Prologue

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Le port est comme toujours calme, en cette nuit froide d'hiver. Seuls les réverbères éclairent la petite ruelle silencieuse, où le doux son des vagues frappe contre les rochers et résonne jusqu'à mes oreilles gelées.

Je passe par-dessus la petite porte fermée à clé, qui tente de dissuader les passants curieux de s'aventurer sur le ponton. Mais cela fait un moment maintenant qu'elle ne me bloque plus. Je m'assoie sur le bord du sol boisé, et scrute l'horizon à peine perceptible.

Venir ici m'a toujours apaisée, aidée à prendre du recul et revenir dans le brouhaha de la vie avec le sourire. C'était mon repère, où je n'y ai jamais emmené personne. Mais aujourd'hui, même mon lieu d'échappatoire ne parvient pas à me guérir. J'ai mal, trop mal. J'ai froid, mon corps tremble. Je ne discerne plus rien, tandis que mes yeux rougis par les larmes ne s'attardent que sur le fond du fleuve qui m'appelle. L'eau y est profonde, on ne parvient pas, même en journée, à en distinguer la naissance des algues qui frollent la surface. Pourtant, je regarde avec insistance les mouvements de l'eau sous mes pieds, en essayant d'y percevoir quelque chose, un miracle qui n'arrivera jamais.

Je mets ma main contre ma poitrine en inspirant longuement. Je l'entends, il est encore là, mais c'est un supplice de le sentir. Ce qu'il peut être douloureux. Je veux effacer cette douleur, je ne veux plus rien éprouver. Tout ce que je souhaite, c'est rejoindre l'océan et retrouver tout ce que cette vie m'a prise.

Je ne peux plus, c'est trop douloureux.

A bout, je décide donc, doucement, dans un râle presque libérateur, de m'en débarrasser, de me l'extirper de la poitrine.

Je regarde mes mains qui ont pris une teinte rouge, par ce corps brillant et chaud. Je ne me l'étais pas imaginée ainsi, j'en suis presque surprise, mais le peu de réflexion que j'avais se dissipe rapidement.

Mon âme est libérée, et mon esprit jusque-là noir ne discerne plus rien. Je me relâche, les yeux perdus dans l'horizon. Je sens mon corps qui commence déjà à m'abandonner.

C'est en ce jour que je regarde plonger dans ce doux fleuve, sans hésitation, sans émotion, ce qui faisait de moi un être vivant. C'est en ce jour, que j'ai décidé que ma vie ne valait plus la peine d'être vécue, et que personne ne pourrait me sauver.

Wanheda (Clexa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant