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Sara





Cinq ans plutôt





Je commence à tellement aimer cet endroit que je ne veux plus partir, je crois que m'amener ici était une mauvaise idée maman.

Maintenant que j'ai enfin le contrôle sur tout, je me sens puissante.

Ici, plus qu'en dehors du moins.

Je crois que devoir ré affronter l'extérieur commence à me faire... peur ?

Ali m'attend dehors, il a besoin de moi pour l'aider à avancer, car c'est en réalité lui qui a le plus besoin d'aide.

Une aide que je ne peux pas lui apporter d'ici, mais même si Ali est mon tout, Aymar n'est plus très loin derrière lui désormais.

Sa présence n'était pas prévue, son beau sourire n'était pas censé me faire craquer, mes poils ne devraient pas se hérisser à chaque qu'il me propose une idée folle.

Je n'avais pas prévu ces émotions, cette sensation.

On continue à se voir tous les soirs, mais on ne se cache plus et, même si ça m'étonne que personne ne fasse de commentaire sur notre relation évidente, je trouve ça pas plus mal.

Mia est toujours fidèle au poste.

Quand je ne suis pas avec Aymar c'est avec elle que je suis, c'est la personne la plus fiable ici, je lui fais plus confiance qu'à n'importe qui.

Certes, Aymar a mon cœur, mais je ne lui accorde pas une confiance aveugle, ce serait bête surtout que je ne sais presque rien de lui.

Aujourd'hui, y'a un nouveau dans le groupe de parole, il veut prendre la parole, ce qui m'étonne puisqu'ici les nouveaux mettent un certain temps en général, avant de prononcer ne serait-ce qu'un mot.


— Je m'appelle Marco, vous vous en doutez bien, mais je suis le petit nouveau. J'espère que vous serez clément avec moi parce que j'ai beaucoup de choses à dire. En réalité, j'ai jamais eu dans ma vie, un confident ou quelqu'un avec qui je pouvais partager mes joies et peines. J'étais pas solitaire loin de là, j'étais même sociable, mais je l'ai été avec les mauvaises personnes. Ils ont profité de moi, m'ont harcelé et humilié plusieurs fois. Malgré cela, je suis passé outre puisque ça ne sert à rien de s'apitoyer sur son sort, il y a les harceleurs et les harcelés c'est simple. En grandissant, j'ai eu mon diplôme et j'ai été recruté dans une entreprise. C'est là que mon enfer a débuté.

Il respire un bon coup avant de reprendre.

Je sens qu'il va encore enchaîner d'un coup.

-J'étais le petit nouveau tout comme ici et même si j'avais les qualifications requises pour être haut placé, en levant la tête, j'ai vu que c'était sous forme de hiérarchie. Peu importe, le niveau d'étude des employés, les nouveaux sont pires que des boucs émissaires et depuis que je suis là-bas, j'arrive plus, juste j'en peux plus. C'est pas un burn-out comme plusieurs peuvent le penser. D'ailleurs vous devez sûrement vous demander pourquoi je n'ai pas démissionné, et bien, car je n'avais pas le choix de rester, question d'argent. J'essayais de garder ça à l'esprit, même si j'étais sous-payé. Petit à petit, j'arrivais de moins en moins à parler aux gens qu'il fasse partie de ma famille ou non, au travail j'écoutais ce qu'on me disait, mais je ne répondais même plus, je ne mangeais plus au déjeuner. J'ai commencé à être terrorisé à l'idée d'aller au travail et quand je me suis fait reprendre par quelqu'un, mon cœur battait extrêmement vite. Je rentrais, j'avais des migraines atroces. J'arrivais plus à communiquer ce qui est indispensable alors, j'ai démissionné, car de toute façon, il aurait fini par me virer. Quand je sortais, c'était pour faire de grandes courses et je restais chez moi je n'ouvrais même plus les fenêtres, car l'air m'étouffait, c'est censé être l'inverse, mais non. J'ai oublié de vous parler de ma femme Marie, elle travaille énormément donc elle a mis du temps à remarquer mon changement. Elle savait que j'aimais pas mon travail, mais pas à ce point-là. Elle savait pas que j'avais démissionné puisqu'elle partait avant moi et pensait que je finissais avant elle. Elle a vu un changement chez moi et elle a commencé à me poser beaucoup de questions. J'ai fini par tout lui dire et j'ai fini ici. J'ai développé une phobie sociale et des phases dépressives, elle pensait que j'avais des idées suicidaires donc elle a fait tout le processus pour m'interner et me voici. J'arrive à vous parler parce que vous avez sûrement des histoires pires que la mienne, ou peut-être parce que vous êtes victimes du destin vous aussi. Mais en dehors d'ici, je sais qu'il me sera même difficile de remercier la boulangère après avoir pris une baguette.

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