XVI - Oshi

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« Je vous trouve un charme fou, ce petit je ne sais quoi, moi, qui va me rendre flou » - Je vous trouve un charme fou, Oshi (ft Gaëtan Roussel)

     Alexander regarda à nouveau la feuille posée devant lui sur son bureau, songeant à quel point ce qu'il avait écrit ressemblait à une vieille lettre d'un mec amoureux mais pitoyable qui se prennait pour un artiste. Oh il avait deviné il y avait un moment déjà qu'il était entrain de tomber amoureux de Raphaël, il n'était pas stupide. Mais là... ça sonnait désespéré et, en plus ce n'était même pas beau. Être désespéré, ok, mais il ne supportait pas d'écrire mal.
    L'étudiant grogna et laissa tomber sa tête sur son bureau, en proie à un certain sentiment de contrariété. Cela ne faisait que quelques jours depuis leur dernier moment rien qu'à eux mais tout ce qu'il avait pu dire dans ce fichu texte mal écrit était vrai : Raphaël lui manquait.
    Il n'avait pas pensé qu'il s'attacherait aussi vite, il avait mit beaucoup plus longtemps la dernière fois. Ou peut-être n'étais-ce qu'une impression ? Ça ne lui faisait pas peur, pas vraiment, c'était juste que... Bon, peut-être un peu d'appréhension, après tout, à l'idée de laisser quelqu'un d'autre rentrer dans sa vie. En particulier quand cette personne était un adolescent de quinze ans mal dans sa peau et qui l'évitait dès que son frère était dans les parages. Alexander avait besoin de lui. De ressentir la douceur de sa peau, la chaleur de ses lèvres, la faiblesse et la force dans ses yeux. Ne pas le voir l'angoissait et... Il tournait en rond.
    Décidant de prendre le problème par les cornes, Alexander se leva, sortit de sa chambre et s'avança silencieusement jusqu'à la « chambre » de Neil – c'était en réalité un ancien bureau, une pièce en trop que son son oncle avait aménagé de façon à ce que l'aîné de sa compagne puisse y dormir. Il posa son oreille contre la porte et attendit quelques secondes. Rien. Pas un bruit. Il s'éloigna en direction des escaliers qu'il emprunta pour rejoindre le rez-de-chausser et, sous prétexte de chercher quelque chose à grignoter, il traversa le salon et le coin salle à manger pour finir dans la cuisine. Pas de brun au yeux bleus délavés en vue. Un sourire fleurit sur ses lèvre en même temps que l'euphorie jaillit dans tout son corps.

    -Neil n'est pas là ? demanda-t-il tout de même à Sophia, par précaution.
    -Non, mon chéri, répondit-elle avec le sourire, il est parti il y a une petite demi-heure.
    -Voir des amis ?
    -Oui, je pense.

    Le jeune homme n'insista pas et, cachant du mieux que le put son air enjoué, remonta à l'étage. Neil n'était pas là, et si Neil n'était pas là, il avait le champs libre avec Raphaël.
    Rejoignant la chambre de l'adolescent, il attendit malgré son impatience que celui-ci lui ait donné son accord pour entré. Raphaël parut surpris de le voir mais Alexander le renseigna nonchalamment :

    -Il semblerait que ton frère soit momentanément absent.

    Une lueur de compréhension passa dans ses yeux brun alors qu'il souriait. Il répliqua tout de même :

    -Pas très longtemps, j'ai pas envie qu'il nous surprenne en rentrant.

    L'étudiant acquiesça en même temps qu'il se rapprochait du lit sur lequel son amant s'était assi. Il attrapa l'arrière du crane de Raphaël et força leurs lèvres à se rencontrer pour un échange où la douceur n'avait pas sa place. Il avait ce désir, que disait-il ? ce besoin, urgent, violent, irrépressible, de mélanger sa salive à celle de l'adolescent, de toucher chaque parcelles de sa peau et de l'embrasser partout.
    Il le lâcha quelques secondes, histoire de faire à nouveau rentrer l'oxygène dans ses poumons, puis il retourna enfouir sa langue dans la bouche de son cadet qui ne fit rien pour l'arrêter. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il se retrouva assis sur ses cuisses, le gratifiant sans doute du baisé le plus passionné qu'il n'ait jamais reçu. Ses mains se mirent en mouvement, passant directement sous son t-shirt avec force, ne s'encombrant ni délicatesse, ni de tendresse. Et Raphaël le ressentit.
    L'adolescent ne rata pas la pointe de malaise qui s'installa lui. Il avait du mal à suivre les échanges buccaux que lui imposait Alex et ses mains sur son torse, qui ne ressemblaient plus en rien à des caresse, l'inquiétaient. Il se tendit alors qu'un fort sentiment d'inconfort se répendait dans sa poitrine. Ça allait trop vite, c'était trop brusque. Il ne put qu'associer la situationà tellement d'autres qu'il avait déjà vécu et la scène qui s'imposa à son esprit, insupportable, fit battre son cœur à dix mille à l'heure sous l'angoisse qui s'empara de tout son être.

Le temps qu'il fautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant