Step by Step

37.5

Sara

Dans la voiture, il fait que me regarder, je n'arrive pas à me concentrer.

Je pense qu'il ne réalise pas tout comme moi ce qu'il s'est passé devant l'entrée.

J'ai agi spontanément ce que je déteste par-dessus tout, car la spontanéité se produit quand le cœur prend le dessus sur la raison.

Je me hais.

Il doit, lui, être choqué que j'aie fait le premier pas.

Même si ça paraît insignifiant, nous savons tous les deux qu'en temps normal, je n'aurais jamais fait ça.

Je me demande comment je ferais si j'étais comme Shun, j'ai le permis, mais je n'ai pas le droit de conduire.

Je pense que je conduirai quand même, après tout, je n'aurais pas fait toutes ses heures de conduite pour rien.

Mais attends ?

Je ne sais toujours rien sur sa fameuse moto.

Je vais devoir trouver un moyen de lui faire cracher le morceau.

J'essaye de me concentrer au mieux sur la route tandis que le trajet se fait assez silencieusement.

J'hallucine ou bien une voiture nous suit depuis un moment ?

Je me demande si je ne deviens pas paranoïaque depuis la dernière fois où j'ai dû appeler Ali.

Devrais-je faire un détour pour vérifier ?

Non Sara, il t'a appris à être prudente, mais tu devrais parfois lâcher prise.

C'est trop.

Je n'y prête plus attention et j'engage une conversation avec Shun sur ce qu'il pense des animaux de compagnies, juste pour éviter de faire une fixette sur la voiture rouge qui ne nous lâche pas depuis plus de cinq minutes.

— J'avais un chien quand j'étais petit, il s'appelait Temy, mais quand mon père est mort, plus personne chez moi ne pouvait s'en occuper donc on l'a donné à la famille de William. Temy est mort de vieillesse, il y a quelques années. Je suis content qu'on l'ait confié à sa famille si tôt, car si on m'avait laissé m'y attacher fortement, sa mort m'aurait anéanti.

Une conversation banale, désinvolte, sans attache et sans prise de tête tout ce qui m'arrange.

— Les animaux sont si attachants, mais si vulnérables...

— Tellement...tu penses pas à prendre un autre chien ?

— Non pas du tout... pourtant je me verrais bien avec un labrador ou encore un berger allemand.

— C'est vrai que ça t'irait vraiment bien.

On arrive au restaurant sans encombre et aucun signe de la voiture rouge, je psychote pour rien parfois.

Je me demande même si ma prudence extrême n'est pas devenue un handicap dans ma vie.

Malheureusement, j'ai développé un large espace vitale et quiconque tente d'y pénétrer sans un scanner de ma part risque gros, je suis prudente, mais pas peureuse.

— J'ai vu mieux, mais c'est indéniable le restaurant est magnifique.

— Tu veux vraiment pas arrêter de faire des compliments sans rajouter ta petite touche lâche-t-il en rigolant.

— Évidemment, et puis trop flatter n'est pas une bonne chose.

— Ça fait plaisir quand même d'entendre un compliment. Ça booste la confiance.