Le temps qu'il faut

XXXIV - Kodaline

« If I was dying on my knees
You would be the one to rescue me
And if you were drowned at sea
I'd give you my lungs so you could breathe
I've got you brother »
– Brother, Kodaline

(Si je mourrais à genoux// Tu serais celui qui viendrai me sauver // Et si tu te noyais en mer // Je te donnerais mes poumons pour que tu puisses respirer // Je t'ai mon frère)

    Raphaël avait énormément entendu parler des ruptures amoureuses et d'à quel point elles pouvaient être douloureuses et dures à vivre. Raphaël avait vécu des ruptures amicales et il savait qu'elles pouvaient vous détruire. En revanche, personne ne lui avait jamais dit qu'on pouvait souffrir d'une rupture avec sa sœur, ni même que les ruptures entre frères et sœur existaient. Il ignorait comment réagir. Est-ce qu'il y avait un mode d'emplois ? Pourquoi n'y avait-il pas de mode d'emplois ?

    -Ça va chaton ?

    L'adolescent tourna le tête vers son petit-ami, le regarda fixement pendant quelques secondes, puis se détourna et haussa les épaules. Il entendit Alex soupirer et il sursauta en le sentant s'installer dans son dos. Son petit-ami posa son menton sur son épaule et vint embrasser sa joue.

    -Chaton.
    -Quoi ?
    -Dis-moi comment tu te sens.
    -Pourquoi j'me sentirais pas bien ?
    -Sérieusement ? Vu ce que t'as lâché à ta sœur et les minutes que t'as passé à pleurer en essayant lamentablement de le cacher, je dirais pas que tu ne vas pas bien. Et au vu des quinze minutes pendant lesquels j'ai fait semblant de ne pas l'entendre, tu pourrais au moins me dire que tu ne veux pas en parler, au lieu de me mentir.
    -D'où tu connais ma sœur ? L'étudiant sembla encaisser le coup.
    -J'ai été ami avec elle. Oui, j'étais au courant que c'était ta sœur et non, je ne t'ai volontairement rien dit.
    -Pourquoi ? Et pourquoi elle t'aime pas ? Alex soupira.
    -Il y avait quelque chose entre nous, on était amoureux même si on a jamais dépassé le satde de sortir ensemble parce que... J'ai couché avec une autre meuf... plus ou moins... et elle l'a mal prit, évidement. Et elle avait raison. Alors elle a mit fin à ce qu'il y avait entre nous. Raphaël se tut pendant quelques minutes, le temps d'enregistrer ce que son petit-ami venait de lui dire. Jusqu'à ce que l'une des informations sature son esprit au point de le rendre fou.
     -T'étais amoureux de ma sœur ? questionna-t-il en repoussant Alex pour se positionner face à lui.
    -Oui.
    -Tu... tu plaisantes hein ? Dis-moi qu'tu plaisante, supplia-t-il en s'agrippant à son t-shirt. Son petit-ami posa doucement sa main sur la sienne alors que l'autre rejoignait ses cheveux. Alex, supplia-t-il à nouveau.
    -C'est du passé, Raph. Je sais que... Je sais que tu dois trouver ça important là, tout de suite, mais je t'assure que ça n'en a plus aucune pour moi.
    -Comment tu peux dire ça ?! Raphaël glissa une main dans ses cheveux et commença à tirer dessus. Pourquoi tu m'as rien dit plus tôt  ?!
    -Parce qu'au début c'était pas important. Et ensuite, quand on s'est mit à sortir ensemble, je savais plus comment te le dire. Je ne savais même pas si tu étais encore en contact avec elle et, cette histoire est tellement dérisoire pour moi à présent que j'ai juste finit par oublier avec le temps. Je ne voyais plus que toi, pourquoi aurais-je même penser à t'en parler finalement ?
    -Non, tu peux pas dire ça, dit-il d'une voix suppliante à nouveau. Alex glissa alors sa main jusque dans sa nuque et le força doucement à le regarder dans les yeux.
    -Hey, chaton, pourquoi est-ce que ça te préoccupe autant ? Qu'est-ce qui se passe dans ta petite caboche ?
    -C'qui s'passe dans ma tête ? T'es putain d'sorti avec ma sœur !
    -Je suis pas sorti avec elle.
    -Et maintenant on sort ensemble et...

    Pourquoi était-il si contrarié ? Non, il savait exactement pourquoi. Alex avait perdu sa sœur et maintenant il sortait avec lui. Franchement, il ressemblait vachement à un lot de consolation et c'était insupportable. Est-ce qu'Alex sortait avec lui parce qu'il ressemblait à Émeline ?

    -Chéri, cesse de te faire des film, ok ? Je ne sors pas avec toi parce j'aimais bien ta sœur, ça, c'est de l'histoire ancienne. Vous êtes deux personnes distinctes, toi c'est toi et Émeline c'est Émeline. Alors inutile de paniquer, vu ? Je n'ai pas... Son petit-ami se fit hésitant alors que Raphaël était pendu à ses lèvres. Je n'ai pas ressenti pour elle un quart de ce que je ressens pour toi, confia-t-il presque en murmurant. Je t'aime. Toi. Et personne d'autre et encore moins ta sœur.

    Raphaël arrêta d'essayer d'en savoir plus sur le passé commun de sa sœur et d'Alex, il n'était pas capable d'en entendre plus aujourd'hui, alors il laissa simplement retomber sa tête contre le torse de son petit-ami. Alex disait qu'il l'aimait et Raphaël choisit de lui faire confiance. Après tout, son petit-ami avait raison son un point : il n'était pas Émeline, et si l'étudiant lui disait qu'il savait faire la différence, alors soit. Il n'avait pas le courage pour approfondir la conversation, de toute façon. Il était épuisé par cette journée interminable et, surtout, incroyablement déçu qu'elle se soit si mal terminée. Il voulait simplement se mettre dans son lit, s'enfoncer sous sa couette – son copain comme peluche en prime – et ne plus jamais en ressortir. Il aurait dû passer une bonne journée, résultat : c'était finalement l'un des pire jour de toute sa vie. Peut-être devait-il simplement arrêter de croire que les bonnes journées existaient ? Raphaël allait dormir pendant toute l'éternité et toutes celles qui suivraient, et ne jamais affronter les conséquences de ce merdier.