Chapitre 25 "Pluvieux"

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Je regarde maman, elle se tient sur le rebord du plan de travail, la vidéo se répète en boucle, ma voix commençant à devenir stridente à force de l'entendre.

- Il est dehors, dépêche-toi d'aller t'excuser.

Je remets mes chaussures, je remarque que maintenant le carton qui remplace la vitre puis sort dehors, il ponce une planche en bois avec un casque sur la tête.

Je me tiens à distance, les formes qui se créent ressemblent à celle d'une porte. Je croise les bras sur ma poitrine en regardant papa et Marshall qui commence à installer les clôtures sur le terrain qu'avait tondu Reid l'autre fois.

Ils veulent encore acheter des animaux ?

C'est peut-être ma nouvelle chambre.

Le bruit de la ponceuse s'estompe, je le regarde retirer son casque et me rapproche faiblement.

- Salut.

Il me regarde puis attrape une perceuse et fait un trou dans la planche pour la serrure.

- Salut.

- Ça va mieux avec Sonya ?

Il s'immobilise, ses bras luisant de transpiration sous le soleil tapant.

- Ouais, sympa ton buzz.

- Tu me crois si je te dis qu'on en a pris qu'un extrait ?

Il me regarde.

- Je suis certain que la vidéo originale ne disait que du bien de nous.

- Je pensais pas qu'il la mettrait en ligne.

- C'est qu'un infime détail de ce que je te parle.

- C'est pas de ma faute si la majorité d'entre vous se comporte comme des animaux.

- La majorité d'entre nous ?

- C'est les chiffres, oui.

- Des militaires se font enfermer et se voient suspendre chaque jour quand une femme trouve le courage de les dénoncer. Les médias dont tu te sers en parlent ? Ils sont là pour créer un effet de choc pour vous sensibiliser, le Pentagone fait déjà son taf.

- Donc pour toi c'est abusif ?

Il se rapproche de moi, son corps tendu.

- Quand on intervenait dans des pays en guerre, on tombait plusieurs fois sur des femmes en train de se faire violer, elles nous suppliaient de tuer leurs maris, y avait même des gamines encore plus jeunes que toi avec leurs pantalons blancs trempé de sang.

J'avale ma salive, sentant ma gorge se resserrer.

- On sensibilisera jamais assez contre le viol, que ce sois dans l'armée ou n'importe ailleurs, c'est omniprésent, et les femmes ne sont pas les seules victimes. Je tuerais n'importe quel violeur que je croiserais quitte à aller en taule, tu sais pourquoi je t'ai emmené à la base de Seattle ?

Je secoue la tête.

- Pendant quelques années c'était aussi un refuge pour les personnes victimes d'harcèlement sexuel, la majorité de nos hommes militaires ont trouvé leurs femmes dans ce refuge, certaines ont même épousé des militaires alors qu'elles avait été maltraitées par leurs confrères de leurs fiancés, ils n'ont pas baissé les bras et on réussit à leur redonner confiance et foi en l'humanité même si ce n'est qu'une minorité.

Je tire sur mes manches, les hommes qui chantaient et étaient fiers de leurs patries avaient aussi une rancune profonde envers leurs frères d'armes qui ne respectaient pas leurs femmes comme eux, aime le faire.

Farm TagOù les histoires vivent. Découvrez maintenant