux. Il ouvrit le paquet et tomba – oh,surprise ! – sur quatre livres empilés les uns sur les autres.L'un était du théâtre canadien moderne (Littoral de Wajdi Mouawad) et le deuxième Macb et de Shakespeare (en anglais, bien entendu). Le troisième, La disparition,de Georges Perec, contenait un mot de sa tante lui expliquant que le roman avait été écrit sans utilisé la lettre « e ». Alexander le posa par terre et regarda le quatrième et dernier livre : House of leaves de Mark Z. Danielewski, lui aussi en anglais. Il contenait également une note de Sonia, beaucoup plus mystérieuse que la première : « Tu verras bien », et rien de plus. L'étudiant ouvrit le livre, entreprenant de le feuilleter un peu mais, ce qu'il vit le laissa bouche-bée. À ses côtés, Raphaël ne put retenir une exclamation de surprise.
-Mais c'est quoi ça ?!
-De toute évidence, ma tante s'est fait plaise.
Les pages n'étaient pas normales, c'était un agencement de texte disposés un peu partout et dans n'importe quel sens, si bien qu'Alexander devrait parfois tourner le livre quand il le lirait. Certaines pages étaient surchargés, d'autres ne comportaient qu'une courte phrase. C'était presque illisible. Eh bien, cette lecture promettait.
-Mais quel casse tête. J'adore.
-C'est claire qu'c'est pas moi qui lirait ça.
-Raph, tu ne lis pas.
-C'est vrai mais ça encore moins. Bon aller, paquet suivant ?
Alexander acquiesça et reposa le livre qu'il tenait dans la main pour saisir un second cadeau. Celui-ci, beaucoup plus petit, avait un emballage rouge avec des Pères Noël. Il venait d'Emma et Didier. L'étudiant l'ouvrit et tomba sur le jeu Switch Pokémon Épée.
-Un jeu Switch ? Je savais que ta famille était blindée mais à ce point là...
-Ouais, je ne peux pas te contredire sur ce point.
L'adolescent lui tendit ensuite un paquet rouge brillant, lui aussi de forme rectangulaire, qui venait de Philippe et Julie. À l'intérieur se trouvait deux livres (Rhapsodie des oubliés, Sofia Aouine et Ambre de Maxime Chattam (un Spin-off d'une des personnage principale de la série Autre Monde du même auteur qu'il avait dévoré), ainsi qu'un CD (Amina, Lomepal).
-T'écoutes Lomepal, toi ?
-J'écoutais cet artiste bien avant que tu ne comprennes les paroles.
-Sérieux ?
-Bien-sûr ! Est-ce que je dois me sentir blessé de ton étonnement ?
-Non mais chuis juste surpris, hein.
-Et ba sois surpris en silence.
Raphaël sourit largement et la lueur brillante dans ses yeux donna à Alexander l'envie de l'embrasser. Il se força à détourner le regard pour se saisir du paquet suivant, emballé dans un papier cadeau La Reine des Neiges qui les fit rires tous les deux.
-Je me demande ce que me réserve ma cousine, parce que ça ne pouvait être qu'elle.
-Y a un autre paquet d'elle, lui signala l'adolescent en lui tendant un paquet rond et fin.
-Sûrement un vinyle.
Alexander ouvrit le paquet et découvrit sans surprise non pas un,mais deux vinyles. Et pas des moindres...
-Les Citées d'or, vraiment ?
-J'adorais ce dessin animé !
-Et l'autre, c'est quoi?
-Louis Armstrong.
-J'l'aime bien lui.
-Tu écoutes Louis Armstrong ? rebondit Alexander, incrédule.
-Un peu, répondit Raphaël en haussant les épaules, l'air gêné.
-Eh ben, c'est à mon tour d'être surprit semble-t-il.
L'adolescent haussa les épaules et Alexander attrapa le second cadeau de sa cousine. Il déchira le paquet avec excitation et un doux sourire s'installa sur ses lèvres tandis qu'il le regardait entre ses mains.
