« Son visage hante chacun de mes battements de paupières. Il est un fantôme qui ne s'en va pas et qui vient et revient si souvent se rappeler à ma mémoire qu'à la fin, il reste »
– Poétesse de rue, "son visage...", Sylvia Búho
-Marc veut qu'j'vois une psy. Alex s'arrêta d'écrire et releva la tête vers lui, le sondant du regard.
-Ah, répondit-il prudemment. Et ?
-C'est une connerie !
-Explique.
-Mais j'ai pas besoin d'voir une psy ! Il raconte n'imp', c'est chiant ! Alex soupira, le blessant un peu. Faut l'dire si j'te fait chier, l'agressa-t-il. Putain ça lui foutait la haine... L'étudiant soupira alors à nouveau et se releva pour venir s'asseoir sur le lit, le tirant par le bras pour qu'il se tourne vers lui.
-Alors pourquoi ça te gêne ?
-Hein ?
-S'il raconte n'importe quoi, pourquoi ça te gêne ? Pourquoi tu t'en préoccupes ?Son petit-ami avait un don pour soulever les questions et les problèmes désagréables et plutôt gênants. Ceci dit, il aurait dû se douter qu'ils en viendraient là s'il lui en parlait, peut-être étais-ce même ce qu'il avait cherché en venant le voir. Raphaël était bien plus perturbé par ce que lui avait proposé Marc que ce qu'il ne voulait bien montrer, et il avait besoin d'être rassuré. Et Alex était le seul à qui il pouvait en parler.
Laissant son agacement de côté, il attrapa les mains de son petit-ami dans les siennes, entremêla leurs doigts et vint les déposer sur ses cuisses.-Tu crois qu'j'ai besoin d'aller voir une psy ?
-Est-ce que tu penses que tu as besoin d'aller voir une psy ?
-Je... non, j'crois qu'non. Enfin... j'pense.
-Pourquoi est-ce que ce serait un problème d'aller voir un psy ?
-Chais pas, dit Raphaël en haussant les épaules. Ça veut dire qu'y a un problème.
-Et toi tu n'as pas de problèmes ?
-Non, pas vraiment, répondit-il en détournant les yeux, relativement calme.
-Chaton... Alex libéra doucement l'une de ses mains pour l'amener à sa joue et le forcer à le regarder. T'essaye de me mentir ? sourit-il doucement, comme amusé par l'idée.
-J'en sais rien.
-Ça veut dire que tu connais déjà la réponse. Sérieux, Raph, tu t'es fait battre par ton frère pendant des années, ta mère a regardé sans rien faire, tes meilleurs-amis et ton premier amour t'ont trahi... Est-ce que t'as besoin que je continue de citer ou ça va aller ?
-J'vais m'en passer, merci, grommela l'adolescent.
-Avec tout ça, tu as forcément des problèmes.
-Je gère seul !
-Oui, c'est pour ça que tu fais des tonnes de crises d'angoisses. Whoua.
-C'est bas.
-Complètement. Écoute, je ne te dis pas que tu dois aller voir une psy, d'accord ? Mais voilà, maintenant, ça peut être une bonne idée. Et c'est compréhensible que Marc t'ait proposé de le faire, il pense simplement que ça pourrait t'aider. Je comprend que tu l'ais mal prit mais vois aussi un peu les choses de son point de vu, il cherche simplement des solutions.
-J'ai pas envie, se plaint Raphaël en posant son front contre la clavicule d'Alex.
-Personne ne t'y oblige, on te montre juste que c'est possible, répondit son petit-ami en passant une main dans ses cheveux.
-Mais Marc veux qu'j'y aille.
-Sûrement, approuva l'étudiant. C'est son truc tout ça. Mais il ne t'y obligera pas non plus.
-Mais il sera déçu si j'y vais pas.
-Peut-être ou peut-être pas, mais même si c'était effectivement le cas, ça ne signifie pas qu'il te le reprochera ou qu'il t'abandonnera. Ça aussi, c'est un problème qu'il faut que tu traites, Chaton.Raphaël grogna. Il n'avait pas entamé cette conversation pour se faire étaler ses problèmes et ses faiblesses une à une, merci bien, c'était suffisamment le bordel dans sa tête pour qu'Alex en rajoute une couche. Il avait l'impression que tout ce qui ressortait de la conversation avec son petit-ami c'est que le déni était beaucoup mieux que tout ce qu'il venait de dire. Bon, il pourrait très bien céder sans vraiment s'impliquer dans ce truc de merde, donner le change. Dire qu'il essayait puis abandonner dans un mois ou deux en disant que c'était nul. Voilà. Comme ça, il faisait plaisir à son beau-père et, a priori, à Alex, le tout sans trop se fatiguer. Tout était bien qui finissait bien. Et merde à tous les sermons qu'on pourrait lui faire.
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Le temps qu'il faut
Novela JuvenilÀ seulement quinze ans, Raphaël est un fêtard accomplit qui partage sa vie entre flirts et soirées, enfumant son avenir dont il ne se préoccupe pas assez dans la clope. Avec quatre ans de plus, Alexander est un étudiant tout aussi fêtard et extraver...