Shun
— Je ne t'en ai jamais voulu pour avoir pris tes jambes à ton cou. Ça, tu peux en être certain. Mais au vu de notre amitié.
Comment t'as pu ne jamais être venu me voir au parloir ? Ne serait-ce qu'une fois ?Je comprends en vrai, notre amitié était incomparable et ça ressemble à une sorte de trahison, mais même si je lui explique, il ne pourrait pas comprendre parce que c'est naturel chez lui.
C'est comme notre odeur naturelle, on ne la sent pas mais les autres si.
Il ne se voit pas comme on le voit.
— Tu voulais ressasser ses événements, alors parle maintenant. J'attends.
— Je pouvais juste... pas.
Il arque un sourcil visiblement attendant la connerie que j'allais sortir selon lui.
— T'avais dépassé les bornes, j'arrivais déjà plus à supporter ton comportement de psychopathe. Tu devenais de plus en plus fou, et ça sans t'en rendre compte.
— Quel hypocrite, mais c'est pas possible, j'ai envie de te cribler de balle.
— EH ! Écoute-moi au moins jusqu'au bout. Tu veux une réponse, tu l'auras. T'avais complètement pété les plombs ou bien t'étais déjà comme ça et on le savait pas. En tout cas, Wil et moi on commençait à regretter d'être entré dans ton monde, celui du poker je veux dire.
— Mais qui vous a forcé à rester ?
— Notre fierté, l'habitude, l'argent dont j'avais besoin, mais plus que tout mon goût pour le risque.
— Je suis pas responsable de tout ça moi.
— On supportait plus d'assister à ta cruauté en permanence. C'était juste plus comme au début. C'est vrai que c'est facile de dire ça, en réalité, avant même qu'on se parle, juste quand je te voyais au cimetière, je ressentais ton aura presque pesante. Après t'avoir connu, j'avais l'impression de t'avoir jugé trop vite.
— Oui oui abrège, après on est devenus best friend, on a élevé les cochons ensembles aussi eh tout ce que tu veux, mais rien à foutre de tout ça. Ça explique pas tout.
— Après j'ai pas dit que t'avais pas le droit de m'en vouloir, j'ai mes torts. J'aurais dû être plus honnête avec toi. Le 17 décembre était la goutte de trop. J'avais plus envie de rien avoir avec toi. J'ai tout arrêté après.
— Bon ta gueule, j'en ai marre, ça sert à rien de parler de tout ça. L'heure tourne et Sara n'a toujours pas fait son choix.
— De quoi, il parle, Sara ?
Depuis tout à l'heure, je sens qu'elle ne va pas bien du tout. Elle a de plus en plus de mal à supporter tout ce qu'il se passe. On ne peut jamais calculer le prochain coup avec elle.
Elle peut péter les plombs à n'importe quel moment ou bien faire une crise de panique. Elle peut décider de sauter par la fenêtre, quitte à finir à l'hôpital.
Euh ça c'est plutôt moi en fait...
Mais c'est quoi cette histoire de choix ?
Elle est trop perdue dans ses pensées pour me répondre. Ça part tellement dans tous les sens que tout le monde perd de vue les priorités de chacun.
Sara et moi on doit trouver un moyen de s'échapper. Mais ils sont armés et je vois qu'il ne reste seulement dix minutes avant que la bombe n'explose.
— Soit elle décide de venir avec moi. Soit on meurt tous ensemble, enfin sauf Camélia et l'entreprise part aussi en fumée bien sûr.
— Partir avec toi pour aller où même ? réponds-je sur le qui-vive.
— HAHAHA. En lune de miel.
Mais faut vraiment l'interner, la prison ne lui a servi à rien.
Je lance un regard à Sara, toujours perdue dans ses pensées. Elle doit être en train de chercher des options, mais on est dans un cul-de-sac. On peut qu'espérer que la police ou un quelconque individu qui fait le poids viennent à notre secours.
— Ouais ; Franck ? ; Hein t'as dit quoi ? ; Put*** ils ont décidé de rentrer ? ; Ils savent on est combien ? ; Mais pourquoi les otages ont gardé leurs téléphones déjà c'est pas pro ça.
Il soupire avant de reprendre.
— De toute façon, dans dix minutes tout sera fini, tu peux tenter de les retenir pendant ce temps-là ? Personne ne doit venir en haut.
Combien de personnes il a mobilisées pour faire ça ?
— Pourquoi t'es aussi obsédé par elle ?
— C'est une vraie question ?
— Oublie, je comprends sauf que toi tu dépasses les limites.
— Arrête de l'ouvrir. Tu vas mourir donc pense à toi, prie ou j'en sais rien.
Temps avant l'explosion : 10 minutes
— Sara t'a trente secondes pour répondre, si tu dis oui je dois désactiver la bombe. Donc dépêche-toi.
Au pire... elle ne peut pas juste dire oui et se rétracter après qu'il la désactive ?
Tout s'est passé beaucoup trop vite, quelqu'un a cassé une fenêtre en balançant un fumigène et on ne voyait plus rien. Sara et moi avons eu le réflexe de nous déplacer dans la pièce et de nous accroupir.
Qui est-ce ?
— SARAAAAAAAAAA TU M'ENTENDS ?
Je pense que toute la ville l'a entendu, sérieusement.
— FAIS CE QUE T'AS À FAIRE POUR QUE JE PUISSE RENTRER. JE SAIS PAS CE QU'IL T'A DIT OU FAIT, MAIS... ACTIVE TON INSTINCT DE SURVIE.
Je distingue un corps de femme à quatre cinq mètres de moi, mais je suis hésitant et si c'est Camélia ?
C'est dangereux, elle tire trop facilement.
Reste à prier pour que ce soit Sara.
Ok c'est elle. Purée.
Je dois chuchoter le plus possible.
— Sara c'est moi, je sais que t'es pas dans un état très stable, mais tu dois écouter la voix qui te parle ok. Je vais te couvrir, d'accord ?
— Tu dois t'en sortir à tout prix, t'as pas oublié toutes les personnes qui ont besoin de toi sur Terre ?
Elle est comme déconnectée, mais je continue à lui parler, je sais qu'elle m'entend.
— Lève-toi, on a des gens à démarrer beauté.
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Step by Step
Ficción GeneralDans cet univers où le temps est au contrôle... Deux âmes sont bloqués dans le passé. Sara a besoin de soulager son esprit vindicatif... Tandis que Shun se bat pour remonter à la surface. Quand le temps décidera en fin de les ramener au présent, co...