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Sara





Cinq ans plus tôt





Je sors de chez la psychiatre.

Elle a arrêté de me prescrire des médicaments, pas qu'elle le voulait puisqu'elle a l'air d'aimer gaver ses patients, c'est plutôt l'autre psy qui lui a dit d'arrêter de le faire.

Je pense qu'il sait déjà que je ne les prends pas.

Aymar apparaît en face de moi, j'ai l'impression qu'il est partout où je vais.

Il m'adresse un sourire tendre, ce qui est en contradiction avec sa personnalité, enfin ça dépend.

J'aime tout chez lui en tout cas, mais je ne sais toujours pas pourquoi il est là, en tant que patient.

Ça me stresse un peu des fois.

Je n'ose pas aborder la seule chose qu'il m'a demandé de ne pas faire, car en échange de ça, j'ai l'impression d'être une reine ici, d'être au contrôle de cette société miniature et ça, même si je ne suis là que depuis quelques mois.

Je lui dois entièrement ça, raison pour laquelle, je n'ai demandé à personne la raison de sa présence ici.

Par respect.

Il sait que je suis là pour dépression, que la ligne entre l'anorexie et moi est très proche et que j'ai quelques troubles bipolaires, mais je ne lui ai jamais dit la cause de tout ça.

Au début, il ne me demandait rien, c'était culotté de le faire quand même.

Mais là, ça fait une semaine qu'il essaye de savoir ce qu'il s'est vraiment passé pour que j'en arrive à être interné.

Il sait que les troubles bipolaires sont présents depuis longtemps, mais il se demande encore d'où viennent la dépression et les troubles alimentaires.

Aymar est un mystère pour moi et je ne peux pas m'empêcher de garder ce secret pour moi, je ne veux pas lui donner une chose qui me mettrait complètement à nue devant lui.

Je l'aime, mais j'hésite encore à lui accorder une confiance aveugle.

Parfois, il a des excès d'affection et parfois je me demande s'il m'aime autant que je l'aime.

Impossible.

— Elle a enfin arrêté les prescriptions ?

— Oui, en fin !

— Tant mieux. Ses médicaments sont beaucoup trop fort et la dose par jour est trop élevée. T'aurais risqué l'overdose si tu les avais tous pris. C'est déjà arrivé en plus.

— Mais comment tu sais ça ? dis-je en fronçant les sourcils.

— Je l'ai entendu rétorque-t-il en haussant les épaules.

Parfois, il me fait peur comme maintenant.

J'ai cru que j'avais dépassé les limites et je m'apprêtais à retirer ma question, mais il y a répondu contre toute attente.

Comme si je lui avais demandé comment il allait.

Me répondre que ça ne me regardait m'aurait moins fait peur que son indifférence à ma question.

Ça pourrait paraître bizarre, je l'aime énormément et il n'a jamais été violent ou agressif à mon égard, ni dans ses mots ni dans ses gestes.

Mais je sais qu'il est dangereux de dépasser les limites qu'il impose.

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