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Shun





Dix ans plutôt


Il y a un an, j'ai fait pour la troisième fois des tests à l'hôpital, je crois qu'il y a le mot encéphalogramme dedans ?

Je ne me souviens plus du nom. Peu importe.

Il ne trouvait jamais rien au début, mais à la quatrième fois, on a reçu une lettre qui confirme que je suis bien épileptique.

En faisant des recherches sur Internet, j'ai vite compris de quoi il s'agissait.

Mes parents étaient inquiets, mais moi pas vraiment. Même avec mon traitement, je fais toujours autant d'absences – des crises où pendant cinq à dix minutes je ne sais pas ce que je fais.

Quand je reviens à moi, je n'ai aucun souvenir de mes actions durant ce laps de temps.

Ça ne m'était jamais arrivé à l'école.

Aujourd'hui, tout est différent. J'ai rejoint le camp de mes parents, celui des inquiets.

Je ne veux plus retourner en cours depuis que j'ai fait une absence en classe.

Ce que je redoutais le plus puisque dans mon collège les gens sont trop méchants.

Ils ne ratent pas une occasion de se moquer des autres.

La dernière fois je les ai vus imiter un handicapé et je sais que j'aurais sûrement dû les remettre à leur place, mais c'était toute une bande et je suis qu'en cinquième.

J'ai donc préféré ne rien dire.

Je ne survivrai pas si tout le monde se moque de moi alors que je n'ai aucun souvenir de ce que je faisais.

J'ai eu de la chance que ma crise se soit passée à la fin de l'heure et que quasiment personne ne m'a vu.

Avec l'aide d'un ami, j'ai pu rentrer chez moi sans problème, mais je sens que la prochaine fois je n'y échapperai pas.

J'ai des frissons rien qu'en y pensant.

Je me fais toute sorte de scénarios dans ma tête, je pense à ce qu'il se passerait s'ils apprenaient que je n'ai pas le droit de fermer la porte des toilettes ou de la salle de bain à clé.

Ou encore que je ne peux sortir seulement accompagné et de préférence par Wil, mon cousin.

Je crois que je préfèrerai encore être en prison plutôt que de devoir aller en cours.





Présent




Je suis assis devant la chambre d'Amara, mais je préfère ne pas entrer.

D'un point de vue extérieur, on dirait que je ne l'aime pas parce que je l'ignore la plupart du temps, je viens aussi le moins possible chez elle, mais si quelqu'un savait la profonde culpabilité qui m'occupe.

J'ose à peine la regarder dans les yeux, je ne m'en sens pas digne et j'ai surtout tellement honte.

Je sais que quand elle me regarde, elle ne pense qu'à ça.

Son image de moi ne changera jamais et elle ne changera jamais non plus, elle est bloquée dans le passé.

Avant même que je ne débloque complètement, elle était déjà en veille depuis la mort de mon père et...je l'ai complètement éteinte.

Je ne sais plus comment la ramener. Savoir qu'elle est en vie, en bonne santé – si je passe outre l'alcool – et en mesure de travailler me suffit.

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