-Un album photo ? s'étonna le brun à ses côtés.
Alexander acquiesça. La couverture était un fond noir en partie recouvert d'une photo d'Amélia et lui occupés à faire les imbéciles. Elle avait été prise il y a trois ans dans l'appartement que leurs parents avaient loué dans le sud de la France pour les vacances d'été, certainement les meilleures de toute sa vie. En-dessous de la photo, son nom était inscrit de ce qu'il identifiait être l'écriture de sa cousine. À l'arrière de l'album, un petit post-il indiquait : « J'ai pensé que ça pouvait être une bonne idée :) ». Et ça l'était. Il aurait aimé qu'Amélia soit là pour pouvoir la serrer dans ses bras.
-Vous ne nous avez même pas attendu pour déballer vos cadeaux. Les deux garçons sursautèrent et se tournèrent vers l'escalier d'un même mouvement. Je vous ai fait peur, ricana Marc.
L'homme descendait les escalier, suivit de Sophia. Les deux adultes les embrassèrent, leur souhaitant un joyeux Noël avant de s'asseoir dans le canapé.
-Alors, vous avez été gâté ?
-Alex a pas fini d'ouvrir ses cadeaux.
-Pas encore ? Il t'en restes beaucoup?
-Seulement le votre.
-Ah ! On assistera au moins au déballage du tien. D'ailleurs, tes boucles d'oreilles te plaisent, Raphaël ?
-J'les adores ! s'empressa de répondre l'adolescent avec un large sourire.
Alexander détourna la tête et posa l'album photo que lui avait offert sa cousine pour se concentrer sur le cadeau de son oncle et de sa compagne. Il s'agissait d'une enveloppe blanche enveloppée dans un beau papier cadeau. À l'intérieur : une petite carte qui lui souhaitait un joyeux Noël, ainsi que... Deux billets pour Beauregard*, le jour où Nekfeu en était la tête d'affiche.
-Bordel de merde !
-Ça te convient ?
Si ça lui convenait ? Il était carrément surexcité, ouais ! Alexander sauta sur le quadragénaire pour le serrer dans ses bras de toutes ses forces.
-Merciiiii !
-Mais de rien, rit Marc.
Le jeune homme se détacha de son oncle pour chantonner en sautillant à travers le salon.
-Et c'est moi le gamin ? marmonna Raphaël. C'est quoi ce fameux cadeau ?
-Deux places de concerts pour Beauregard le jour où y a Nekfeu !
-Ah oui, d'accord, j'comprends beaucoup mieux l'enthousiasme.
-Bordel, je suis vraiment trop content !
-Et situ montais tous tes cadeaux, au lieu de faire l'idiot. Ils encombrent le salon.
-Hein ? Ouais, ouais, je vais le faire.
Obéissant à son oncle,l'étudiant ramassa tout ce qu'il avait eu pour Noël et monta à l'étage, la démarche joyeuse. Raphaël, resté en bas, écoutait plus ou moins la conversation entre sa mère et son beau-père tout en parcourant l'actualité des réseaux sociaux sur son téléphone.Son frère ayant cassé l'ancien, Alexander lui avait refilé celui qu'il avait entre les mains – et qui était beaucoup mieux que le précédent, au passage ; il avait de la chance, pour une fois.
Il regardait une vidéo d'un homme dansant dans un restaurant quand une phrase joyeusement prononcée par sa mère attira son attention:
-Oui, il devrait rentrer bientôt, il m'a envoyé un message ce matin. J'ai tellement hâte de 'avoir à nouveau à la maison.
Et ben pas moi,songea l'adolescent en devinant que sa mère parlait de Neil. Il aurait préféré qu'il crève sur un trottoir et qu'il ne le revoie que dans une boîte en bois le jour de son enterrement. Si seulement...
-T'as vu l'heure ? s'exclama sa mère. Je vais commencer à préparer le repas pour ce midi.
