Step by Step

37

Sara

Mon téléphone vibre sur ma table de chevet tandis que le nom de Shun s'affiche sur mon écran.

Je m'étais assoupie de fatigue.

Je réponds seulement au second appel, je n'arrivais pas à bouger.

— Je suis devant.

Je me demande vraiment à partir de quand je lui ai laissé une ouverture, pour qu'il se permette de venir chez moi à n'importe quelle heure en s'attendant à ce que je lui ouvre les bras ouverts.

À partir du moment où tu as laissé la porte de ton cœur, entreouverte...

— J'ouvre dans cinq minutes.

— Ok.

Je ne prends pas le temps de changer de tenue ou quoi, je passe juste rapidement dans la salle de bain, me brosser les dents et mouiller mes cheveux afin qu'ils se rebouclent naturellement.

— Qu'est-ce qui t'amène ?

— Tu me manquais.

— Ah.

— Toujours aussi insensible dit-il en me gratifiant d'un sourire.

Soit il est beaucoup trop patient, soit il commence à savoir lire en moi et sait donc qu'il me manque aussi...tout le temps.

Je ne devrais pas le laisser chercher désespérément une place dans mon cœur, pourtant c'est ce dont j'ai besoin, même si ça fait mal...

— T'aurais pas oublié de mettre un pantalon ?

— Non je dors en chemise. Je t'en prie entre.

— Désolé, si je t'ai réveillé May.

Il dit ça, mais il a l'air d'en avoir rien à foutre d'un côté.

D'ailleurs à quel moment l'avais-je laissé me donner un surnom ?

Pas que ce soit mon vrai prénom, mais quand même.

Il a recommencé à s'asseoir sur le fauteuil à gauche de mon canapé.

Ce n'est pas plus mal, c'est même mieux, plus il est loin de moi, plus j'arrive à me concentrer.

Même si, s'il s'assoit en face de moi c'est pour pouvoir toujours me regarder droit dans les yeux. Ça ne me gêne pas vraiment, mais arh...un regard comme le sien ne laisserait personne indifférent.

PERSONNE.

Je suis encore un peu fatiguée donc pas très bavarde et il le remarque vite.

— T'as pas d'autres choses à faire que venir embêter une jeune femme épuisée par son travail.

— Arrête de faire semblant, la dernière fois tu m'as avoué que tu trouvais ma présence rafraîchissante.

C'est vrai...je lui avais dit que sa présence me permettait de sortir un peu ma tête de l'eau.

— J'ai dit ça seulement parce que t'es divertissant parfois.

— Ça me va quand même, dit-il en étouffant un petit rire.

Il s'est habitué à moi donc il se fout toujours de moi maintenant.

Il sait quand je fais semblant que ces paroles ne m'atteignent pas ou que je ne le pense pas quand je fais semblant qu'il m'ennuie ou me saoule.

La télé est éteinte donc quand personne ne parle, il y a un silence avec un grand S.

Ça ne me dérange pas en réalité puisque dans ces moments-là, on se regarde droit dans les yeux et on étudie l'autre avec attention sans retenue et sans gêne.