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Chapitre 57 "Poulain"

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Reid étouffe un rire devant Judy et Baxton qui se tiennent la main, on s'est donné rendez-vous dans la médiathèque de la ville, à l'abri des regards.

- Vous plaisantez ?

- On est très sérieux.

- C'est mort.

- Mais pourquoi ?

- Vous savez que c'est illégal au moins de se mettre avec un militaire pour profiter ensemble des aides de l'état ? Il faut que vous vous mariiez pour en bénéficier, vous n'êtes même pas majeur.

Ils nous montrent leurs alliances, elles sont fluo et sortent tout droit d'un jouet dans un magazine, Reid secoue la tête en souriant légèrement.

- On a dix-huit ans, on est en âge de se marier.

- Pour bénéficier des aides de ton pote, seulement s'il arrive à passer le concours, ce qui est loin d'être facile, vous n'êtes même pas certain qu'il en bénéficiera, tout ça pour au final finir en taule, tous les deux, vous êtes jeunes, vous ne pourrez trouver aucun travail car vos employeurs ne prendront jamais d'employés qui ont fait de la taule, et vous serez encore plus emmerdés que maintenant. C'est ça que vous voulez ?

Il ajoute en souriant.

- Puis, c'est ridicule, tu es accro à mon pote et toi, le contact de sa main te donne des frissons d'effroi, tu es gay je suppose, c'est ce qui te pousse à sortir avec elle ? Vous êtes courageux mais pas intelligent, vous allez vous faire écraser par notre système, et je serais le premier à le faire.

Ils avalent leurs salives, Reid hausse légèrement le ton.

- On s'engage dans l'armée pour protéger, pas pour bénéficier, comment tu fais si tu meurs là-bas ? Tu vas endetter ta pote et elle sera encore plus dans la merde quand on découvrira votre manigance, en plus de faire de la taule, tu seras foutue. L'armée n'est pas une aide sociale ni une banque, on l'intègre en sachant à notre arrivée que les chances de repartir sont minimes.

Baxton regarde de travers Judy, elle lui sourit nerveusement.

- Vous avez besoin de quoi ?

- D'un logement, pour ses parents, et pour moi.

Reid hoche la tête.

- Je vais faire une exception parce que vous êtes des potes d'Angel mais si vous réitérez, je serais pas aussi tolérant.

Un espoir se lit dans leurs pupilles, me faisant sourire.

- Je vais négocier avec une agence immobilière pour vous trouver des apparts' en ville. Toi (il pointe du doigt Judy), va réconforter Reagan, et toi, tu viens avec moi.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Tu vas quand même intégrer l'armée.

- Quoi ?! Mais non !

- Si si, tu vas venir avec mes petits, tu vas voir ce que c'est de vouloir déjouer le système, et avec un peu de chance, tu pourras toucher des aides.

Ils s'entraînent dans le pré de Gustaf, Lamiral et Colombe (la jument) ils les contournent en courant, ils font des pompes dans la terre, rampent, sautent, hurlent de douleur, en particulier Baxton qui se sert de sa ventoline plusieurs fois.

- Vous êtes là.

Je reconnais la voix du copain de Danbi, il escalade la clôture pour se tenir à côté de nous, cachant ses yeux du soleil pour admirer les militaires qui courent.

- Au fait, je m'appelle Dallas, enchanté.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- On a pas convenu l'endroit ni l'heure pour échanger nos informations, autant le faire maintenant. Plus on retarde et plus l'échéance du chantier des usines s'approche.