-Comme tu veux, chérie.
Raphaël la regarda partir vers la cuisine en la foudroyant du regard. Pourquoi n'avait-elle toujours pas mit Neil à la porte ? Alors, d'accord, c'était son fils, mais lui aussi bon sang ! Ce quine l'avait jamais empêché de faire comme si elle ne voyait rien lorsque Neil lui mettait des gifles. Son frère était un monstre. Et sa mère une sacré connasse. Parce que si elle avait viré son frère de la maison, Raphaël n'aurait plus à se préoccuper de lui aujourd'hui.
-Tu rêves, Raph ?
L'adolescent sursauta mais sourit à Alexander lorsqu'il l'aperçut.
-Tu rêves de moi,peut-être ? lui susurra l'étudiant à l'oreille.
-Là, c'est toi qui rêve. L'étudiant afficha une petite moue boudeuse qui le fit craquer intérieurement.
-Moi je rêve souvent de toi pourtant. Tu veux savoir ce qui se passe dans mes rêves ? Raphaël hocha fébrilement la tête. Tu m'embrasses, d'abord, sur les lèvres, puis sur la mâchoire, dans le cou, sur le torse. Puis tu te glisses entre mes jambes, et tu m'enlèves ce caleçon bien trop gênant. Et enfin... Il fit une pause qui agaça Raphaël. Et enfin...?
-Vous avez finis avec ces messes-basses, oui ?
L'intervention fit sursauter l'adolescent qui sortit brusquement de sa transe. Il prit une grande inspiration, observant Alex, qui s'était détaché de lui, sourire malicieusement à son oncle avant de venir s'asseoir à ses côtés. Ainsi libéré de la présence tentatrice du brun, l'adolescent put reprendre ses esprits. Il resta quelques instants par terre, tentant de se sortir de la tête les paroles d'Alex et les images de leur ébat de la vielle, puis, quand il se sentit suffisamment prêt, il se releva pour se rendre jusqu'au canapé où il se laissa tomber lourdement, sa tête était encore remplie d'images... éloquentes. Mais peu importe, il arrivait tout de même à rester concentrer, c'était l'essentiel. Foutu intello, il lui en faisait voir des belles, celui-là !
-Qu'est-ce qu'on mange ?
-Ta mère voulait faire des pâtes carbonara.
-Trop cool !
-Je ne comprendrais jamais pourquoi vous aimez autant ce plat, déclara Marc, presque dépité.
-Mais parce que c'est trop bon ! s'exclama Raphaël avec enthousiasme.
-Si tu le dis, soupira son beau-père. Va voir où en est ta mère et met la table, tu veux?
Obéissant, le lycéen quitta le salon, laissant Alexander seul avec son oncle.
-Tu l'as séduit.
-Carrément.
-Et tu en es fière en plus, soupira le quadragénaire.
-Absolument.
-Alexander...
-Quoi ? On en a déjà parlé et tu étais ok.
-Je sais mais... il n'a que quinze ans, vas-y doucement.
-Je sais, t'inquiète.
-Fais attention, c'est tout ce que je te dis.
-C'est bon, Marc, je gère, d'accord ? Laisse-moi faire. Je suis prudent et je fais attention à lui alors fais moi confiance. Son oncle le fixa droit dans les yeux pendant quelques secondes et Alexander soutint son regard sans ciller. Marc finit par se détourner en soupirant.
-Tu me le promets ?
-Évidemment ! Pour qui tu m'prend ? s'exclama l'étudiant, offusqué.
-Alors advienne que pourra, conclu Marc juste avant que Raphaël ne les appelle pour qu'ils viennent manger.
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Le temps qu'il faut
JugendliteraturÀ seulement quinze ans, Raphaël est un fêtard accomplit qui partage sa vie entre flirts et soirées, enfumant son avenir dont il ne se préoccupe pas assez dans la clope. Avec quatre ans de plus, Alexander est un étudiant tout aussi fêtard et extraver...